S. f. (Grammaire) se dit en général de tout mouvement périodique ou non, qui ne se fait point en ligne droite : on dit que le sang circule, que l'espèce circule, &c.

CIRCULATION DU SANG, (Physiologie) la circulation du sang est un mouvement naturel du sang dans un animal vivant, par lequel cette humeur est alternativement portée du cœur à toutes les parties du corps par les artères, et rapportée de ces mêmes parties par les veines. Voyez SANG.

Le principal organe de cette fonction vitale est le cœur, qui est un muscle creux aux cavités duquel toutes les veines viennent aboutir, et toutes les artères prennent leur naissance, et qui a en même temps une action de dilatation ou de diastole, et de contraction ou de sistole. Voyez COEUR, SISTOLE, ASTOLETOLE.

Or l'effet naturel de ce mouvement alternatif, c'est que le cœur reçoive et chasse le sang alternativement : le sang chassé du ventricule droit, doit être porté par l'artère pulmonaire qui en sort dans les poumons, d'où il doit être rapporté par les veines pulmonaires à l'oreillette gauche, et de-là au ventricule gauche : après y avoir été rapporté, il est poussé par la contraction de ce ventricule, dans l'aorte qui le distribue dans tout le reste du corps, d'où il est ramené ensuite dans l'oreillette droite par la veine-cave qui acheve la circulation. Voyez VAISSEAUX PULMONAIRES, VEINE-CAVE, RTEORTE.

On a attribué généralement la découverte de la circulation du sang à Harvey médecin anglais, et on en place l'invention en 1628. Il y a cependant des auteurs qui la lui disputent. Jansson d'Almeloveen, dans un traité des inventions nouvelles, imprimé en 1684, rapporte plusieurs endroits d'Hippocrate, pour justifier qu'il l'a connue. Walleus, epist. ad Barth. prétend qu'elle n'a pas été seulement connue d'Hippocrate, mais encore de Platon et d'Aristote. On dit encore que les médecins chinois l'enseignaient quatre cent ans avant qu'on en parlât en Europe. Il en est qui remontent jusqu'à Salomon, croyant en trouver des vestiges dans le chap. XIIe de l'ecclésiast. Bernardin Genga, dans un traité d'Anat. en italien, rapporte des passages de Réaldus Columbus et d'André Césalpin, par lesquels il prétend montrer qu'ils admettaient la circulation longtemps avant Harvey. Il ajoute que Fra-Paolo Sarpi, ce fameux vénitien, ayant exactement considéré la structure des valvules dans les veines, a inféré dans ces derniers temps la circulation, de leur construction et de plusieurs autres expériences. Voyez ARISTOTELISME, VALVULE, INEEINE.

Léoniceus ajoute que Fra-Paolo n'osa point publier sa découverte de peur de l'inquisition, et qu'il communiqua seulement son secret à Aquapendente, qui après sa mort mit le livre qu'il en avait composé dans la bibliothèque de S. Marc, où il fut longtemps caché, et que Aquapendente découvrit ce secret à Harvey, qui étudiait sous lui à Padoue, lequel le publia étant de retour en Angleterre, pays de liberté, et s'en attribua la gloire : mais la plupart de ces prétentions sont autant de fables. M. Georg. Ent a fait voir que le P. Paul reçut la première notion qu'il avait de la circulation du sang, du livre que Harvey avait fait sur ce sujet, lequel fut apporté à Venise par l'ambassadeur d'Angleterre en cette république, et montré par le même ambassadeur à Fra-Paolo ; que celui-ci en ayant fait quelques extraits qui parvinrent après sa mort entre les mains de ses héritiers, cela fit croire à plusieurs personnes que la découverte dont on trouvait l'histoire dans ses papiers lui appartenait. Voyez Douglas, bibliogr. anat. spec. p. 227. édit. 1734 ; et le traité du cœur, de M. Senac. Voyez ANATOMIE.

La circulation du sang se prouve par les observations suivantes. 1°. Si l'on ouvre une des grandes artères d'un animal vivant, tout le sang s'en Ve bien-tôt, et avec beaucoup de force, par la blessure, comme on le voit aux boucheries, etc. il s'ensuit de-là que le sang a un passage de chaque partie du corps animal dans chaque artère ; et que si toute la masse du sang se meut dans cette occasion, il faut évidemment qu'elle se mut aussi auparavant.

