S. m. (Grammaire) ce mot n’est que de pure curiosité ; aussi est-il oublié dans le lexicon de Martinius, dans l’ample trésor de Faber, et dans le Novitius. Priscien en fait mention dans son I. liv. au chap. de litterarum numero et affinitate. L’empereur Claude, dit-il, voulut qu’au lieu du Ψ des Grecs, on se servit de l’anti-sigma figuré ainsi )( : mais cet Empereur ne put introduire cette lettre. Huic S præponitur P, et loco Ψ Græcæ fungitur, pro quâ Claudius Cæsar anti-sigma )( hâc figurâ scribi voluit : sed nulli ausi sunt antiquam scripturam mutare.

Cette figure de l’anti-sigma nous apprend l’étymologie de ce mot. On sait que le sigma des Grecs, qui est notre s, est représenté de trois manières différentes, σ, ς, et ; Ϲ c’est cette dernière figure adossée avec une autre tournée du côté opposé, qui fait l’antisigma, comme qui dirait deux sigma adossés, opposés l’un à l’autre. Ainsi ce mot est composé de la préposition ἀντι et de σίγμα.

Isidore, au liv. I. de ses Origines, ch. xx. où il parle des notes ou signes dont les auteurs se sont servis, fait mention de l’anti-sigma, qui, selon lui, n’est qu’un simple Ϲ tourné de l’autre côté Ͻ. On se sert, dit-il, de ce signe pour marquer que l’ordre des vers vis-à-vis desquels on le met, doit être changé, et qu’on le trouve ainsi dans les anciens auteurs. Anti-sigma ponitur ad eos versus quorum ordo permutandus est, sicut et in antiquis auctoribus positum invenitur.

L’anti-sigma, poursuit Isidore, se met aussi à la marge avec un point au milieu Ͽ lorsqu’il y a deux vers qui ont chacun le même sens, et qu’on ne sait lequel des deux est à préférer. Les variantes de la Henriade donneraient souvent lieu à de pareils anti-sigma. (F)