v. act. (Grammaire) Excepté les auxiliaires être et avoir, il n'y a peut-être aucun autre verbe dont l'usage soit plus étendu dans notre langue que celui du verbe faire. Etre désigne l'existence et l'état ; avoir, la possession ; et faire, l'action. Nous n'entrerons point dans la multitude infinie des applications de ce mot ; on les trouvera aux actions auxquelles elles se rapportent.

FAIRE, verbe qui, dans le Commerce, a différentes acceptions, déterminées par les divers termes qu'on y joint, et dont voici les principales.

Faire prix d'une chose ; c'est convenir entre le vendeur et l'acheteur, de la somme pour laquelle le premier la livrera à l'autre.

Faire trop chère une marchandise ; c'est la priser au-delà de sa valeur.

Faire pour un autre ; c'est être son commissionnaire, vendre pour lui.

Faire bon pour quelqu'un ; c'est être sa caution, promettre de payer pour lui.

Faire bon, signifie aussi tenir compte à quelqu'un d'une somme à l'acquit d'un autre. J'ai ordre de M. N. de vous faire bon de 3000 liv. c'est-à-dire de vous payer pour lui 3000 liv.

Faire les deniers bons ; c'est s'engager à suppléer de son argent ce qui peut manquer à une somme promise.

Faire faillite, banqueroute, cession de biens. Voyez FAILLITE, BANQUEROUTE, CESSION.

Faire un trou à la lune ; c'est s'évader clandestinement pour ne pas payer ses dettes, ou être en état de traiter plus surement avec ses créanciers en mettant sa personne à couvert.

Faire de l'argent ; c'est recueillir de l'argent de ses débiteurs, ou en ramasser par la vente de ses marchandises, fonds, meubles, etc. pour acquitter ses billets, promesses, lettres de change, ou autres dettes.

Faire des huiles, faire des beurres, faire des eaux-de-vie, signifie fabriquer de ces sortes de marchandises ; il signifie aussi, parmi les Négociants, faire emplette de ces marchandises, en acheter par soi-même ou par ses commissionnaires et correspondants. Je compte faire cette année cent barriques d'eau-de-vie à Cognac.

Faire fond sur quelqu'un, sur sa bourse ; c'est avoir confiance qu'un ami, un parent vous aidera de son crédit ou de son argent.

Faire un fonds ; c'est rassembler de l'argent et le destiner à quelque grosse entreprise.

Faire une bonne maison, faire ses affaires ; c'est s'enrichir par son commerce.

Faire queue ; c'est demeurer reliquataire, et ne pas faire l'entier payement de la somme qu'on devait acquitter.

Faire traite, se dit en Canada du commerce que font les François des castors et autres pelletteries, que les Sauvages leur apportent dans leurs maisons ; ce qui est fort différent d'aller en traite, ou porter aux Sauvages jusque dans leurs habitations les marchandises qu'on veut échanger avec eux. Voyez TRAITE.

On se sert aussi de ce terme pour signifier l'achat qu'on fait des Nègres sur les côtes de Guinée, et qu'on transporte en Amérique. Voyez NEGRES et ASSIENTE. Cet article est tiré du Dictionnaire de Comm. (G)

FAIRE LE NORD, LE SUD, L'EST, ou L'OUEST, (Marine) c'est naviger, faire route, ou courir au nord, au sud, à l'est, etc.

Ce mot faire est appliqué à beaucoup d'usages particuliers dans la Marine, dont il faut faire connaître les principaux.

Faire canal ; c'est traverser une étendue de mer pour passer d'une terre à une autre ; ce terme s'applique plutôt aux galeres qu'aux vaisseaux.

Faire vent arrière ; c'est prendre vent en poupe.

Faire route ; c'est courir, naviger, ou cingler sur la mer.

Faire voîle ; c'est partir et cingler pour un endroit.

Faire petites voiles ; c'est ne porter qu'une partie de ses voiles.

Faire plus de voiles ; c'est déferler et déployer plus de voiles qu'on n'en avait.

Faire servir les voiles : c'est mettre le vent dedans et les empêcher de pliasser.

Faire force de voiles ; c'est porter autant de voiles qu'il est possible pour faire plus de diligence, soit pour chasser quelque vaisseau, ou pour éviter d'être joint si l'on était chassé.

Faire un bord ou une bordée ; c'est pousser la bordée soit à bas-bord, soit à tribord. Voyez BORD et BORDEE.

Faire la paransane ; c'est se préparer à faire route en mettant les ancres, les voiles, et les manœuvres en état. Cette expression n'est pas d'usage ; les Levantins sont les seuls qui s'en servent.

Faire eau, se dit lorsque l'eau entre dans le vaisseau par quelque ouverture.

Faire de l'eau, faire aiguade ; c'est emplir les futailles d'eau douce pour la provision du vaisseau. Voyez EAU.

Faire du bois ; c'est faire la provision de bois pour le vaisseau, ou la renouveller lorsqu'on est de relâche.

Faire chapelle ; c'est revirer malgré soi. Voyez CHAPELLE.

Faire pavillon ; c'est arborer un pavillon quelconque, suivant les circonstances : on dit faire pavillon de France, faire pavillon blanc, etc. Voyez PAVILLON.

Faire des feux ; c'est mettre des fanaux en différents endroits du vaisseau, pour faire connaître aux autres vaisseaux avec lesquels on est en flotte, qu'on est incommodé et qu'on a besoin de secours. (Z)

FAIRE, s. m. terme de Peinture. Le mot faire tient ici le lieu de substantif. On dit le faire d'un tel artiste est peu agréable. On se recrie en voyant les ouvrages de Rubens et de Wandyck, sur le beau faire de ces deux peintres. C'est à la pratique de la peinture, c'est au mécanisme de la brosse et de la main, que tient principalement cette expression ; et on en sentira aisément la signification, si l'on veut bien donner quelque attention à la fin de l'article FACILITE. Article de M. WATELET.

Faire signifie quelquefois peindre. Faire l'histoire, faire le portrait, faire les animaux, etc. c'est peindre l'histoire, etc.

FAIRE TIRER LES TENONS, (Charpentier) c'est percer les trous de biais du côté de l'épaulement du tenon, pour qu'il joigne mieux.

FAIRE FAIRE, en termes de Charpentiers ; c'est lorsqu'ils veulent monter quelques grosses pièces de bois au haut des édifices, et c'est comme si l'on disait : fais tourner le treuil pour monter cette pièce.

FAIRE LES NOMS, (Relieur, Doreur) Voyez ALPHABET.