2°. La grande quantité de sang que le cœur pousse dans les artères à chaque pulsation ; puisque sans cela il faudrait supposer dans le corps de l'homme une beaucoup plus grande quantité de sang qu'aucune observation ou aucune expérience n'y en fait voir. Voyez SANG.

3°. Telle artère qu'on voudra étant liée avec un fil, s'enfle et bat entre la ligature et le cœur ; mais elle s'aplatit et devient flasque entre la ligature et les extrémités du corps.

Si l'on coupe ensuite l'artère entre la ligature et le cœur, le sang s'en Ve jusqu'à la mort ; si on la coupe entre la ligature et les extrémités du corps, elle ne rend alors qu'une très-petite quantité de sang.

Le sang vital coule donc dans les artères, et la direction de son cours est du cœur aux extrémités du corps : ce cours a lieu dans tous les points des corps internes ou externes, et il Ve toujours de vaisseaux plus grands à de plus petits, du tronc aux branches. Voyez ARTERE.

Si on lie avec un fil une des grosses veines, elle s'enflera entre les extrémités du corps et la ligature, mais sans battre, et elle s'affaissera et deviendra flasque entre la ligature et le cœur : si on l'ouvre dans le premier endroit, elle donnera du sang jusqu'à la mort, et dans le second, à peine saignera-t-elle. Le sang coule donc vivement de chaque partie du corps dans cette veine, et la direction de son cours tend des extrémités du corps vers le cœur, des plus petits vaisseaux aux plus grands, des branches au tronc. Voyez VEINE.

De tout cela il suit évidemment que toutes les artères du corps portent continuellement le sang du ventricule gauche du cœur par le tronc des artères dans les branches, de ces mêmes artères et par ces branches dans toutes les parties du corps intérieures ou extérieures ; et qu'au contraire toutes les veines, excepté la veine-porte, rapportent continuellement le sang des plus petites parties du corps dans les plus petites branches, pour passer ensuite dans de plus grandes, puis dans les troncs, puis dans la veine-cave, et ensuite par le sinus veineux ou le tronc de cette veine, qui finit à la cavité de l'oreillette droite, dans le cœur.

Lorsque le sang y est arrivé, voici comme sa circulation se continue.

Les oreillettes du cœur étant des muscles creux, garnis d'un double rang de fibres qui vont en sens contraire à deux tendons opposés, dont l'un est adhérent au ventricule droit et l'autre au sinus veineux, ainsi que d'un nombre infini de veines et d'artères ; la force de contraction de ces oreillettes pousse et chasse vivement le sang dans le ventricule droit, qui est disposé à le recevoir, et se remplit. Voyez COEUR.

Or si le ventricule droit rempli en cette manière de sang, est pressé de nouveau par la contraction de ses fibres, le sang faisant effort contre les parois élevera les valvules tricuspidales, qui sont tellement liées aux colonnes charnues, qu'elles permettent le passage du sang de l'oreillette au ventricule, et en empêchent le retour de ce ventricule à cette même oreillette : le sang les élevera donc vers l'oreillette droite, jusqu'à ce que s'y étant jointes elles ferment parfaitement le passage du sang, et empêchent qu'il ne revienne dans l'oreillette ; par conséquent le sang sera poussé dans l'artère pulmonaire, et pressera les valvules semi-lunaires qui sont placées à l'origine de cette artère, et les appliquera contre ses parais, en sorte qu'elles ne s'opposeront pas à son passage.

Ainsi le sang veineux, c'est-à-dire le sang de tout le corps, est porté du sinus ou du tronc de la veine-cave par l'oreillette droite dans le ventricule droit, d'où il est porté dans l'artère pulmonaire par un cours continuel, et dont il ne saurait s'écarter.

Le sang porté par cette artère dans les poumons, et distribué dans ses branches dans toute l'étendue de leur substance, est d'abord reçu dans les extrémités de la veine pulmonaire, qui s'appelle artère veineuse, d'où passant dans quatre grands vaisseaux qui aboutissent à un même point, il est porté au sinus veineux gauche ou au tronc des veines pulmonaires, qui par sa structure musculeuse est capable de le chasser, et le chasse en effet dans le ventricule gauche, lequel se trouve alors relâché, et par conséquent disposé à le recevoir ; d'autant que les valvules mitrales situées entre le ventricule gauche et l'oreillette du même côté, laissent au sang un passage libre de l'oreillette au ventricule, et l'empêchent de refluer dans cette oreillette. Le sang poussé par le ventricule gauche passe donc de ce ventricule dans l'aorte, à l'orifice de laquelle se trouvent trois valvules sémi-lunaires, situées de façon que le sang ne puisse refluer de cette artère dans le ventricule.

