MONCEAU, s. m. (Synonyme, Grammaire) ils sont également un assemblage de plusieurs choses placées les unes sur les autres, avec cette différence que le tas peut être rangé avec symétrie, et que le monceau n'a d'autre arrangement que celui que le hazard lui donne.

Il parait que le mot de tas marque toujours un amas fait exprès, afin que les choses n'étant point écartées, occupent moins de place, et que celui de monceau ne désigne quelquefois qu'une portion détachée par accident d'une masse ou d'un amas.

On dit un tas de pierres, lorsqu'elles font des matériaux préparés pour faire un bâtiment : et l'on dit un monceau de pierres, lorsqu'elles sont les restes d'un édifice renversé.

Tas se dit également au figuré en prose et en vers : l'orateur ne doit point étouffer ses pensées sous un tas de paroles superflues.

Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes.

Corneille.

Quoiqu'un tas de grimauds vantent notre éloquence,

Le plaisir est pour nous de garder le silence.

Despreaux.

(D.J.)

TAS, (Architecture) c'est le bâtiment même qu'on éleve. On dit retailler une pierre sur le tas, avant que de l'assurer à demeure. (D.J.)

TAS DE CHARGE, (Architecture Coup. de pierres) c'est une saillie de pierres dont les lits avancent les uns sur les autres, font l'effet d'une voute ; de sorte qu'il faut des pierres longues pour balancer la partie qui est sans appui. Mais ce genre d'ouvrage n'est bon qu'en petit, ou seulement pour les premières pierres de la naissance d'une voute. On voit de tels ouvrages au château de Vincennes près Paris, pour porter les crenaux.

TAS, (Arts mécaniques) espèce d'enclume sans talon ni bigorne, et par conséquent carrée. Il y en a de différentes grosseurs. Les tas des Orfèvres sont plus forts que ceux des autres ouvriers. Un gros tas se forge, comme l'enclume, et s'acière de même. Pour faire un tas à queue, on soude plusieurs barres de fer ensemble de la longueur et grosseur qu'on se propose de donner au tas. On commence par corroyer deux barres, puis davantage, pour parvenir à ce qu'on appelle enlever le tas ; cela fait, on tourne une virole de fer plat autour du bout des barres corroyées, pour former la tête du tas et lui donner plus de largeur qu'au reste du corps de la pièce, et empêcher en même temps que les barres soudées ensemble ne s'écartent par quelque défaut de soudure, ce qui n'arrive que trop souvent, ou par la mauvaise qualité du fer, ou par la négligence du forgeron qui laisse des crasses entre les fers ; on prépare ensuite la table du tas, comme celle de l'enclume, on prend une barre d'acier carré que l'on dresse en petites billes de la longueur d'un pouce et demi ; on les range debout toutes les unes à côté des autres, selon l'étendue de la table ; on les entoure d'une bande de fer plat que l'on nomme à maréchal ; cette bande tient les billes pressées ; on les soude, on les corroie ; la barre de fer qui les ceint, s'appelle étrier ; on laisse à l'étrier une queue qu'on nomme résigard : cette queue sert à manier la pièce au feu et sur l'enclume ; après qu'on a soudé et corroyé les billes, on coupe avec la tronche l'étrier tout-au-tour, excepté à l'endroit où le résigard tient à la table, parce que c'est par le moyen de cette queue que l'on portera la table sur le tas ; on soude la table au tas ; cela fait, on sépare la queue. Il y a une autre manière de faire la table d'un tas ; on prend une longue barre d'acier que l'on tourne plusieurs fois sur elle-même, jusqu'à ce que ses circonvolutions aient pris l'étendue que l'on veut donner à la table ; on y soude ensuite une barre de fer plat pour empêcher l'acier de bruler, lorsqu'on soudera la table au tas. On en fait autant aux têtes des marteaux.

Il y a des tas de différents noms, des tas à carreler, à embouter.

Ils servent à un grand nombre d'ouvriers différents. Voyez les articles suivants.

TAS, en terme de Boutonnier, c'est une espèce de petite enclume à queue qui entre dans un billot, dont la partie grosse et ronde est gravée au milieu du bord d'un trou d'une certaine grandeur, lequel l'est lui-même d'un dessein en creux, dans son fond, pour imprimer ce dessein sur la calotte. On a plusieurs tas de différents desseins et grandeurs, selon l'exigence des cas. Voyez CALOTTE.

