adj. pris subst. terme de Grammaire. Pour bien entendre ce mot, il faut observer que les objets peuvent être qualifiés ou absolument sans aucun rapport à d'autres objets, ou relativement, c'est-à-dire par rapport à d'autres.

1°. Lorsque l'on qualifie un objet absolument, l'adjectif qualificatif est dit être au positif. Ce premier degré est appelé positif, parce qu'il est comme la première pierre qui est posée pour servir de fondement aux autres degrés de signification ; ces degrés sont appelés communément degrés de comparaison : César était vaillant, le soleil est brillant ; vaillant et brillant sont au positif.

En second lieu quand on qualifie un objet relativement à un autre, ou à d'autres, alors il y a entre ces objets ou un rapport d'égalité, ou un rapport de supériorité, ou enfin un rapport de prééminence.

S'il y a un rapport d'égalité, l'adjectif qualificatif est toujours regardé comme étant au positif ; alors l'égalité est marquée par des adverbes aeque ae, tam quam, it a ut, et en français par autant que, aussi que : César était aussi brave qu'Alexandre l'avait été ; si nous étions plus proches des étoiles, elles nous paraitraient aussi brillantes que le soleil ; aux solstices, les nuits sont aussi longues que les jours.

2°. Lorsqu'on observe un rapport de plus ou un rapport de moins dans la qualité de deux choses comparées, alors l'adjectif qui énonce ce rapport est dit être au comparatif ; c'est le second degré de signification, ou, comme on dit, de comparaison, Petrus est doctior Paulo, Pierre est plus savant que Paul ; le soleil est plus brillant que la lune ; où vous voyez qu'en latin le comparatif est distingué du positif par une terminaison particulière, et qu'en français il est distingué par l'addition du mot plus ou du mot moins.

Enfin le troisième degré est appelé superlatif. Ce mot est formé de deux mots latins super, au-dessus, et latus, porté, ainsi le superlatif marque la qualité portée au suprême degré de plus ou de moins.

Il y a deux sortes de superlatifs en français, 1°. le superlatif absolu que nous formons avec les mots très ou avec fort, extrêmement ; et quand il y a admiration, avec bien : il est bien raisonnable ; très vient du latin ter, trois fois très-grand, c'est-à-dire trois fois grand ; fort est un abrégé de fortement.

2°. Nous avons encore le superlatif relatif : il est le plus raisonnable de ses frères.

Nous n'avons en français de comparatifs en un seul mot que le meilleur, pire et moindre.

" Notre langue, dit le P. Bouhours, n'a point pris de superlatifs du latin, elle n'en a point d'autre que généralissime, qui est tout français, et que M. le cardinal de Richelieu fit de son autorité allant commander les armées de France en Italie, si nous en croyons M. de Balzac ". Doutes sur la langue française, p. 60.

Nous avons emprunté des Italiens cinq ou six termes de dignité, dont nous nous servons en certaines formules, et auxquels nous nous contentons de donner une terminaison française, qui n'empêche pas de reconnaître leur origine latine ; tels sont, révérendissime, illustrissime, excellentissime, éminentissime.

Il y a bien de l'apparence que si le comparatif et le superlatif des Latins n'avaient pas été distingués du positif par des terminaisons particulières, comme le rapport d'égalité ne l'est point ; il y a, dis-je, bien de l'apparence que les termes de comparatif et de superlatif nous seraient inconnus.

Les Grammairiens ont observé qu'en latin le comparatif et le superlatif se forment du cas en i, du positif en ajoutant or pour le masculin et pour le féminin, et us pour le genre neutre. On ajoute ssimus au cas en i pour former le superlatif : ainsi on dit sanctus, sancti ; sanctior, sanctius, sanctissimus ; fortis, fortis, forti ; fortior, fortius, fortissimus.

Les adjectifs dont le positif est terminé en er, forment aussi leur comparatif du cas en i, pulcher, pulchri, pulchrior, pulchrius ; mais le superlatif se forme en ajoutant rimus au nominatif masculin du positif, pulcher, pulcherrimus.

Les adjectifs en lis suivent la règle générale pour le comparatif, facilis, facilior, facilius ; humilis, humilior ; similis, similior : mais au superlatif on dit, facillimus, humillimus, simillimus ; d'autres suivent la règle générale, utilis, utilior, utilissimus.

Plusieurs noms adjectifs n'ont ni comparatif, ni superlatif ; tels sont, Romanus, patrius, duplex, legitimus, claudus, unicus, dispar, egenus, etc. Quand on veut exprimer un degré de comparaison, et que le positif n'a ni comparatif ni superlatif, on se sert de magis pour marquer le comparatif, et de valdè ou de maximè pour le superlatif : ainsi l'on dit, magis pius, ou maximè pius.

