adj. en terme de Grammaire : on dit, accent grave, accent aigu, accent circonflexe ; et cela se dit également et des différentes élévations du son, et des signes prosodiques qui les caractérisent dans les langues anciennes, et des mêmes caractères, tels que nous les employons aujourd'hui, quoique destinés à une autre fin (voyez ACCENT). (E. R. M.)

GRAVE, (Physique) signifie la même chose que pesant ; on dit un corps grave, les graves. Voyez ci-après GRAVITE.

GRAVE, GRAVITE, (Grammaire, Littérature et Morale) Grave, au sens moral, tient toujours du Physique ; il exprime quelque chose de poids. C'est pourquoi on dit, un homme, un auteur, des maximes de poids, pour homme, auteur, maximes graves. Le grave est au sérieux ce que le plaisant est à l'enjoué : il a un degré de plus ; et ce degré est considérable. On peut être sérieux par humeur, et même faute d'idées. On est grave ou par bienséance, ou par l'importance des idées qui donnent de la gravité. Il y a de la différence entre être grave et être un homme grave. C'est un défaut d'être grave hors de propos. Celui qui est grave dans la société est rarement recherché. Un homme grave est celui qui s'est concilié de l'autorité plus par sa sagesse que par son maintien.

Pietate gravem ac meritis si fortè virum quem.

L'air décent est nécessaire par-tout ; mais l'air grave n'est convenable que dans les fonctions d'un ministère important, dans un conseil. Quand la gravité n'est que dans le maintien, comme il arrive très-souvent, on dit gravement des inepties. Cette espèce de ridicule inspire de l'aversion. On ne pardonne pas à qui veut en imposer par cet air d'autorité et de suffisance.

Le duc de la Rochefoucauld a dit que, la gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l'esprit. Sans examiner si cette expression, mystère du corps, est naturelle et juste, il suffit de remarquer que la réflexion est vraie pour tous ceux qui affectent la gravité, mais non pour ceux qui ont dans l'occasion une gravité convenable à la place qu'ils tiennent, au lieu où ils sont, aux matières qu'on traite.

Un auteur grave est celui dont les opinions sont suivies dans les matières contentieuses. On ne le dit pas d'un auteur qui a écrit sur des choses hors de doute. Il serait ridicule d'appeler Euclide, Archimède, des auteurs graves.

Il y a de la gravité dans le style. Tite-Live, de Thou, ont écrit avec gravité. On ne peut pas dire la même chose de Tacite, qui a recherché la précision, et qui laisse voir de la malignité ; encore moins du cardinal de Retz, qui met quelquefois dans ses récits une gaieté déplacée, et qui s'écarte quelquefois des bienséances.

Le style grave évite les saillies, les plaisanteries ; s'il s'élève quelquefois au sublime, si dans l'occasion il est touchant, il rentre bien-tôt dans cette sagesse, dans cette simplicité noble qui fait son caractère ; il a de la force, mais peu de hardiesse. Sa plus grande difficulté est de n'être point monotone.

Affaire grave, cas grave, se dit plutôt d'une cause criminelle que d'un procès civil. Maladie grave suppose du danger. Article de M. DE VOLTAIRE.

GRAVE, adj. (Musique) son grave. Voyez SON et GRAVITE. (S)

GRAVE, ou GRAVEMENT, adv. (Musique) dans la musique italienne, c'est le mouvement le plus lent ; dans la française, il est seulement le second en lenteur. Le premier s'indique par le mot lentement. (S)

GRAVE, s. f. (Marine) c'est un terrain plein de cailloutage situé au bord de la mer, sur lequel les pêcheurs étendent la morue ou autres poissons qu'ils veulent faire sécher. Le mot grave n'est d'usage que dans l'île de Terre-neuve, l'Isle-royale, et le golfe Saint-Laurent, où la pêche est considérable. (Z)

GRAVE, Gravia, (Géographie) forte ville des Pays-Bas dans le Brabant hollandais. Elle est sur la rive gauche de la Meuse qui remplit ses fossés, à 2 lieues de Cuyk, à 3 de Nimegue, 6 de Bois-le-Duc, 26 N. E. de Bruxelles. Long. 23. 16. lat. 51. 46. (D.J.)