S. f. (Grammaire) c'est une figure de mots qui est une espèce d'ellipse. Ce mot vient d', adjectif, non consentaneus : la racine de ce mot en fera entendre la signification. R. , comes, compagnon ; ensuite on ajoute l' privatif et un euphonique, pour éviter le bâillement entre les deux a ; par conséquent l'adjectif anacoluthe signifie qui n'est pas compagnon, ou qui ne se trouve pas dans la compagnie de celui avec lequel l'analogie demanderait qu'il se trouvât. En voici un exemple tiré du second livre de l'Enéide de Virgile, vers 330. Panthée, prêtre du temple d'Apollon, rencontrant Enée dans le temps du sac de Troie, lui dit qu'Ilion n'est plus ; que des milliers d'ennemis entrent par les portes en plus grand nombre qu'on n'en vit autrefois venir de Mycènes :

Portis alii bipatentibus adsunt

Millia quot magnis nunquam venêre Mycenis.

On ne saurait faire la construction sans dire :

Alii adsunt tot quot nunquam venêre Mycenis.

Ainsi tot est l'anacoluthe ; c'est le compagnon qui manque. Voici ce que dit Servius sur ce passage : MILLIA, subaudi TOT, et est ; nam dixit QUOT cum non praemiserit TOT.

Il en est de même de tantùm sans quantùm, de tamen sans quanquam ; souvent en français au lieu de dire il est-là où vous allez, il est dans la ville où vous allez, nous disons simplement il est où vous allez.

Ainsi l'anacoluthe est une figure par laquelle on sousentend le correlatif d'un mot exprimé ; ce qui ne doit avoir lieu que lorsque l'ellipse peut être aisément suppléée, et qu'elle ne blesse point l'usage. (F)