S. m. (Grammaire) celui qui en conduit un autre, qui lui sert de guide de peur qu'il ne s'égare. Ce terme se prend au simple et au figuré. Voyez les articles suivants.

CONDUCTEUR, (Physique) depuis quelque temps se dit aussi, en parlant d'expériences d'électricité, d'un corps isolé, c'est-à-dire soutenu sur des cordons de soie, sur du verre, etc. considéré comme communiquant ou transmettant à un ou à plusieurs corps la vertu électrique qu'il reçoit d'un autre ; ainsi une corde mouillée, une chaîne, un fil-d'archal, et en général tout corps électrisable par communication (voyez ÉLECTRICITE), regardé comme chargé de transmettre cette vertu d'un corps à un ou à plusieurs autres, est dit un conducteur.

D'après cette définition on pourrait conclure que dans un système de corps électrisés par un globe, un tube, etc. on devrait appeler la plupart de ces corps conducteurs, puisqu'ils sont presque tous dans le cas de se transmettre successivement l'électricité ; cependant ce serait contre l'usage, qui ne leur donne ce nom qu'autant qu'ils sont envisagés, ainsi que nous venons de le dire, comme chargés de cette fonction. Dès que cette considération cesse, ils le perdent, et rentrent dans la classe des corps électriques ordinaires.

On appelle encore conducteur ou plutôt le conducteur, un corps isolé, électrisable par communication, qui reçoit la vertu électrique immédiatement d'un globe ou d'un tube pour faire différentes expériences, quoique souvent il ne serve nullement à transmettre cette vertu à aucun corps : mais comme on l'emploie aussi à cet usage, auquel cas il devient le premier de tous les conducteurs, les autres corps quelconques électrisés ne l'étant que par la vertu électrique qu'il leur communique, on lui a donné le nom de cette fonction en l'appelant simplement le conducteur, comme pour dire le premier de tous. Voyez les Planches de l'Electricité, Planches physiques.

Avant de rien dire de particulier sur ces deux différents conducteurs, il est à-propos de rapporter quelques faits au moyen desquels nous serons en état de déterminer plus précisément tout ce qu'il faut observer à leur égard.

Ces faits peuvent se réduire aux trois suivants : 1°. l'eau, les métaux et quelques êtres animés, comme un homme par exemple, sont les seules substances connues qui transmettent l'électricité en entier, voyez ÉLECTRICITE ; les autres la transmettant plus imparfaitement et plus difficilement, et en arrêtant d'autant plus qu'elles sont plus électrisables par frottement, voyez ÉLECTRICITE : 2°. dans un corps électrique, les pointes, les angles, et en général toutes les parties saillantes sur sa surface, dont les extrémités sont aiguës, sont autant d'issues ainsi que nous l'a appris M. Franklin, par où se dissipe le fluide électrique ; et les aigrettes de feu que l'on voit à ces parties ne sont formées que par ce fluide qui en sort ; car l'électricité a cela de remarquable, qu'elle passe et se fait jour à-travers les pointes et les angles des corps, comme le font les fluides à-travers les ouvertures des vases dans lesquels ils sont retenus. Ainsi de même qu'un réservoir dans lequel se décharge une source qui coule toujours également, paraitra plus ou moins plein, selon qu'il aura des fentes ou des trous plus ou moins grands, ou plus ou moins multipliés par où l'eau pourra s'écouler ; de même, en regardant l'électricité fournie par le globe comme constante ou toujours la même, elle paraitra plus ou moins forte dans le système des corps électrisés par ce globe, selon qu'ils auront moins ou plus de ces parties aiguës par où le fluide électrique pourra s'échapper. Enfin le verre et les autres substances électrisables par frottement, ont la propriété de repousser, si cela se peut dire, le fluide électrique, de façon qu'elles l'empêchent de s'échapper. Ainsi une aigrette partant de la pointe d'un corps électrique quelconque dans une certaine direction, en prendra une autre dès qu'on en approchera du verre, et cette nouvelle direction sera telle que l'aigrette paraitra comme le fuir. On trouve à la suite des lettres de M. l'abbé Nollet, pag. 255. un fait observé par cet habîle physicien, qui confirme pleinement ce que nous venons d'avancer. Il dit dans cet endroit, qu'il parut évident par les aigrettes que donnaient à voir les quatre angles d'une tringle de fer recouverte d'un tuyau de verre, et par la vivacité des étincelles qu'on en tirait, que cette enveloppe rendait l'électricité bien plus forte qu'à l'ordinaire ; desorte, continue-t-il, qu'on peut dire que c'est un nouveau moyen de faire prendre ou de conserver aux conducteurs une plus grande vertu.

