S. f. (Grammaire) bâtiment composé de logements, chambres, écuries, cours et autres lieux nécessaires pour loger et nourrir les voyageurs, ou les personnes qui font quelque séjour dans une ville.

HOTELLERIE de Turquie, (Histoire moderne) édifice public où l'on reçoit les voyageurs et les passants, pour les loger gratuitement. Il y en a quantité de fondations sur les grands chemins et dans les villes d'Asie.

Les hôtelleries qu'on trouve sur les grands chemins, dit M. Tournefort, sont de vastes édifices longs ou carrés, qui ont l'apparence d'une grange. On ne voit en dedans qu'une banquette attachée aux murailles, et relevée d'environ trois pieds, sur six de large ; le reste de la place est destiné pour les mulets et pour les chameaux ; la banquette sert de lit, de table et de cuisine aux hommes. On y trouve de petites cheminées à sept ou huit pieds les unes des autres, ou chacun fait bouillir sa marmite. Quand la soupe est prête, on met la nappe, et l'on se place autour de la banquette les pieds croisés comme les tailleurs. Le lit est bien-tôt dressé après le souper, il n'y a qu'à étendre son tapis à côté de la cheminée, et ranger ses hardes tout-autour ; la selle du cheval tient lieu d'oreiller, et le capot supplée aux draps et à la couverture.

On trouve à acheter à la porte de ces hôtelleries, du pain, de la volaille, des œufs, des fruits, et quelquefois du vin, le tout à fort bon compte. On Ve se pourvoir au village prochain, si l'on manque de quelque chose. On ne paye rien pour le gîte : ces retraites publiques ont conservé en quelque manière le droit d'hospitalité, si recommandable chez les anciens. Voyez HOSPITALITE.

Les hôtelleries des villes sont plus propres et mieux bâties ; elles ressemblent à des monastères, car il y en a beaucoup avec de petites mosquées ; la fontaine est ordinairement au milieu de la cour, les cabinets pour les nécessités sont aux environs ; les chambres sont disposées le long d'une grande galerie, ou dans des dortoirs bien éclairés.

Dans les hôtelleries de fondation, on ne donne pour tout payement qu'une petite étrenne au concierge, et l'on vit à très-vil prix dans les autres. Si l'on veut y être à son aise, il suffit d'y avoir une chambre servant de cuisine ; l'on vend à la porte de l'hôtellerie viande, poisson, pain, fruits, beurre, huile, pipes, tabac, caffé, chandelle, jusqu'à du bois. Il faut s'adresser à des Juifs ou à des Chrétiens pour du vin, et pour peu de choses ils vous en fournissent en cachette.

Il y a de ces hôtelleries si bien rentées, que l'on vous donne aux dépens du fondateur, la paille, l'orge, le pain et le ris. Voilà les fruits de la charité qui fait un point essentiel de la religion mahométane ; et cet esprit de charité est si généralement répandu parmi les Turcs, qu'on voit de bons Musulmants qui se logent dans des espèces de huttes sur les grands chemins, où ils ne s'occupent pendant les chaleurs qu'à faire reposer et rafraichir les passants qui sont fatigués. Nous louons ces sortes de sentiments d'humanité, mais nous ne les avons pas beaucoup dans le cœur ; nous sommes très-polis et très-durs. (D.J.)