S. m. (Grammaire) les habitations des particuliers prennent différents noms, selon les différents états de ceux qui les occupent. On dit la maison d'un bourgeois, l'hôtel d'un grand, le palais d'un prince ou d'un roi. L'hôtel est toujours un grand bâtiment annoncé par le faste de son extérieur, l'étendue qu'il embrasse, le nombre et la diversité de ses logements, et la richesse de sa décoration intérieure. On en trouvera un modèle dans nos Planches d'Architecture.

HOTEL DE VILLE, ou MAISON DE VILLE, ou MAISON COMMUNE DE VILLE, (Jurisprudence) est le lieu public où se tient le conseil des officiers et bourgeois d'une ville pour délibérer sur les affaires communes.

L'établissement des premiers hôtels de ville remonte au temps de l'établissement des communes, et conséquemment vers le commencement du XIIe siècle. Voyez COMMUNES. (A)

HOTEL d'un ambassadeur, (Droit des gens) c'est ainsi qu'on nomme toute maison que prend un ambassadeur ou ministre, dans le lieu où il Ve résider pour y exercer sa fonction.

On regarde par toute l'Europe les hôtels des ambassadeurs comme des asiles pour eux et pour leurs domestiques. En effet, un ambassadeur et ses gens ne peuvent pas dépendre du souverain chez lequel il est envoyé, ni de ses tribunaux ; aucun obstacle ne doit l'empêcher d'aller, de venir, d'agir librement ; on pourrait lui imputer des crimes, dit fort bien M. de Montesquieu, s'il pouvait être arrêté pour des crimes ; on pourrait lui supposer des dettes, s'il pouvait être arrêté pour dettes ; sa maison est donc sacrée, et l'on ne peut l'accuser que devant son maître, qui est son juge ou son complice.

Mais on demande si leurs hôtels sont aussi des asiles pour les scélérats qui s'y réfugieraient. Quelques-uns distinguent la nature des crimes commis par ceux qui viennent à se retirer chez un ambassadeur ; mais une distinction arbitraire, et sur laquelle on peut contester, n'est pas propre à décider la question proposée. On écrivit en France plusieurs brochures dans le dernier siècle, en faveur de l'asîle sans exception ; mais c'est qu'alors il s'agissait de la grande affaire arrivée à Rome pendant l'ambassade de M. de Créquy. On tiendrait aujourd'hui un tout autre langage, si la contestation s'élevait à Paris, avec quelqu'un des ministres étrangers.

Grotius croit qu'il dépend du souverain auprès duquel l'ambassadeur réside, d'accorder ou de refuser le privilège, parce que le droit des gens ne demande rien de semblable.

Il est du moins certain que l'extension des prérogatives des ambassadeurs à cet égard, ne peut qu'être nuisible, en entretenant l'abus des asiles, qui est toujours un grand mal. Mais pour abréger, voyez sur cette matière, Thomasius, de jure asyli legatorum oedibus competente, et Bynkershoèk du juge compétent des ambassadeurs, ch. xxj. Je ne nomme pas M. de Wicquefort, parce qu'il n'a point traité ce sujet sur des principes fixes. (D.J.)

HOTEL DES INVALIDES, voyez INVALIDES.

HOTEL DE LA MONNOYE, voyez MONNOYE.

HOTEL-DIEU, (Histoire moderne) c'est le plus étendu, le plus nombreux, le plus riche, et le plus effrayant de tous nos hôpitaux.

Voici le tableau que les administrateurs eux-mêmes en ont tracé à la tête des comptes qu'ils rendaient au public dans le siècle passé.

Qu'on se représente une longue enfilade de salles contiguès, où l'on rassemble des malades de toute espèce, et où l'on en entasse souvent trois, quatre, cinq et six dans un même lit ; les vivants à côté des moribonds et des morts ; l'air infecté des exhalaisons de cette multitude de corps mal-sains, portant des uns aux autres les germes pestilentiels de leurs infirmités ; et le spectacle de la douleur et de l'agonie de tous côtés offert et reçu. Voilà l'hôtel-Dieu.

Aussi de ces misérables les uns sortent avec des maux qu'ils n'avaient point apportés dans cet hôpital, et que souvent ils vont communiquer au-dehors à ceux avec lesquels ils vivent. D'autres guéris imparfaitement, passent le reste de leurs jours dans une convalescence aussi cruelle que la maladie ; et le reste périt, à l'exception d'un petit nombre qu'un tempérament robuste soutient.

L'hôtel-Dieu est fort ancien. Il est situé dans la maison même d'Ercembalus, préfet ou gouverneur de Paris sous Clotaire III. en 665. Il s'est successivement accru et enrichi. On a proposé en différents temps des projets de réforme qui n'ont jamais pu s'exécuter, et il est resté comme un gouffre toujours ouvert, où les vies des hommes avec les aumônes des particuliers vont se perdre.