Ces faits une fois connus, on voit que par rapport aux conducteurs en général, ou lorsqu'on veut simplement transmettre l'électricité d'un corps à un autre, il faut employer les substances les plus électrisables par communication qu'il est possible, comme l'eau, les métaux, etc. L'eau même a cet avantage, que toutes sortes de substances, comme pierres, bois, etc. qui en sont bien imbues, peuvent devenir par-là de fort bons conducteurs, quelque peu électrisables par communication qu'elles soient d'ailleurs ; parce qu'alors elles ne forment plus, pour ainsi dire, que des espèces de supports contenant des filets d'eau qui transmettent le fluide électrique : il faut aussi que les conducteurs soient cylindriques, cette forme étant de toutes celles qu'on peut leur donner celle qui a le moins de parties angulaires ; qu'ils n'aient en aucun endroit de ces parties aiguës, quelque petites qu'elles soient, par où le fluide électrique puisse se dissiper ; et ainsi qu'ils soient fort lisses, ce fluide s'échappant souvent par les plus petites éminences ou rugosités ; enfin pour mieux empêcher l'électricité de se dissiper, et la rendre en même temps plus forte, il est à-propos de recouvrir les conducteurs de tuyaux de verre ou de rubans de soie bien roulés les uns par-dessus les autres, surtout lorsque ces conducteurs passent dans des endroits où ils ne sont pas assez éloignés des corps qui peuvent leur dérober l'électricité.

Il se présente ici naturellement plusieurs questions. On demandera si quel que soit le volume de ces conducteurs, la quantité du fluide électrique transmise sera la même ; si pareillement la force de l'électricité n'augmentera ou ne diminuera pas, quelle que soit leur longueur ; enfin si cette force sera la même dans un conducteur fort long, à la partie la plus éloignée du globe, selon le cours de l'électricité, qu'à celle qui en est plus près selon le même cours. Nous répondrons, quant à la première question, que le volume est ici indifférent, la quantité d'électricité transmise étant toujours la même, de quelque grosseur que soit le conducteur, comme nous l'avons prouvé M. le chevalier d'Arcy et moi, dans un mémoire inséré dans le volume de l'Académie de l'année 1749 ; en effet on s'en assurera facilement en transmettant alternativement l'électricité à deux corps, tantôt par une barre de fer ; et tantôt par un fil-de-fer fort délié ; car on verra alors que ces deux corps seront électrisés au même degré, soit qu'ils reçoivent l'électricité par la barre, soit qu'ils la reçoivent par le fil-de-fer ; ce qui, pour le dire en passant, prouve que le fluide électrique a la propriété de tous les autres fluides qui se répandent toujours également, quels que soient les canaux de communication ; c'est-à-dire que dans plusieurs réservoirs qui communiquent ensemble, l'eau, par exemple, est toujours de niveau, de quelque grosseur que soient les tuyaux de communication. De ce principe de fait on tire la réponse à la troisième question ; savoir, que l'électricité ne peut être plus forte à une extrémité du conducteur qu'à l'autre, puisque si cela était, elle ne se distribuerait pas également, ce qui serait contraire à ce principe : enfin par rapport à la seconde question, nous répondrons que par toutes les expériences que l'on a faites, on n'a pas remarqué que l'électricité diminuât, quelle que fût la longueur du conducteur, quoiqu'on en ait employé qui avaient plus de 1300 pieds. Il y a plus : selon ce que dit M. le Monnier le médecin, pag. 463. des mémoires de l'Académie de 1746, plus les corps électrisés ont d'étendue en longueur, plus l'électricité parait forte. Quoiqu'il en sait, il est constant qu'à quelque distance qu'on ait transmis l'électricité jusqu'ici (& cette transmission s'est toujours faite dans un temps inassignable), on n'a pas remarqué que sa force en fût diminuée.

