adj. (Grammaire) Celui qui médit d'un Dieu qu'il adore au fond de son cœur. Il ne faut pas confondre l'incrédule et l'impie. L'incrédule est un homme à plaindre ; l'impie est un méchant à mépriser. Les chrétiens qui savent que la foi est le plus grand de tous les dons, doivent être plus circonspects que les autres hommes, dans l'application de cette injurieuse épithète. Ils n'ignorent pas qu'elle devient une espèce de dénonciation, et qu'on compromet la fortune, le repos, la liberté, et même la vie de celui qu'on se plait à traduire comme un impie. Il y a beaucoup de livres hétérodoxes, il y a peu de livres impies. On ne doit regarder comme impies que les ouvrages où l'auteur inconséquent et hérétique blasphême contre la religion qu'il avoue. Un homme a ses doutes ; il les propose au public. Il me semble qu'au lieu de bruler son livre, il vaudrait beaucoup mieux l'envoyer en sorbonne, pour qu'on en préparât une édition où l'on verrait, d'un côté les objections de l'auteur, de l'autre les réponses des docteurs. Que nous apprennent une censure qui proscrit, un arrêt qui condamne au feu ? rien. Ne serait-ce pas le comble de la témérité, que de douter que nos habiles théologiens dispersassent comme la poussière toutes les misérables subtilités du mécréant. Il en serait ramené dans le sein de l'Eglise, et tous les fidèles édifiés s'en fortifieraient encore dans leur foi. Un homme de goût avait proposé à l'académie française une occupation bien digne d'elle, c'était de publier de nos meilleurs auteurs, des éditions où ils remarqueraient toutes les fautes de langue qui leur auraient échappé. J'oserais proposer à la sorbonne un projet bien digne d'elle, et d'une toute autre importance ; ce serait de nous donner des éditions de nos hétérodoxes les plus célébres, avec une réfutation, page à page. D'impie on fait impieté.