On peut aussi se servir des adverbes magis et maximè, avec les adjectifs qui ont un comparatif et un superlatif : on dit fort bien, magis doctus, et valdè, ou maximè doctus.

Les noms adjectifs qui ont au positif une voyelle devant us, comme arduus, pius, n'ont point ordinairement de comparatif, ni de superlatif. On évite ainsi le bâillement que ferait la rencontre de plusieurs voyelles de suite, si on disait arduior, piior : on dit plutôt magis arduus, magis pius ; cependant on dit piissimus, qui n'est pas si rare que piior. Ce mot piissimus était nouveau du temps de Cicéron. Marc-Antoine l'ayant hasardé, Cicéron le lui reprocha en plein sénat (Philipp. XIII. c. xjx. n. 42.) : Piissimos quaeris ; et quod verbum omninò nullum in linguâ latinâ est, id propter tuam divinam pietatem novum inducis. On trouve ce mot dans les anciennes inscriptions, et dans les meilleurs auteurs postérieurs à Cicéron. Ainsi ce mot qui commençait à s'introduire dans le temps de Cicéron, fut ensuite autorisé par l'usage.

Il ne sera pas inutîle d'observer les quatre adjectifs suivants, bonus, malus, magnus, parvus ; ils n'ont ni comparatif ni superlatif qui dérivent d'eux-mêmes : on y supplée par d'autres mots qui ont chacun une origine particulière.

Vossius croit que melior vient de magis velim, ou malim ; Martinius et Faber le font venir de , qui veut dire curae est, gratum est, , cura. Quand une chose est meilleure qu'une autre, on en a plus de soin, elle nous est plus chère ; mea cura, se disait en latin de ce qu'on aimait. Perrotus dit que melior est une contraction de mellitior, plus doux que le miel, comme on a dit Neronior, plus cruel que Néron. Plaute a dit Paenior, plus Carthaginois, c'est-à-dire plus fourbe qu'un Carthaginois ; et c'est ainsi que Malherbe a dit, plus que Mars que Mars de la Thrace.

Isidore le fait venir de mollior, non dur, plus tendre. M. Dacier croit qu'il vient du grec , qui signifie meilleur. C'est le sentiment de Scaliger et de l'auteur du Novitius.

Optimus vient de optatissimus, maxime optatus, très-souhaité, désirable ; et par extension, très-bon, le meilleur.

A l'égard de pejor, Martinius dit qu'en saxon beus veut dire malus ; qu'ainsi on pourrait bien avoir dit autrefois en latin peus pour malus : on sait le rapport qu'il y a entre le b et p ; ainsi peus, génitif, peï, comparatif, peïor, et pour plus de facilité pejor.

Pessimus vient de pessum, en-bas, sous les pieds, qui doit être foulé aux pieds. Ou bien de pejor, on a fait peissimus, et ensuite pessimus par contraction.

Major vient naturellement de magnus, prononcé en mouillant le gn à la manière des Italiens, et comme nous le prononçons en magnifique seigneur, enseigner, etc. Ainsi on a dit ma-ïgnus, ma-ïgnior, major.

Maximus vient aussi de magnus ; car le x est une lettre double qui vaut autant que cs, et souvent gs : ainsi au lieu de magnissimus, on a écrit par la lettre double maximus.

Minor vient du grec , parvus.

Minimus vient de minor ; on trouve même dans Arnobe minissimus digitus, le plus petit doigt. Les mots qui reviennent souvent dans l'usage sont sujets être abrégés.

Au reste les adverbes ont aussi des degrés de signification, bien, mieux, fort bien ; benè, melius, optimè.

Les Anglais dans la formation de la plupart de leurs comparatifs et de leurs superlatifs, ont fait comme les Latins ; ils ajoutent er au positif, pour former le comparatif, et ils ajoutent est pour le superlatif. Rich, riche, richer, plus riche ; the richest, le plus riche.

Ils se servent aussi à notre manière de more, qui veut dire plus, et de most, qui signifie très-fort, le plus ; honest, honnête ; more honest, plus honnête ; most honest, très-honnête, le plus honnête.

Les Italiens ajoutent au positif più, plus, ou meno, moins, selon que la chose doit être ou élevée ou abaissée. Ils se servent aussi de molto pour le superlatif, quoiqu'ils aient des superlatifs à la manière des Latins : bellissimo, très-beau ; bellissima, très-belle ; buonissimo, très-bon ; buonissima, très-bonne.

Chaque langue a sur ces points ses usages, qui sont expliqués dans les grammaires particulières. (F)