Voilà comme se fait la circulation ; tout le sang est envoyé dans les poumons, et reçu ensuite dans le sinus veineux, l'oreillette gauche et le ventricule gauche, d'où il est ensuite poussé continuellement dans l'aorte, qui au moyen de ses ramifications le répand avec force dans toutes les parties du corps.

Ce mouvement est accompagné dans les animaux vivants des phénomènes ou circonstances suivantes. 1°. Les deux sinus veineux sont remplis et se gonflent en même temps l'un et l'autre : 2°. les deux oreillettes s'affaissent et se remplissent en même temps du sang que la force contractive du sinus veineux musculaire correspondant y pousse : 3°. chaque ventricule se contracte et se vide de sang dans un même temps, et les deux grosses artères se remplissent et se dilatent aussi en même temps : 4°. aussi-tôt que le sang a été chassé par cette contraction, les deux ventricules étant vides, le cœur devient plus long et plus large, et par conséquent plus flasque et d'une plus grande capacité : 5°. les fibres musculaires des deux sinus veineux se remplissent alors, et expriment le sang qu'elles contiennent dans les ventricules du cœur : 6°. les sinus veineux se remplissent en même temps de nouveau comme ci-dessus, et les oreillettes reviennent en leur premier état : 7°. ces changements alternatifs continuent jusqu'à ce que l'animal commence à languir à l'approche de la mort, temps auquel les oreillettes et le sinus veineux font plusieurs palpitations pour une contraction du ventricule. C'est ainsi que le sang dans son cours de chaque point tant interne qu'externe du corps, est poussé par chaque point du cœur et de ses oreillettes dans le ventricule droit, de-là dans les poumons, puis dans le ventricule gauche, et enfin dans toute l'étendue du corps, d'où il revient ensuite au cœur.

Quant à la manière dont le sang passe des artères dans les veines pour pouvoir revenir au cœur, il y a là-dessus deux sentiments.

Suivant le premier, les veines et les artères sont supposées s'ouvrir les unes dans les autres, ou être continues au moyen d'anastomoses ou inosculations de leurs extrémités. Voyez ANASTOMOSE.

L'autre suppose que les dernières artères capillaires déposent le sang dans les pores de la substance de leur partie, où une portion s'emploie à leur nourriture, et le reste est reçu dans les bouches des veines capillaires.

On doit reconnaître que le passage du sang des artères capillaires dans les veines capillaires, se fait de l'une et l'autre de ces deux manières : en effet on voit dans quelques-uns des grands vaisseaux des anastomoses dont on ne saurait douter, par exemple, celle de l'artère de la rate avec la veine du même viscère ; ce qui a fait conclure à plusieurs auteurs que la même structure avait lieu dans de plus petits vaisseaux, même dans les plus petits filets des extrémités du corps, où cependant l'oeil ne le découvre point.

La seconde opinion est fondée sur ce que si une portion du sang ne se perdait pas dans la substance des parties, ces parties ne pourraient pas s'en nourrir ; car tant que le sang est dans les vaisseaux, il porte à la vérité de la chaleur dans les parties où ces vaisseaux passent, mais non la nourriture ; les vaisseaux eux-mêmes ne tirant pas leur nourriture du sang qui passe dans leur cavité, mais des vaisseaux qui composent leur propre substance.

Leuwenoeck semblait avoir mis cette opinion hors de doute au moyen de ses microscopes, qui lui ont découvert des inosculations ou des continuations des extrémités des veines et des artères dans les poissons, dans les grenouilles, etc. mais il y a des auteurs qui doutent toujours qu'il y ait une pareille inosculation entre les extrémités des veines et des artères du corps humain, et de ceux des quadrupedes ; les animaux où on l'a jusqu'ici observée étant ou des poissons ou des animaux amphibies, qui n'ont qu'un ventricule dans le cœur, et dont le sang est froid ; à quoi il faut ajouter que dans cette espèce d'animaux le sang ne peut circuler avec la même rapidité que dans ceux qui ont deux ventricules.

Cette différence dans les organes de la circulation a donné occasion à M. Cowper de faire des expériences sur d'autres animaux, dont les parties ont la même structure que celles de l'homme : il a Ve dans l'omentum d'un chat le sang se mouvoir vivement à-travers les inosculations, et il a trouvé la même chose dans l'omentum, et mieux encore dans le mésentère d'un chien. Il ajoute que la diminution des diamètres des extrémités des vaisseaux ne suit pas les mêmes proportions dans différents animaux.