TAS, (Coutelier) instrument dont se servent les Couteliers pour retenir les mitres des couteaux de table, c'est-à-dire, y former ce rebord qui est entre la lame du couteau et la soie ou qui sert à l'emmancher. Savary.

TAS A PLANER, (outil de Ferblantier) c'est un morceau de fer carré dont la face de dessus est fort unie et polie, et la face de dessous est faite en queue, pour être posée et assujettie sur un billot. Les Ferblantiers s'en servent pour planer et emboutir les pièces de ferblanc qu'ils emploient. Voyez les Planches du Ferblantier.

TAS A SOYER, outil de Ferblantier, ce tas est fait à-peu-près comme une bigorne dont les deux pans sont carrés, et forment une espèce de demi-cercle en-dedans ; la face de dessus ce tas est garnie de plusieurs fentes faites dans le large de cette face, les unes un peu plus larges et profondes que les autres. Les Ferblantiers s'en servent pour faire le rebord ou ourlet des entonnoirs et autres ouvrages. Voyez les Planches du Ferblantier.

TAS, les Graveurs se servent de ce terme pour exprimer une espèce de petite enclume qui leur sert à repousser le cuivre par-derrière la gravure, lorsqu'il se trouve quelque défaut sur les planches. Voyez les Planches de la Gravure. La pointe que l'on voit au bas, est pour entrer dans le billot sur lequel le tas est posé.

TAS, (Horlogerie) petite enclume qu'on met dans un étau par sa partie inférieure. Voyez les Pl. et les fig. de l'Horlogerie.

Il y en a de plusieurs espèces. La structure de la pièce que l'on veut forger ou redresser par leur moyen, indique celui dont on doit se servir.

Les Horlogers, Orfèvres et Metteurs-en-œuvre sont ceux qui font le plus d'usage de cet outil.

TAS, en terme d'Orfèvre, est une petite enclume à huit pans en carré comme la grande ; elle n'en diffère que par sa grandeur, et une queue qui entre dans le billot. Elle sert pour les petits ouvrages et pour planer. Voyez PLANER ; pour lors il faut qu'elle soit bien polie, de même que les marteaux. Voyez les Planches.

PETIT TAS, en terme d'Orfèvre, c'est un morceau de fer plat de figure ovale et portatif, dont on se sert au-lieu d'enclume pour les ouvrages qui peuvent se frapper sur l'établi. Voyez ETABLI. Voyez les Planches.

TAS CANNELE, (Orfèvre) c'est un tas de fer dans lequel on a gravé ou limé des moulures, et qu'on forme sur l'argent en frappant à coup de marteau. Il y a beaucoup de vaisselle ronde ancienne dont les moulures étaient frappées sur le tas ; mais depuis que l'on a perfectionné la vaisselle, ces sortes de tas ne sont plus guère d'usage.

TAS DROIT, terme de Paveur ; c'est une rangée de pavés sur le haut d'une chaussée, d'après laquelle s'étendent les ailes en pente, à droite et à gauche, jusqu'au ruisseau d'une large rue, ou jusque aux bordures de pierre rustique d'un grand chemin pavé. (D.J.)

TAS, en terme de Planeur, est une espèce de petite enclume fort unie sur laquelle on plane les vaisselles plates. On le couvre de cuir, de bois, etc. quand il est question de polir l'ouvrage au marteau. Voyez les Planches.

TAS ou TASSEAU, (Taillanderie) cet outil, de la nature des précédents, sert au taillandier à former le collet aux ciseaux, becs-d'âne, et autres outils semblables. Ses différentes parties sont la tête où l'on a pratiqué le quart où se place la soie des ciseaux ; le corps où il a une ouverture qui sert à faire sortir la soie du ciseau lorsqu'elle adhere ; la soie du tas même par laquelle elle se fixe dans le belier qui sert de base au tas.

TAS, (Tireur d'or) c'est une espèce d'enclume, dont l'acoutreur se sert pour battre ses filières en rebouchant les trous trop grands.

TAS, (Jeu de trictrac) en terme de trictrac on appelle le tas, l'amas des dames qu'on fait aux coins du trictrac avant que de commencer le jeu. C'est la même chose que la masse et la pile. Quand après avoir jeté son dé on porte sa main au tas, sans dire j'adoube, on est obligé de jouer du-moins une des dames du tas, suivant la loi, dame touchée dame jouée. Régles du trictrac. (D.J.)