S. f. (Grammaire) l'action de sortir, ou passage d'un lieu qu'on regardait comme sa première demeure dans un autre. J'en suis à ma première sortie. Ce mot a quelquefois rapport au temps, à la sortie de l'hiver, à la fin d'une occupation, à la sortie de ce livre. Aux issues d'une maison, j'ai deux sorties, et cela m'est fort commode, je m'échappe et je rentre quand il me plait et sans qu'on le sache ; aux voies qu'on ouvre aux eaux, à l'air, à un fluide dont le séjour incommoderait ; j'ai pratiqué une sortie à ces vapeurs.

SORTIE, (Fortification) terme dont on se sert dans l'art militaire pour exprimer l'action par laquelle les assiégés sortent de leurs villes ou de leurs forteresses, afin de chasser les assiégeants, d'enclouer leur canon, d'empêcher leurs approches, et de détruire leurs ouvrages, etc. On dit, faire une sortie, repousser une sortie, etc. On est coupé dans une sortie, lorsque l'ennemi se place entre ceux qui sont sortis et leur ville. Chambers.

Ceux qui se tiennent toujours dans leur place sans faire des sorties, sont, dit le chevalier de la Ville, semblables à ceux qui ne se soucient point du feu qui est dans la maison du voisin, et qui ne se meuvent pour l'éteindre, que lorsqu'il a pris à la leur. En effet, les assiégeants avançant toujours leurs travaux vers la place, il est de la dernière importance de travailler de bonne heure à en arrêter le progrès ; c'est à quoi les sorties sont excellentes lorsqu'elles sont bien disposées et bien conduites ; car autrement elles avanceraient plutôt la prise de la place qu'elles ne la retarderaient. Quelques avantageuses que soient les sorties, on ne peut pas en faire indifféremment dans toutes sortes de places ; il faut pour en entreprendre que la garnison soit nombreuse. Une garnison faible et qui serait amplement fournie de toutes les munitions nécessaires pour se défendre et pour subsister longtemps dans la ville, devrait être fort circonspecte dans les sorties. Mais une garnison nombreuse et qui n'est pas d'ailleurs fournie pour longtemps de vivres et d'autres munitions, doit fatiguer l'ennemi autant qu'il lui est possible, par de très-fréquentes sorties : c'est aussi le parti que l'on doit prendre dans une ville dont les fortifications sont mauvaises ; on ne doit pas se laisser renfermer, pour être obligé de se rendre, pour ainsi dire, sans résistance. Il faut fatiguer l'ennemi continuellement, le tenir éloigné de la place le plus longtemps qu'il est possible, et n'omettre aucune chicane pour lui disputer l'approche du glacis et la prise du chemin couvert. C'est ainsi que M. le marquis d'Uxelles, depuis maréchal de France, en usa dans la défense de Mayence en 1689. Il défendit cette ville, assez grande et très-mal fortifiée, pendant plus de deux mois, par le secours d'une garnison excellente, et il fut obligé de capituler faute de poudre et de munitions, étant encore maître de son chemin couvert, et même, pour ainsi dire, de tous ses glacis, puisque l'ennemi n'y avait qu'un logement sur le haut, encore, dit M. de Feuquières, M. le Marquis d'Uxelles le laissa-t-il faire pour avoir prétexte de capituler, et que l'ennemi ne put pas soupçonner qu'il se rendait faute de poudre. A Keiservert en 1702, la place fort mauvaise par elle-même, ne fut encore défendue que par de nombreuses sorties, qui firent payer la prise cher à l'ennemi. Dans des cas semblables, on ne doit point se négliger pour les sorties ; pour qu'elles réussissent, il faut qu'elles soient faites avec art et intelligence ; c'est, dit M. le maréchal de Vauban, dans ces sortes d'actions que la vigueur, la diligence et la bonne conduite doivent paraitre dans tout leur éclat et dans toute leur étendue.

