S. m. (Grammaire) petit ver de quelqu'espèce que ce sait.

VERMISSEAU DE MER, (Conchyliologie) en latin vermiculus marinus, vermiculus tubulatus ; nom d'un genre de coquille de la classe des univalves. En voici les caractères : c'est une coquille de mer faite en forme de tuyau, droit, ondé, contourné, courbé, arrondi, etc. Ces coquilles sont nommées vermisseaux de mer, à cause de l'animal qui l'habite, et qui est toujours une sorte de ver.

Dans la classe des vermisseaux de mer qui sont disposés en ligne droite et ondée, on distingue les espèces suivantes. 1°. L'espèce nommé l'orgue couleur de pourpre, en latin tabularia purpurea, que plusieurs auteurs craient être une espèce de corail, et c'est en réalité un assemblage de vermisseaux de mer. Ferrante Imperato, l. XXVII. décrit ainsi les vermisseaux qui composent la masse que l'on appelle l'orgue pourpre. Tubulara purpurea è consistenza marina composta di piccioli tubuli ordinatamente accostati insième, di color vivo puniceo, concavi, è lissi di dentro, fuori uniti da alcune traverse cruste disposte con eguale intervallo ; si stima madre, ove si concreino animali marini nel modo che le api, nelle favi, da alcuni è numerata tràgl' Alcionii. 2°. L'orgue d'un rouge pâle ; 3°. le vermisseau nommé le grand tuyau d'orgue ; 4°. le vermisseau lisse et poli ; 5°. le vermisseau strié, et cannelé ; 6°. le vermisseau à profondes stries et cannelures.

Dans la classe des vermisseaux contournés et courbés, nous avons les espèces suivantes ; 1°. les vermisseaux en boyau ; cette espèce forme toujours une masse qui imite l'assemblage des boyaux ; 2°. les vermisseaux ondés de différentes manières ; 3°. les vermisseaux finissant en vis tortillé ; 4°. les vermisseaux ridés et de couleur brune.

Dans la classe des vermisseaux disposés en plusieurs ronds ou cercles, on compte les suivants ; 1°. les vermisseaux faits en vers de terre ; 2°. les vermisseaux faits en tuyau à cloison, avec un syphon ; cette espèce est divisée intérieurement en un certain nombre de cellules, avec un syphon de communication qui s'étend par-tout ; 3°. les vermisseaux adhérents à la vase des rochers ; 4°. les vermisseaux adhérents aux huitres ; 5°. ceux qui adhérent aux moules ; 6°. ceux qui s'attachent aux buccins ; 7°. les vermisseaux faits en réseau, et tirant sur le roux ; 8°. les vermisseaux fauves et tortillés ; 9°. les vermisseaux blancs, et couleur de rose.

Il ne faut pas confondre les vermisseaux de mer avec les tuyaux de mer appelés dentales et antales. Ces derniers sont toujours seuls, et rarement voit-on les vermisseaux en petit nombre. Bonanni les compare à des serpens de mer entrelacés confusément ; ils s'attachent aux rochers, et à la carene des vaisseaux. En effet, ils sont si intimement joints ensemble, qu'ils ne paraissent qu'une masse confuse. C'est ce qui les a fait mettre parmi les multivalves ; mais quoiqu'on les trouve en société, et pour ainsi dire par colonies, il ne faut pas moins les considérer comme seuls et détachés de leurs voisins, avec lesquels ils ne sont joints qu'accidentellement ; enfin, puisque l'on convient que chaque ver a son tuyau et son trou indépendant, il parait que cette coquille sera régulièrement placée parmi les univalves.

