S. m. (Langue française) le terme de valet a été autrefois un titre honorable. Les fils des empereurs étaient appelés varlets ou valets ; Villehardouin s'en sert en plusieurs endroits de son histoire de Constantinople. Fauchet et Pasquier nous apprennent, que les écuyers tranchants étaient appelés varlets. Duchesne dans l'histoire de la maison de Richelieu, rapporte un titre de l'an 1201. dans lequel Guillaume Duplessis se qualifie de valet, qui signifie, dit l'historien, écuyer ou damoisel ; et il ajoute cette particularité, que les nobles qui s'intitulaient valets, donnaient à connaître par-là, qu'étant issus de chevaliers, ils prétendaient à l'ordre de chevalerie obtenu par leurs pères. Il cite ensuite plusieurs titres anciens, où un particulier qualifié valet, se dit fils d'un chevalier. Gasse, ancien poète, parlant du jeune Richard, duc de Normandie, dit :

Ni ere mie chevalier, encor ere valeton,

N'avoir encor envis ne barbe, ne guernon, &c.

Le valet au jeu de cartes, signifie le fils du roi et de la reine. Voyez M. du Cange sur Villehardouin, pag. 162. (D.J.)

VALET, LAQUAIS, (Synonyme) le mot de valet a un sens général, qu'on applique à tous ceux qui servent. Celui de laquais a un sens particulier, qui ne convient qu'à une sorte de domestiques. Le premier désigne proprement une personne de service ; et le second un homme de suite. L'un emporte une idée d'utilité, l'autre une idée d'ostentation. Voilà pourquoi il est plus honorable d'avoir un laquais que d'avoir un valet, et qu'on dit que le laquais ne déroge point à sa noblesse, au lieu que le valet-de-chambre y déroge, quoique la qualité et l'office de celui-ci soient au-dessus de l'autre.

Les princes et les gens de basse condition n'ont point de laquais ; mais les premiers ont des valets de pied, qui en font la fonction et qui en portaient même autrefois le nom ; et les seconds ont des valets de labeur.

Le mot laquais est moderne, et veut dire un homme servant à pied ; le mot valet est ancien, et se donna d'abord à des officiers honorables, comme valets tranchans, valets échansons : les écuyers portaient ce nom. Voyez-en l'article. (D.J.)

VALETS D'ARTILLERIE, (Art militaire) ce sont des garçons qui servent les canonniers, chargent le canon, y mettent le feu, le nettoient, et apportent aux canonniers tout ce qui leur est nécessaire.

VALET, s. m. terme de Marine, peloton fait de fil de carret sur le calibre des canons, pour bourrer la poudre quand on les charge. (D.J.)

VALET, terme de Maréchal, voyez POINÇON. Valet d'écurie, est celui qui a soin de panser, de nourrir et d'accommoder les chevaux.

VALETS DE CHIENS, terme de Vénerie, ce sont ceux qui ont soin des chiens.

Valets de limiers, ce sont ceux qui vont au bois pour détourner les bêtes avec leurs limiers, et qui doivent en avoir soin et les dresser.

Valets de levriers, ce sont ceux qui ont le soin des levriers, qui les tiennent et les lâchent à la course.

VALET ou VARLET, s. m. (Outil d'ouvriers) il y a plusieurs ouvriers qui se servent d'outils et d'instruments qui ont ce nom, quoiqu'ils ne se ressemblent point. Ils sont tous néanmoins appelés de cette sorte, parce qu'ils tiennent lieu de valets ou serviteurs, pour tenir les ouvrages fermes, et dans la situation qui convient pour y travailler. (D.J.)

VALET, s. m. terme d'Artificier ; c'est un cylindre de bois solide, chargé de poudre et percé en plusieurs endroits, où l'on met des pétards. (D.J.)

VALET, terme de Corroyeur ; c'est ainsi qu'on appelle un instrument de fer avec lequel on attache le cuir sur la table, quand on veut l'étirer ou lui donner quelqu'autre façon. Voyez CORROYER, et la fig. Planche du Corroyeur.

VALET, en terme de Doreur, est un morceau de fer courbé à un bout presqu'en manière d'S, dont on se sert pour contenir l'ouvrage sur l'établi. Voyez ÉTABLI ; voyez la figure et ces outils en particulier, Pl. du Menuisier.

VALET ou SAUTOIR, terme d'Horlogerie ; c'est une petite pièce d'acier, qui dans la quadrature d'une montre ou pendule à répétition, contient l'étoîle et par conséquent le limaçon des heures dans une situation fixe. Cette pièce est mobîle sur une tige qui entre dans un canon, situé vers son extrémité E. Elle porte deux talus formant entr'eux un angle que le petit ressort pousse toujours entre les rayons de l'étoile. Voyez E t a, fig. et Pl. de l'Horlogerie.