Lorsque l'ennemi est encore loin de la place, les sorties sont très-périlleuses, parce que l'ennemi peut avec sa cavalerie, leur couper la retraite dans la ville ; mais lorsqu'il a établi sa seconde parallèle et qu'il pousse les boyaux de la tranchée en avant pour parvenir à la troisième au pied du glacis, c'est alors qu'on peut sortir sur lui ; on le peut même, si l'on prend bien ses précautions, lorsqu'il travaille à sa seconde parallèle, et qu'elle n'est point encore achevée entièrement ; mais où elles doivent être les plus fréquentes, c'est lorsque l'assiégeant est parvenu à la troisième parallèle et qu'il veut s'établir sur le glacis. On ne craint plus alors d'être coupé, et on peut le surprendre d'autant plus aisément, qu'on peut tomber sur lui d'abord et le culbuter sans lui donner le temps de se reconnaître.

Les sorties peuvent être ou grandes ou petites ; les grandes doivent être au moins de 5 ou 600 hommes, ou proportionnées à la garde de la tranchée, et les plus petites seulement de 10, 15, ou 20 hommes.

L'objet des grandes sorties doit être de détruire et de raser une grande partie des travaux de l'assiégeant, afin de le mettre dans la nécessité de les recommencer, d'enclouer le canon des batteries, de reprendre quelque poste que l'on aura abandonné, et enfin de nuire à l'ennemi en retardant ses travaux, pour reculer par-là la prise de la place.

Pour les petites sorties, elles ne se font que pour donner de l'inquiétude aux têtes de la tranchée, pour effrayer les travailleurs, et pour les obliger de se retirer. Comme il faut toujours quelque temps pour les rappeler et les remettre dans l'obligation de continuer leur travail, il y a un temps de perdu, qui retarde toujours l'avancement et le progrès des travaux.

Le temps le plus propre pour les grandes sorties, est deux heures avant le jour ; le soldat est alors fatigué du travail de la nuit et accablé de sommeil, il doit par cette raison être plus aisé à surprendre et à combattre. Lorsqu'il a fait de grandes pluies pendant la nuit, et que le soldat ne peut faire usage de son feu, c'est encore une circonstance bien favorable ; il ne faut rien négliger pour le surprendre : car ce n'est, pour ainsi dire, que par la surprise que l'on peut tirer quelque avantage d'une sortie.

Pour les petites sorties, dont l'objet est de donner simplement de l'inquiétude aux assiégeants, sans pouvoir leur faire grand mal, voici comme elles se font. On choisit, pour les faire, des soldats hardis et valeureux, au nombre, comme nous l'avons dit, de 10, 15 ou 20, qui doivent s'approcher doucement de la tête des travaux des assiégeants, et se jeter ensuite promptement dessus, en criant, tue, tue, et jetant quelques grenades ; ensuite de quoi ils doivent se retirer bien vite dans la place ; l'alarme qu'ils donnent ainsi est suffisante pour faire fuir les travailleurs, qui ne demandent pas mieux que d'avoir un prétexte spécieux pour s'enfuir, sans, dit M. Goulon, qu'il soit possible de les en empêcher, et de les rassembler toute la nuit, ce qui la fait perdre aux assiégeants. Si, dit le même auteur, les assiégeants s'accoutument à ces petites sorties, et qu'ils ne s'en ébranlent plus, les assiégés s'en apercevant, feront suivre ces petites sorties d'une bonne, laquelle n'étant point attendue, renversera sans difficulté les travailleurs et ceux qui les couvrent : après quoi elle se retirera sans s'opiniâtrer au combat, pour ne pas avoir toute la tranchée sur les bras. (Q)

SORTIE, (Hydraulique) c'est l'ouverture circulaire ou l'orifice d'un ajutage par où l'eau s'élance en l'air et forme un jet d'eau. Voyez ORIFICE. (K)

SORTIE, s. f. (Commerce) c'est le passage d'un lieu à un autre. Il n'y a guère de souverains qui n'ait établi des droits sur les marchandises qui entrent dans leurs états ou qui en sortent ; mais les souverains qui ont le moins établi de ces droits en général, sont les plus éclairés. Il ne faut aucun de ces droits dans un même royaume, qui est sous la domination du même souverain. (D.J.)