adj. (Langue française) M. de Saint Evremond a fait une dissertation pour prouver que cette épithète designe toujours un défaut : voici comment il se trouva engagé à écrire sur ce sujet en 1667. Quelqu'un ayant dit en louant le cardinal de Richelieu, qu'il avait l'esprit vaste, sans y ajouter d'autre épithète, M. de Saint-Evremond soutint que cette expression n'était pas juste ; qu'esprit vaste se prenait en bonne ou en mauvaise part, selon les choses qui s'y trouvaient jointes ; qu'un esprit vaste, merveilleux, pénétrant, marquait une capacité admirable, et qu'au contraire un esprit vaste et demesuré était un esprit qui se perdait en des pensées vagues, en de vaines idées, en des desseins trop grands, et peu proportionnés aux moyens qui nous peuvent faire réussir. Madame de Mazarin, la belle Hortense prit parti contre M. de Saint-Evremond, et après avoir longtemps disputé, ils convinrent de s'en rapporter à MM. de l'académie.

M. l'abbé de Saint-Réal se chargea de faire la consultation, et l'académie polie décida en faveur de Madame de Mazarin. M. de Saint-Evremond s'était déjà condamné lui-même avant que cette décision arrivât ; mais quand il l'eut vue, il déclara que son désaveu n'était point sincère : que c'était un pur effet de docilité, et un assujettissement volontaire de ses sentiments à ceux de Madame de Mazarin ; mais que vis-à-vis de l'académie, il ne lui devait de la soumission que pour la vérité. Là-dessus il reprit non seulement l'opinion qu'il avait d'abord défendue ; mais il nia absolument que vaste seul put jamais être une louange vraie ; il soutint que le grand était une perfection dans les esprits, le vaste un vice ; que l'étendue juste et réglée faisait le grand, et que la grandeur démesurée faisait le vaste, qu'enfin la signification la plus ordinaire du vastus des latins, c'est trop spacieux, trop étendu, démesuré, et je crois pour moi qu'il avait à-peu-près raison en tous points. Je vois du-moins que vastus homo dans Ciceron, est un colosse, un homme d'une taille trop grande, et dans Salluste vastus animus, est un esprit immodéré, qui porte trop loin ses vues et ses espérances. (D.J.)

VASTE, en Anatomie, est un nom commun à deux muscles de la jambe, dont l'un est interne, et l'autre externe. Ils sont appelés vastes à cause de leur grosseur, et ils servent tous deux à étendre la jambe.

VASTE externe, est un muscle qui vient de la racine du grand trochanter, et de la ligne osseuse, étant tendineux en-dehors, et charnu en-dedans ; ensuite descendant obliquement, il devient au contraire tendineux en-dedans, et charnu en-dehors, jusqu'à ce que rencontrant le tendon du muscle droit, il devient entièrement tendineux, et se termine conjointement avec lui. Voyez les Planches d'Anatomie

VASTE interne est un muscle qui vient de même par un principe moitié tendineux et moitié charnu de la ligne osseuse, immédiatement au-dessous du petit trochanter. Il se porte ensuite à la partie antérieure du femur, et se continue presque jusqu'au condîle interne ; de-là il descend obliquement, et devenant tendineux, se termine avec le vaste externe. Voyez les Pl. anat.