Il a souvent observé dans la queue d'un tétard, entre les veines et les artères, plusieurs communications, à-travers chacune desquelles deux globules pouvaient passer de front. Dans de jeunes poissons, et en particulier dans les petites anguilles, la branche communicante est si petite, qu'un globule de sang y peut à peine passer en une seconde de temps.

Il resterait ici bien des questions à examiner sur les valvules des veines, la distribution des vaisseaux lymphatiques, la vitesse du sang, sa circulation dans le foie et dans quelques autres viscères ; mais nous renvoyons tout cela aux mots VEINE, ARTERE, SANG, FOIE, etc.

Les parties qui servent à la circulation ne sont pas tout à fait les mêmes dans le foetus que celles que nous venons de décrire ; la cloison qui sépare les deux oreillettes du cœur est percée d'un trou qu'on appelle le trou ovale ; le tronc de l'artère pulmonaire, peu après qu'elle est sortie du cœur, jette dans l'aorte descendante un canal que l'on appelle canal de communication ; le foetus étant né, le trou ovale se ferme peu-à-peu, et le canal de communication se desseche, et devient un simple ligament. Voyez TROU OVALE, etc.

Ce mécanisme une fois connu, il est aisé d'en apercevoir les usages ; car tandis que le foetus est enfermé dans le sein de sa mère, ses poumons ne peuvent s'enfler et se desenfler comme ils feront après sa naissance, et après l'entrée libre de l'air : ils demeurent donc presque affaissés et sans mouvement ; car leurs vaisseaux sont comme repliés en eux-mêmes, et ne permettent pas que le sang y circule ni en abondance ni avec facilité. La nature a donc dû épargner aux poumons le passage de la plus grande partie de la masse du sang : pour cela elle a percé le trou ovale, afin qu'une partie du sang de la veine-cave reçu dans l'oreillette droite, passât dans l'oreillette gauche, et par-là se trouvât, pour ainsi dire, aussi avancée que si elle avait traversé le poumon.

Ce n'est pas tout : car le sang de la veine-cave qui de l'oreillette droite tombe dans le ventricule droit, étant en trop grande quantité pour aller dans le poumon où il est poussé par l'artère pulmonaire, le canal de communication en intercepte une partie en chemin, et le verse immédiatement dans l'aorte descendante. Voyez FOETUS, etc.

Tel est le sentiment de Harvey et de Lower, et de plusieurs autres Anatomistes : mais M. Mery, de l'académie royale des Sciences, y a fait une innovation.

Il donne un autre usage au trou ovale, et il soutient que de toute la masse du sang qui est portée par la veine-cave au ventricule droit, une partie passe comme dans les adultes dans l'artère pulmonaire, d'où une partie est ensuite portée par le canal de communication dans l'aorte descendante, sans circuler par le poumon, et la partie qui traverse le poumon revient ensuite dans l'oreillette gauche, se partage encore en deux, dont l'une passe par le trou ovale dans le ventricule droit, sans avoir circulé par l'aorte et par tout le corps ; l'autre est poussée à l'ordinaire par la contraction du ventricule gauche dans l'aorte, et dans tout le corps du foetus.

Toute la question se réduit donc à savoir si le sang qui passe par le trou ovale, passe du côté droit du cœur dans le gauche, selon l'opinion commune, ou du gauche dans le droit, selon M. Mery.

M. Duverney s'était déclaré pour l'ancien système ; il soutenait qu'au trou ovale il y avait une valvule disposée de façon à s'ouvrir lorsque le sang est chassé dans le ventricule droit, et à se fermer exactement lorsqu'il est poussé dans le gauche : mais M. Mery nie l'existence d'une pareille valvule.

De plus, dans l'adulte l'aorte devant recevoir tout le sang de la veine pulmonaire, se trouve de même grosseur que celle-ci ; mais dans le foetus l'artère pulmonaire et l'aorte recevaient des quantités inégales de sang dans les deux systèmes.

Selon l'opinion ordinaire, l'aorte qui reçoit plus de sang que la pulmonaire, devrait être la plus grosse des deux, suivant le sentiment de M. Mery, l'aorte pulmonaire doit être au contraire la plus grande des deux, parce qu'il pense qu'elle doit recevoir une plus grande quantité de sang.

