S. m. (Grammaire) ruine, destruction, chute, décadence totale : on dit le renversement des autels, le renversement des lais, le renversement de la fortune, celui d'un état.

RENVERSEMENT, (Marine) on sous-entend charger par ; c'est transporter la charge d'un vaisseau dans un autre.

RENVERSEMENT, en Musique, est le changement d'ordre dans les sons qui composent les accords, et dans les parties qui composent l'harmonie ; ce qui se fait en substituant à la basse par des octaves, les sons ou les parties qui sont au-dessus ; aux extrémités, celles qui occupent le milieu, et réciproquement.

Il est certain que, dans tout accord, il y a un ordre fondamental et naturel qui est le meilleur de tous ; mais les circonstances d'une succession, le gout, l'expression, le beau chant, la variété, obligent souvent le compositeur de changer cet ordre et de renverser les accords, et par conséquent la disposition des parties.

Comme trois choses peuvent être ordonnées en six manières, et quatre choses en vingt-quatre manières, il semble d'abord qu'un accord parfait devrait être susceptible de six renversements, et un accord dissonant de vingt-quatre, puisque celui-ci est composé de quatre sons différents, et l'autre de trois ; mais il faut observer que dans l'harmonie, on ne compte point pour des renversements toutes les dispositions différentes des sons supérieurs, tant que le même son demeure au grave. Ainsi ces deux dispositions, ut, mi, sol, et ut, sol, mi, de l'accord parfait, ne sont prises que pour un même renversement, et ne portent qu'un même nom ; ce qui réduit à trois tons les renversements de l'accord parfait, et à quatre, tous ceux de l'accord dissonant, c'est-à-dire à autant de renversements qu'il y a de sons différents qui composent l'accord, et qui peuvent se transporter successivement au grave, chacun à son tour.

Toutes fois donc que la basse fondamentale se fait entendre dans la partie la plus grave, ou, si la basse fondamentale ne s'y trouve pas, toutes les fois que l'ordre naturel s'observe dans les accords, l'harmonie est directe ; dès que cet ordre est changé, ou que le son fondamental n'étant pas au grave, se fait entendre dans quelque autre partie, l'harmonie est renversée. Renversement de l'accord, quand le son fondamental est transposé ; renversement des parties, quand le dessus ou quelque autre partie, marche comme devrait faire la basse fondamentale.

Par-tout où un accord sera bien placé, tous les renversements de cet accord seront bien placés aussi ; car c'est toujours la même succession fondamentale. Ainsi à chaque note de basse fondamentale, on est maître de disposer l'accord à sa volonté, et par conséquent, de faire à tout moment des renversements différents, pourvu qu'on ne change point la succession fondamentale et régulière ; que les dissonances soient toujours préparées et sauvées par la même partie qui les fait entendre ; que la note sensible monte toujours, et qu'on évite les fausses relations trop dures dans une même partie. Voilà la clé de ces différences mystérieuses, que mettent les compositeurs entre les accords où le dessus syncope, et ceux où la basse doit syncoper, comme entre la neuvième et la seconde ; c'est que, dans les premiers, l'accord est direct, et la dissonance dans le dessus ; dans les autres, l'accord est renversé, et la dissonance en est à la basse.

A l'égard des accords par supposition, il faut plus de précaution pour les renverser. Comme le son qu'on y ajoute à la basse est entièrement étranger à l'harmonie, souvent il n'y est souffert qu'à cause de son éloignement des autres sons, qui rend la dissonance moins sensible ; que si ce son ajouté vient à être transporté dans les parties supérieures, il y peut faire un très-mauvais effet ; et jamais cela ne saurait se pratiquer heureusement, sans retrancher quelqu'autre son de l'accord. Voyez au mot ACCORD, les cas et le choix de ces retranchements.

L'intelligence parfaite du renversement ne dépend que de l'étude et du travail ; le choix est autre chose, il y faut l'oreille et le gout. Il est certain que la basse fondamentale est faite pour soutenir l'harmonie, et régner au-dessus d'elle. Toutes les fois qu'on change cet ordre, et qu'on renverse l'harmonie, on doit avoir de bonnes raisons pour cela, sans quoi l'on tombera dans le défaut de nos musiques récentes, où les dessus chantent quelquefois comme des basses, et les basses toujours comme des dessus ; où tout est confus et mal ordonné, sans autre raison, ce semble, que de pervertir l'ordre établi, et de gâter l'harmonie. (S)

RENVERSEMENT, (Horlogerie) c'est dans les montres la mécanique par laquelle l'on borne l'étendue de l'arc du supplément, pour que la roue de rencontre reste en prise sur la palette ou sur le cylindre, pour pouvoir les ramener dans l'un et l'autre cas.

Dans l'échappement à palette bien fait, le balancier porte une cheville qui Ve s'appuyer contre les bouts de la coulisse, et le balancier peut décrire 240 degrés.

Dans celui à cylindre, le balancier porte de même une cheville qui Ve aussi s'appuyer sur les bouts de la coulisse, ou sur une cheville posée à cet effet, parce qu'on peut lui donner plus de 300 degrés à parcourir ; sans quoi la coulisse deviendrait trop courte pour la sûreté du rateau.

Dans les montres à vibration lente, telles que celles qui battent les secondes, il faut faire un renversement double, c'est-à-dire qu'il faut mettre deux chevilles au balancier, vis-à-vis l'une de l'autre ; l'une en-dessus, l'autre en-dessous ; et au moyen de ces deux chevilles, placées aussi vis-à-vis l'une de l'autre sous le coq, le balancier vient borner ses arcs par les deux extrémités de son diamètre ; et par-là les pivots sont plus en sûreté que si le balancier n'était retenu que par son rayon. Cela est nécessaire dans les montres qui battent les secondes, parce que leurs balanciers sont pesans, et le ressort spiral faible. Je donne un tour à parcourir aux balanciers de ces sortes de montres. Article de M. ROMILLY.