VIEUX, ANTIQUE, (Grammaire) ils enchérissent tous les uns sur les autres. Une mode est vieille, quand elle cesse d'être en usage ; elle est ancienne, quand il y a longtemps déjà que l'usage en est passé ; elle est antique, quand il y a longtemps qu'elle est ancienne. Récent est opposé à vieux ; nouveau à ancien ; moderne à antique. La vieillesse convient à l'homme ; l'ancienneté à la famille ; l'antiquité aux monuments : la vieillesse est décrépite ; l'ancienneté immémoriale, et l'antiquité reculée. La vieillesse diminue les forces du corps, et augmente la présence d'esprit ; l'ancienneté ôte l'agrément aux étoffes, et donne de l'autorité aux titres ; l'antiquité affoiblit les témoignages, et donne du prix aux monuments. Voyez les Syn. Français.

ANCIENS, dans l'histoire des Juifs, c'était les personnes les plus respectables par l'âge, l'expérience, et la vertu. On les trouve appelés dans l'Exode tantôt seniores, et tantôt principes synagogae ; ce fut Moyse qui les établit par l'ordre de Dieu pour l'aider dans le gouvernement du peuple d'Israèl ; et il est dit que Moyse les fit assembler, et leur exposa ce que le Seigneur lui avait commandé. Long-temps après, ceux qui tenaient le premier rang dans les synagogues s'appelèrent zekenim, anciens, à l'imitation des 70 anciens que Moyse établit pour être juges de Sanhédrin. Voyez SANHEDRIN.

Celui qui présidait prenait plus particulièrement le nom d’ancien, parce qu’il était comme le doyen des anciens, decanus seniorum. Dans les assemblées des premiers Chrétiens, ceux qui tenaient le premier rang prenaient aussi le nom de Presbyteri, qui à la lettre signifie anciens. Ainsi la seconde épitre de S. Jean qui dans le Grec commence par ces mots πρεσϐύτερος Ἐλεκτῇ, et la troisième par ceux-ci πρεσϐύτερος Γαιῷ, sont rendus ainsi par la vulgate. senior Electæ, senior Gaio. Il faut pourtant mettre cette différence entre les anciens des Juifs et ceux des Chrétiens, que les premiers n’avaient qu’une députation extérieure et de police seulement, dépendante du choix du législateur, au lieu que les autres ont toujours eu en vertu de leur ordination un caractère inhérent, et comme parlent les Scholastiques, indélébîle ; ce qu’on prouve par le chap xiv. des Actes des Apôtres, Ve 22. où la Vulgate dit : cum constituissent illis per singulas ecclesias presbyteros. Le Grec rend le verbe constituissent par χειροτονήσαντες, c’est-à-dire, cum manuum impositione consecrassent. Voyez EVEQUE et PRETRE.

Le président ou évêque prenait la qualité d'ancien ; c'est ainsi que S. Pierre dans sa première Epitre. ch. Ve verset 5. s'adressant aux anciens leur dit, seniores, , qui in vobis sunt obsecro, consenior, : ce qui a donné lieu de confondre la qualité d'évêque avec celle de prêtre à ceux qui ont contesté la supériorité des évêques. Voyez EPISCOPAT.

Par la même raison les assemblées des ministres de l'Eglise, dans les temps de sa naissance, étaient appelés presbyteria ou presbyterium, conseil des anciens. L'Evêque y présidait en qualité de premier ancien, et était assis au milieu des autres anciens : ceux-ci, c'est-à-dire les prêtres, avaient à leurs côtés leurs chaires de juges ; c'est pourquoi ils sont appelés par les Peres assessores episcoporum. Il ne s'exécutait rien de considérable qui n'eut été auparavant délibéré dans cette assemblée, où l'évêque était le chef du corps des prêtres ou anciens, parce qu'alors la juridiction épiscopale ne s'exerçait pas par l'évêque seul, mais par l'évêque assisté des anciens, dont il était le président. Voyez EVEQUE.

ANCIEN, est encore un titre fort respecté chez les Protestants. C'est ainsi qu'ils appellent les officiers, qui conjointement avec leurs pasteurs ou ministres, composent leurs consistoires ou assemblées pour veiller à la Religion et à l'observation de la discipline ; on choisit les anciens d'entre le peuple, et on pratique quelques cérémonies à leur réception. Lorsque les Calvinistes étaient tolérés en France, le nombre de ces anciens était fixé, et il leur était défendu par un édit de Louis XIV. en 1680 de souffrir aucun Catholique Romain dans leurs prêches.