On compte deux sortes de vermisseaux habitants de ces coquilles : ceux qui restent dans le sable sans coquilles ni tuyaux, tels que sont ceux qui habitent les bancs de sable, et dont le travail est si singulier : ils ne sont qu'une ligne plus élevés que la vase ; chaque ver a son trou qui est une espèce de tuyau fait de grains de menus sables, ou de fragments de coquillage liés avec leur glu : leur nombre est prodigieux, et cause de la surprise. Les seconds sont ceux qui s'attachent ensemble à tous les corps, et qui ne cherchent qu'un point d'appui. Le même suc gluant qui forme leurs coquilles sert à leur adhésion : il se forme de leurs différents replis des figures et des monceaux, tels qu'en feraient plusieurs vers de terre entrelacés. Mais il faut entrer dans de plus grands détails, pour expliquer comment ces coquilles se courbent et se collent ensemble.

On peut diviser les vermisseaux de mer en tuyaux faits de divers grains de sable, ou de fragments de coquillage ; et en tuyaux d'une matière semblable à celle des coquilles. Il y a encore des vers dont les tuyaux sont d'une substance molle, mais nous n'en parlerons pas ici.

Les vermisseaux dont les tuyaux sont des coquilles, sont tantôt collés sur le sable, tantôt sur les pierres, et tantôt sur les coquilles de divers autres coquillages. Leurs tuyaux sont ronds, et d'une figure approchante de la conique, je veux dire seulement que vers leur origine, ils sont moins gros qu'à leur extrémité. Dans le reste leur figure est différente dans presque chaque vermisseau différent. Non-seulement ces tuyaux prennent la courbure de la surface du corps sur lequel ils sont collés, mais outre cela ils forment diverses figures, ou diverses courbures aussi différentes les unes des autres, que le sont les différentes figures, que prend successivement un ver de terre en mouvement.

Pour entendre comment ces tuyaux de coquilles se collent si exactement sur la surface des corps où ils sont appliqués, il faut considérer que l'animal, quelque petit qu'il sait, et peu après sa naissance est couvert par une coquille. Dès-lors que cet animal commence à croitre, sa coquille cesse de le couvrir tout entier, une petite partie du corps qui n'est plus enveloppée, sort alors par l'ouverture de la coquille. C'est de cette partie que s'échappe un suc pierreux et gluant, qui venant à s'épaissir, forme un nouveau morceau de coquille autour de l'animal.

Ceci supposé, il est clair que la partie qui abandonne l'ancienne coquille, et qui lui ajoute de nouvelles bandes, s'applique sur quelques corps, comme elle le fait dans les vers qui rampent continuellement : il est clair, dis-je, que la même glu qu'elle fournira pour unir entr'elles les particules qui composent le nouveau morceau de coquille, que cette même glu attachera la nouvelle coquille au corps que touchait la partie découverte de l'animal. De-sorte que si en croissant cette partie suit toujours la surface de ce corps, et y décrit des lignes courbes, la coquille en croissant suivra la même surface, elle y sera collée dans toute son étendue.

C'est ainsi sans doute que les coquilles des vermisseaux de mer se collent sur les différents corps, sur lesquels ces vermisseaux se sont trouvés peu après leur naissance.

Les vermisseaux de mer qui ne sont point couverts de coquilles, passent aussi leur vie dans un même trou. Ils demeurent dans le sable, comme nos vers de terre demeurent dans la terre. Le suc qui s'échappe de leur corps n'est pas en assez grande quantité, ou n'a pas assez de consistance pour leur former une coquille. Mais il est assez visqueux pour coller ensemble les grains de sable, et les fragments de coquille qui les entourent ; il fait la jonction d'une espèce de mortier ou de ciment qui lie ensemble, comme autant de petites pierres, les grains de sable, et les petits morceaux de coquille.

L'animal qui habite ces tuyaux, est d'une figure assez singulière ; il n'a guère qu'un pouce de longueur, et il n'a que quelques lignes de diamètre. L'extrémité de sa tête est plate, ronde ou circulaire ; elle est divisée en trois parties : celle du milieu est un peu ovale, et les deux autres forment des zones circulaires. Voyez les mém. de l'acad. des Sciences, année 1711. (D.J.)