S. f. (Grammaire) dans son sens propre signifie instruction, gouvernement ; et au figuré, une manière de vie réglée selon les lois de chaque profession.

On dit, discipline militaire, discipline ecclésiastique, ou discipline de l'église ; discipline régulière ou monastique.

DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE, (Histoire ecclésiastique) La discipline de l'église est sa police extérieure quant au gouvernement, et elle est fondée sur les décisions et les canons des conciles, sur les decrets des papes, les lois ecclésiastiques ; celles des princes chrétiens, et sur les usages et coutumes du pays. D'où il s'ensuit que des règlements sages et nécessaires dans un temps, n'ont plus été d'utilité dans un autre ; que certains abus, ou certaines circonstances, des cas imprévus, etc. ont souvent exigé qu'on fit de nouvelles lais, quelquefois qu'on abrogeât les anciennes, et quelquefois aussi celles-ci se sont abolies par le non-usage. Il est encore arrivé qu'on a introduit, toléré, et supprimé des coutumes ; ce qui a nécessairement introduit des variations dans la discipline de l'Eglise. Ainsi la discipline présente de l'Eglise pour la préparation des catéchumenes au baptême, pour la manière même d'administrer le sacrement, pour la réconciliation des pénitens ; pour la communion sous les deux espèces, pour l'observation rigoureuse du carême, en un mot sur plusieurs autres points qu'il serait trop long de parcourir, n'est plus aujourd'hui la même qu'elle était dans les premiers siècles de l'Eglise. Elle a tempéré sa discipline, à certains égards, mais son esprit n'a point changé ; et si cette discipline s'est quelquefois relâchée, on peut dire que surtout depuis le concîle de Trente on a travaillé avec succès à son rétablissement. Nous avons sur la discipline de l'Eglise, un ouvrage célèbre du P. Thomassin de l'Oratoire, intitulé ancienne et nouvelle discipline de l'Eglise, touchant les bénéfices et les bénéficiers, où il a fait entrer presque tout ce qui a rapport au gouvernement ecclésiastique, et dont M. d'Hericourt, avocat au parlement, a donné un abrégé, accompagné d'observations sur les libertés de l'église Gallicane. Nous en avons souvent tiré des lumières pour divers articles répandus dans ce Dictionnaire.

DISCIPLINE, est aussi le châtiment ou la peine que souffrent les religieux qui ont failli, ou que prennent volontairement ceux qui se veulent mortifier. Voyez CHATIMENT, FLAGELLANS.

Dupin observe que parmi toutes les austérités que pratiquaient les anciens moines et solitaires, il n'est point parlé de discipline ; il ne parait pas même qu'elle ait été en usage dans l'antiquité, excepté pour punir les moines qui avaient péché. On croit communément que c'est S. Dominique l'Encuirassé, et Pierre Damien, qui ont introduit les premiers l'usage de la discipline ; mais, comme l'a remarqué D. Mabillon, Gui, abbé de Pomposie ou de Pompose, et d'autres encore, le pratiquaient avant eux. Cet usage s'établit dans le XIe siècle, pour racheter les pénitences que les canons imposaient aux péchés ; et on les rachetait non-seulement pour soi, mais pour les autres. Voyez D. Mabillon.

DISCIPLINE se dit aussi de l'instrument avec lequel on se mortifie, qui ordinairement est fait de cordes nouées, de crin, de parchemin tortillé. On peint S. Jérôme avec des disciplines de chaînes de fer, armées de mollettes d'éperons. Voyez FLAGELLATION. Voyez le dict. de Trév. et Chambers. (G)

DISCIPLINE MILITAIRE, c'est le gouvernement ou la manière de conduire et de diriger les troupes. Des troupes bien disciplinées, sont des troupes qui ont de bons règlements, et qui les observent exactement. Ainsi la discipline militaire consiste dans les règlements et les ordonnances pour le service militaire, tant à la garnison ou au quartier, qu'en campagne ; et elle comprend aussi l'exécution de ces mêmes règlements.

Sans la discipline, une armée ne serait formée que d'un amas de volontaires, incapables de se réunir pour la défense commune, avides seulement du pillage et du désordre. C'est elle qui les réunit sous les ordres des officiers, auxquels ils doivent une obéissance aveugle pour tout ce qui concerne le service. " Ce n'est point tant la multitude des soldats qui rend une armée formidable, que la facilité de les rendre souples et fermes, et de ne faire de tant de membres différents qu'un corps animé du même esprit. Telles étaient ces petites armées des Grecs, qui avaient à combattre des millions de Perses. Inst. milit. En effet, c'est à la discipline militaire que les Grecs doivent leurs victoires sur les Perses, et les Romains leurs conquêtes. Des troupes pour être bien disciplinées, doivent être exercées sans relâche. La meilleure discipline se perd dans le repos. Quelque habîle et quelque hardi que soit un général à entreprendre de grandes actions, s'il manque, dit M. de Folard, à faire observer la discipline à ses troupes, ces grandes qualités lui seront inutiles, et elles le précipiteront dans les plus grandes infortunes. " La chose est d'autant plus grave, que le salut de l'état et leur gloire comme leur réputation, en dépendent uniquement. Et ce qui doit principalement les engager à maintenir les troupes dans l'observation des lois militaires, et à s'armer d'une rigueur inflexible pour en empêcher l'affoiblissement, c'est qu'il ne faut qu'un temps très-court, comme dit Homère, pour jeter les soldats dans l'oubli et le mépris de ces lais. Ce qu'il y a de plus facheux, c'est qu'on ne saurait les retablir que par la terreur des châtiments ; ce qui n'est pas peu fâcheux et peu difficîle ". Comment. sur Polybe. La discipline militaire ne regarde pas moins l'officier que le soldat. Tous doivent obéir également à celui qui a un grade supérieur, et auquel ils sont subordonnés pour le service. Tout le monde sait quelle était la rigueur des Romains à cet égard. Manlius Torquatus fit mourir son fils pour être sorti des rangs, et avoir combattu, contre sa défense, un ennemi qui l'avait défié. Exemple de sévérité, qui ne pouvait manquer de rendre le soldat plus exact et plus soumis aux ordres du consul, mais qui se ressent pourtant de l'espèce de dureté ou de férocité des anciens Romains, dont on trouve souvent des traces dans leur histoire. Voyez CHATIMENS MILITAIRES. (Q)