En Ecosse il y a dans chaque paraisse un nombre illimité de ces anciens, qui ne passe pourtant pas ordinairement celui de douze, le gouvernement presbytérien dominant principalement dans ce royaume. Voyez PRESBYTERIEN.

Chamberlayne fait mention d'un ancien régulateur choisi dans chaque paraisse par le consistoire, et dont le choix est ensuite confirmé par les habitants, après une information exacte et scrupuleuse de ses vie et mœurs. Il ajoute que le ministre l'ordonne, et que ses fonctions sont à vie ; qu'elles consistent à aider le ministre dans l'inspection qu'il a sur les mœurs, dans ses visites, catéchismes, prières pour les malades, monitions particulières, et à l'administration de la cène. Tout cela parait d'autant moins fondé, que toutes ces fonctions sont les mêmes que celles des simples anciens dans les églises presbytériennes : quand aux anciens régulateurs, on n'y connait rien de semblable, si ce n'est dans les assemblées générales, où ces anciens régulateurs font l'office de députés ou de représentants des églises. Voyez SYNODE, etc. (G)

ANCIENNE ASTRONOMIE, se dit quelquefois de l'Astronomie des anciens qui, suivant le système de Ptolomée, mettaient la terre au centre du monde, et faisaient tourner le soleil autour d'elle ; et quelquefois de l'astronomie de Copernic même, qui en plaçant le soleil au centre de l'orbite terrestre, ou dans quelque autre point au dedans de cette orbite, faisait décrire aux planètes des cercles autour du soleil, et non des ellipses, qu'elles décrivent en effet. Voyez ASTRONOMIE. Voyez aussi PLANETE, COPERNIC, ORBITE, etc.

ANCIENNE GEOMETRIE peut s'entendre aussi de deux manières ; ou de la Géométrie des anciens, jusqu'à Descartes, dans laquelle on ne faisait aucun usage du calcul analytique, ou de la Géométrie depuis Descartes jusqu'à l'invention des calculs différentiel et intégral. Voyez ALGEBRE, DIFFERENTIEL, INTEGRAL, etc. Voyez aussi GEOMETRIE. (O)

ANCILE, subst. m. en Antiquités, espèce de boucliers de bronze que les anciens prétendaient avoir été envoyés du ciel à Numa Pompilius ; ils ajoutaient que l'on avait entendu en même temps une voix qui promettait à Rome l'empire du monde, tant qu'elle conserverait ce présent. Voyez PALLADIUM.

Les auteurs sont partagés sur l'étymologie et sur l'orthographe de ce mot. Camerarius et Muret le prétendent Grec, et le font venir de ἄγκυλος, courbé ; aussi écrivent-ils ancyle, ancylia, toujours avec un y : nous lisons certainement dans Plutarque ἀγκύλια. Juba dans son histoire, soutient que ce mot est originairement Grec. Mais on ne peut concilier cette orthographe avec les manuscrits et les médailles, où ce mot se trouve écrit avec un i simple ; Varron le fait venir de ancilia, ab ancisu, et suppose que ce nom fut donné à une espèce de boucliers échancrés ou dentelés à la manière des peltæ de Thrace.

Plutarque même dit que telle était la figure de l'ancîle ; mais il diffère de Varron, en ce qu'il prétend que les petits boucliers des Thraces n'avaient point cette figure, et qu'ils étaient ronds : Ovide parait en avoir eu la même idée ; suivant ce poète, la rondeur de ce bouclier le fit nommer ancîle ; c'est-à-dire, ancisum, de am, et caedo, également coupé en rond.

Plutarque lui trouve encore d’autres etymologies, par exemple, il dérive ancîle de ἀγκὼν, parce que l’on portait ce bouclier au coude. Quoiqu’il n’en fût tombé qu’un des nues, on en conservait douze à ce titre ; Numa par l’avis, disait-on, de la nymphe Egerie, ayant ordonné à Veturius Manurius d’en fabriquer onze autres parfaitement semblables au premier, afin que si quelqu’un entreprenait de se dérober, il ne put jamais savoir lequel des douze était le véritable ancile.Ces anciles étaient conservés dans le temple de Mars, et la garde en était confiée à douze prêtres nommés Saliens, établis pour vaquer à ce ministère. Voyez SALIEN.

On les portait chaque année dans le mois de Mars en procession autour de Rome ; et le troisième jour de ce mois, on les remettait en leur place. (G)