Passons à ce qu'on appelle particulièrement le conducteur. Ce que nous venons de dire des conducteurs en général, par rapport à leur figure et à la substance dont ils doivent être formés, étant également applicable à ceux dont il est actuellement question, il s'ensuit qu'ils doivent être, comme les premiers, de métal ou revêtus d'une substance métallique, de figure cylindrique, et aussi lisses qu'il est possible. Nous n'ajouterions rien à leur égard, si ce n'est que devant servir à différentes expériences, il est à-propos de parler de la grandeur qu'ils doivent avoir pour acquérir et conserver beaucoup d'électricité.

C'est un principe de fait, que plus ces sortes de conducteurs sont grands, plus les étincelles qu'on en tire sont fortes ; car il est essentiel de remarquer que quoique la quantité d'électricité transmise par un corps soit la même, qu'il soit grand ou qu'il soit petit, l'attraction, la repulsion, et tous les phénomènes de l'électricité paraissent cependant plus considérables dans le grand que dans le petit. Mais ces phénomènes augmentent-ils selon l'augmentation de la masse du conducteur, ou simplement selon l'augmentation de sa surface ? ou, en d'autres mots, l'intensité de l'électricité dans les corps augmente-t-elle dans la raison de leurs masses ou dans celle de leurs surfaces ? C'est une question qui a déjà beaucoup exercé les Physiciens, et sur laquelle ils sont fort partagés. Les uns, comme M. l'abbé Nollet, pensent que l'électricité augmente avec les masses, non pas à la vérité dans la raison directe de ces masses, mais cependant dans une plus grande raison que celle qui devrait résulter de la simple augmentation des surfaces ; enfin qu'une plus grande masse est susceptible d'acquérir plus d'électricité qu'une plus petite : les autres, comme M. le Monnier le médecin, pensent qu'elle augmente seulement comme les surfaces, et c'est ce qui a paru résulter aussi d'un grand nombre d'expériences que nous avons faites M. d'Arcy et moi, rapportées dans le mémoire déjà cité ; voyez là-dessus l'article ELECTRICITE. Quoiqu'il en sait, il est toujours mieux d'avoir un grand conducteur cylindrique, comme nous l'avons dit ; et quand même il serait creux pourvu qu'il ait une certaine épaisseur, les étincelles que l'on en tirera seront très belles et très-fortes.

En Allemagne, en Hollande, et en Angleterre, on se sert ordinairement pour conducteur d'un canon de fusil : mais de pareils conducteurs ne paraissent pas devoir nous donner des phénomènes aussi considérables que celui de M. Franklin, par exemple, qui, ainsi qu'il nous l'apprend dans ses lettres, a dix pieds de long et un pied de diamètre. Selon cet auteur, lorsque son conducteur est bien chargé, on peut en tirer des étincelles à près de deux pouces de distance, qui causent une douleur assez sensible dans la jointure du doigt. Il est composé de feuilles de carton formant un cylindre, et ces feuilles sont recouvertes d'un papier d'Hollande relevé en bosses en plusieurs endroits, et doré presque par-tout.