Pour juger lequel des deux systèmes est le vrai, il n'y a donc qu'à voir lequel de ces deux vaisseaux, l'aorte ou l'artère pulmonaire, a le plus de capacité dans le foetus.

M. Mery trouva toujours que le tronc de l'artère pulmonaire était environ moitié plus gros que celui de l'aorte.

Et d'un autre côté M. Tauvry, élève de M. Duverney, fit voir deux sujets dans lesquels l'artère pulmonaire était moindre que l'aorte, et les faits furent examinés des deux côtés par l'Académie.

M. Tauvry ajoute que quoique l'artère pulmonaire soit plus grosse que l'aorte, cela ne prouve pas néanmoins qu'il passe plus de sang dans la première que dans la seconde de ces artères, puisqu'on peut attribuer cette structure à la pression du sang qui est plus forte vers les poumons, qu'il a de la peine à pénétrer, et qui par cette raison distend les parois de cette artère, et l'élargit très-facilement.

M. Littre en disséquant un adulte dans lequel le trou ovale était toujours ouvert, et mesurant les capacités des vaisseaux de chaque côté, se déclara pour M. Mery. Ainsi la question est fort indécise.

Quant à la cause de la circulation du sang dans le foetus, les Anatomistes sont encore divisés là-dessus. L'opinion commune est que pendant la grossesse les artères de la matrice versent leur sang dans le placenta, qui s'en nourrit ; le surplus de ce sang entre dans les racines de la veine ombilicale, qui fait partie du cordon ; de-là il est porté au foie du foetus dans le tronc de la veine-porte, d'où il passe dans la veine-cave et dans le ventricule droit du cœur, et se distribue comme ci-dessus. De plus, le sang qui sort des artères iliaques du foetus entre dans le cordon par les artères ombilicales, de-là dans le placenta, où il est repris par les veines de la matrice qui le reportent à la mère, et peut-être aussi par les racines de la veine ombilicale, qui le remêlent avec de nouveau sang de la mère. Selon ce système, c'est uniquement le sang de la mère qui nourrit le foetus, qui n'est ici regardé que comme un membre particulier de la mère : le battement de son cœur lui envoye une portion de son sang, qui conserve le degré d'impulsion qu'il faut pour entretenir cette circulation languissante dont le foetus jouit, et qui lui donne probablement cette faible pulsation qu'on observe dans le cœur.

D'autres Anatomistes prétendent que le foetus ne se nourrit que du chyle qui lui est fourni par les glandes de la matrice, qui est encore plus travaillé, se change en sang dans les vaisseaux du foetus, et y circule sans autre communication avec la mère ; ils n'admettent de circulation réciproque qu'entre le placenta et le foetus.

Mais la première opinion parait la plus plausible ; car quand le placenta se détache de la matrice, en quelque temps que ce soit de la grossesse, il ne sort que du sang, et jamais de chyle. Outre que M. Mery a montré que la matrice n'a point du tout de glandes pour en fournir, deux autres observations de M. Mery, rapportées au même endroit, appuient encore le système commun. La surface intérieure de la matrice est revêtue de veines ; d'ailleurs la surface externe du placenta n'est revêtue d'aucune membrane ; et comme c'est par ces deux surfaces que le placenta et la matrice sont en quelque sorte collés ensemble, il parait qu'elles ne sont sans membranes que pour une communication immédiate des vaisseaux sanguins.

Ajoutez à cela un fait dont M. Mery a été témoin oculaire. Une femme grosse qui touchait à son terme, se tue d'une chute très-rude presque sur le champ. On lui trouve sept à huit pintes de sang dans la cavité du ventre, et tous les vaisseaux sanguins entièrement épuisés. Son enfant était mort, mais sans aucune apparence de blessure, et tous ses vaisseaux étaient vides de sang aussi bien que ceux de la mère. Le corps du placenta était encore attaché à toute la surface intérieure de la matrice, où il n'y avait aucun sang extravasé. Par quelle route tout le sang de l'enfant pouvait-il s'être vuidé dans la cavité du ventre de la mère ? Il fallait nécessairement que ce fût par les veines de la matrice, et par conséquent ces veines rapportent à la mère le sang de l'enfant ; ce qui seul établit la nécessité de tout le reste du système commun. Si la circulation ne se faisait que du foetus au placenta, et non pas aussi à la mère, l'enfant mort aurait eu tout son sang.