Effet du valet. Lorsque par l'action du rouage le bouton S de la surprise qui fait son tour en une heure, rencontre un des rayons de l'étoile, il la fait tourner, et la pointe S bande le petit ressort k, au moyen du talus t. Cette pointe en tournant toujours, parvient enfin au-delà de l'angle formé par les deux talus ; pour lors le valet agissant avec toute la force qui lui est communiquée par le ressort, pousse la pointe par l'autre talus u, jusqu'à ce que les rayons 5 et 6 de l'étoile, se trouvent dans la situation où étaient avant les rayons 6 et 7 ; il en est de même des autres rayons de l'étoile. Voyez ETOILE, QUADRATURE, REPETITION, etc.

VALET, s. m. terme de Manège, bâton qui à l'un de ses bouts a une pointe de fer émoussée ; on s'en sert pour aider et pincer un cheval sauteur. (D.J.)

VALET, (Outil de Menuisier) c'est une forte pièce de fer, ronde, de plus d'un pouce de diamètre, et en tout à-peu-près de trois pieds de longueur. Cette pièce est pliée par un bout en forme d'équerre, non pas à angles droits, mais un peu aigus. (D.J.)

VALET, les Miroitiers appellent ainsi ce morceau de bois qui est attaché derrière un miroir de toilette, et qui sert à le soutenir quand on le pose sur la table.

VALET, (Serrurerie) barre de fer qui sert à appuyer le battant d'une porte. Quand une porte a deux battants, il faut que l'un d'eux soit assuré par un valet, si l'on veut qu'elle ferme bien. (D.J.)

VALET, (Soierie) espèce de liteau, garni d'une cheville pour arrêter le battant en arrière quand on broche, et faciliter le passage des espolins. Il y a encore le valet de l'arbalete du battant ; c'est un morceau de bois servant à tordre la corde qui forme l'arbalete ; et le valet de derrière qui sert à soutenir le poids, ou la bascule qui tient la chaîne tendue.

VALET A PATIN, (Instrument de Chirurgie) pincettes dont le bec allongé ressemble à celui d'une cane, qui servaient aux anciens pour faire la ligature des vaisseaux après l'amputation.

Cet instrument est composé principalement de deux branches ; l'une mâle et l'autre femelle. On peut diviser chaque branche en trois parties, qui sont le corps, l'extrémité antérieure et la postérieure.

Le corps de la branche mâle a en-dedans une avance plate, arrondie dans son contour, de quatre lignes de saillie, large d'un demi-pouce, et épaisse d'une ligne et demie. Cette éminence est percée dans son milieu, et on remarque à chaque côté de sa base, une échancrure sémi-lunaire ou ceintrée, creusée sur le ventre de la branche.

Le corps de la branche femelle porte intérieurement deux avances, dont les dimensions sont les mêmes que celles de la branche mâle ; elles sont percées dans leur milieu ; elles font sur les côtés et laissent entr'elles une cavité ou mortaise, qui reçoit l'avance de la branche mâle, pour composer une charnière. La jonction des deux pièces est fixée par un clou rivé sur les éminences de la branche femelle.

L'extrémité antérieure de l'instrument, est la continuation des branches ; elles se jettent légérement en-dehors de la longueur d'un pouce quatre lignes, puis formant un coude très-mousse, elles diminuent considérablement d'épaisseur pour former le bec, qui a près d'un pouce de long, et qui est garni intérieurement de petites rainures et éminences transversales, qui se reçoivent mutuellement. V. la fig. 4. Pl. XVII.

L'extrémité postérieure est la continuation des branches qui se jettent beaucoup en-dehors ; ces branches diminuent d'épaisseur et augmentent en largeur, depuis le corps jusqu'à l'extrémité, afin de présenter une surface plus étendue, et d'être empoignée avec plus d'aisance : l'extrémité est un peu recourbée en-dedans.

Enfin il y a un double ressort, formé par un morceau d'acier plié en deux, dont la base est arrêtée par une vis sur la branche femelle, tout auprès de la charnière, et dont l'usage est d'écarter avec force les branches postérieures de l'instrument, pour que le bec pince sans risque de manquer prise.

On recommandait de saisir avec le valet à patin, l'extrémité du vaisseau qu'on voulait lier ; de laisser ensuite pendre l'instrument, et de faire la ligature avec le fil et l'aiguille, comme nous l'avons dit à l'article AMPUTATION. Voyez aussi LIGATURE.

On ne se sert plus de cet instrument, du moins pour le cas en question. J'en ai donné la description, parce que je crois que cette espèce de pince n'est point inutîle en Chirurgie. L'avantage qu'elle a sur toutes nos pincettes, c'est qu'au moyen de son ressort, on est dispensé du soin de serrer, et que l'on peut être assuré que ce qui a été bien saisi avec le valet à patin, n'échappera pas. (Y)