Pour terminer, nous dirons deux mots de la manière dont le conducteur doit recevoir l'électricité du globe, c'est à quoi il nous parait qu'on n'a pas fait assez d'attention jusqu'ici. On se contente pour l'ordinaire de faire toucher légèrement au globe du clinquant, des galons de métal effilés, ou quelque chose de cette nature électrisable par communication, qui ne puisse point l'endommager, et qui ne cause que peu ou point de frottement. Les uns disposent ces matières de façon qu'elles embrassent une certaine partie du globe ; et cette pratique parait la meilleure : les autres se contentent de les faire porter dans un petit espace. Mais l'électricité se dissipant, comme nous l'avons dit plus haut, par les parties aiguës et pointues des corps électrisés, il s'ensuit qu'il doit s'en dissiper beaucoup par tous les angles et toutes les pointes qui se trouvent au clinquant et aux galons, etc. Aussi lorsqu'on électrise un globe, voit-on toutes ces parties briller d'un grand nombre d'aigrettes et de gerbes de feu électrique. Pour remédier à cette dissipation de l'électricité, voici comme nous nous y prenons. Nous attachons du clinquant au bord inférieur de la masse d'un entonnoir de fer-blanc, dont le diamètre est égal à la grandeur de la partie du globe que l'on veut embrasser ; nous faisons déborder ce clinquant d'un-demi pouce ou environ, et nous le découpons comme à l'ordinaire, pour qu'il puisse poser sur le globe et le toucher dans un grand nombre de points sans aucun frottement considérable : ensuite nous recouvrons le tout par un entonnoir de verre, dont le bord excède celui de l'entonnoir de fer-blanc, d'un quart de pouce ou à-peu-près, afin qu'il puisse être fort près du globe sans cependant le toucher. Par ce moyen l'électricité ne peut se dissiper par les angles des feuilles du clinquant, ces feuilles se trouvant environnées du verre, qui, comme on l'a Ve plus haut, repousse le fluide électrique et l'empêche de se dissiper. Nous ne parlerons point de la manière d'adapter cet entonnoir au conducteur, la chose étant trop facîle pour s'y arrêter. (T)

CONDUCTEUR, instrument de Chirurgie dont on se sert dans l'opération de la taille. On le fait ordinairement d'acier ou d'argent. Il y en a de deux sortes, le mâle et la femelle. Ils ont l'un et l'autre la figure d'une croix, et sont fort polis, pour ne point blesser la vessie dans laquelle on les introduit, ni les parties par où ils passent. Leur corps est large d'environ trois lignes, arrondi en-dehors, plat en-dedans. La partie postérieure comprend trois branches aplaties ; deux font les bras de la croix, et la troisième en compose la tête ou le manche : celle-ci doit être fort renversée en-dehors, afin de donner plus d'espace aux tenettes qu'on introduit entre les deux. Tout le long de la face plate du corps ou branche antérieure, règne une crête dans le milieu d'environ deux lignes de saillie : cette crête commence peu-à-peu dès le milieu du manche, afin que l'opérateur l'aperçoive mieux. Elle finit insensiblement vers la fin du conducteur mâle, et se termine par une languette longue de six lignes relevée et recourbée en-dedans, aplatie sur les côtés : cette languette fait l'extrémité de l'instrument qu'on place dans la cannelure d'une sonde qui doit être mise auparavant dans la vessie. La crête dans l'autre espèce de conducteur ne s'étend pas si loin ; l'extrémité antérieure est un peu recourbée en-dedans, et terminée par une échancrure qui lui a fait donner le nom de conducteur femelle. Voyez les figures 4. et 5. Pl. XI. de Chirurgie.

La manière de se servir de ces deux instruments, consiste à introduire d'abord le conducteur mâle dans la vessie, à la faveur d'une sonde cannelée, la tête en-haut, le dos em-bas ; ensuite on retire la sonde, et on glisse le conducteur femelle par son échancrure, le dos en-haut sur la crête du mal. Ces deux instruments ainsi introduits, forment par leurs crêtes parallèlement opposées, une espèce de coulisse qui sert à conduire les tenettes dans la vessie pour charger la pierre.

On ne se sert pas beaucoup des conducteurs pour la taille des hommes ; on leur a substitué le gorgeret. Voyez GORGERET. Les conducteurs sont en usage pour la taille des femmes. Voyez LITHOTOMIE DES FEMMES. (Y)