De plus, le sang des poumons du foetus ne jouit d'aucun des avantages de l'air ou de la respiration ; ce qui lui étant cependant nécessaire, la nature prend sans-doute soin qu'il en reçoive quelques portions mêlées avec tout le sang de sa mère, lesquelles lui sont transmises par les vaisseaux ombilicaux pour se répandre dans son corps.

Ce qui confirme cette conjecture, c'est que si le cordon ombilical est trop serré, l'enfant meurt comme un homme étranglé ; ce qu'il parait qu'on ne peut attribuer à d'autres causes qu'à la privation de l'air ; joignant surtout à cela qu'aussi-tôt que la mère cesse de respirer, le foetus expire.

Quant à la vitesse du sang qui circule, et au temps que demande une circulation, on a fait là-dessus plusieurs calculs. Selon le docteur Keill, le sang est chassé du cœur avec une vitesse capable de lui faire parcourir cinquante-deux pieds par minute ; mais cette vitesse est toujours diminuée à-travers toutes les nombreuses divisions ou branches des artères, de façon qu'elle l'est infiniment avant que le sang arrive aux extrémités du corps. Le même auteur, d'après un rapport qu'il calcule des branches des artères à leur tronc, prétend que la plus grande vitesse du sang est à la plus petite dans une proportion plus grande que 10000, 00000, 00000, 00000, 00000, 00000, 00000, 00000, à 1.

L'espace de temps dans lequel toute la masse du sang fait ordinairement sa circulation, se détermine de différentes manières. Quelquefois des auteurs modernes s'y prennent pour cela de cette sorte ; ils supposent que le cœur fasse 2000 pulsations par heure, et qu'à chaque pulsation il chasse une once de sang, comme la masse totale du sang n'est pas ordinairement estimée à plus de vingt-quatre livres, ils en concluent qu'il fait sept à huit circulations par heure. Voyez SANG. Voyez le traité du cœur, de M. Senac, où tous les calculs sont analysés et appréciés.

On doit consulter le même traité, pour prendre une idée de la nécessité et des usages de la circulation pour la vie, de ceux que sa connaissance nous fournit pour le diagnostic et le traitement des maladies, et de l'avantage qu'elle donne aux Médecins modernes sur les anciens. (L)

Nous nous contenterons d'ajouter ici, que personne n'a encore mieux décrit et mieux prouvé la circulation que Harvey lui-même ; son traité est un chef-d'œuvre. Il ne faut cependant point oublier qu'on tire un argument invincible en faveur de la circulation, de ce qu'on a dit depuis Harvey, sur la transfusion, voyez TRANSFUSION et INJECTION, et les mots POULS et INFLAMMATION, où bien des questions qui ont un rapport singulier avec la circulation, sont examinées. Nous n'avons prétendu en faire ici qu'une exposition simple, qui peut suffire à ceux qui n'en ont point d'idée ; les questions qu'on peut proposer à l'égard de cette fonction, tiennent à toute la Médecine, qu'il aurait fallu parcourir dans toutes ses parties pour les examiner ; ce qui nous aurait mené trop loin.

CIRCULATION, se dit en parlant de la seve. Voyez SEVE et VEGETATION.

CIRCULATION, (Chimie) La circulation est une opération chimique qui consiste à appliquer un feu convenable à des matières enfermées dans des vaisseaux disposés de façon que les vapeurs qui s'élèvent de la matière traitée, soient continuellement condensées, et reportées sur la masse d'où elles ont été détachées.

Les vaisseaux destinés à cette opération sont les cucurbites et les matras de rencontre, les jumeaux et le pélican. Voyez ces articles particuliers.

Les usages de la circulation sont les mêmes que ceux de la digestion, dont la circulation n'est proprement qu'un degré, voyez DIGESTION ; et sa théorie est la même que celle de la distillation. Voyez DISTILLATION. (b)

CIRCULATION, en Géometrie. Le P. Guldin, jésuite, appelle voie de circulation la ligne droite ou courbe que décrit le centre de gravité d'une ligne ou d'une surface, qui par son mouvement produit une surface ou un solide. Voyez à l'article CENTROBARIQUE l'usage de la voie de circulation, pour déterminer les surfaces et les solides, tant curvilignes que rectilignes. Cette méthode fort ingénieuse en elle-même, n'est presque plus d'usage depuis la découverte du calcul intégral, qui fournit des méthodes plus aisées pour résoudre tous les problèmes de cette espèce. Voyez CENTRE DE GRAVITE. (O)