v. act. (Grammaire) terme relatif au mouvement de bas en haut. Voyez quelques-unes de ces acceptions, au simple et au figuré, aux articles LEVE, LEVEE, et ceux qui suivent.

LEVER, Ve act. (Géométrie) on dit, dans la Géométrie-pratique, lever un plan ; c'est prendre avec un instrument la grandeur des angles, qui déterminent la longueur et la disposition des lignes par lesquelles est terminé le terrain dont on se proposait de lever le plan. Voyez PLANCHETTE, DEMI-CERCLE, GRAPHOMETRE, etc.

Lever un plan et faire un plan sont deux opérations très-distinctes. On lève un plan, en travaillant sur le terrain, c'est-à-dire, en prenant des angles et en mesurant des lignes, dont on écrit les dimensions dans un registre, afin de s'en ressouvenir, pour faire le plan ; ce qui consiste à tracer en petit sur du papier, du carton ou toute autre matière semblable, les angles et les lignes déterminés sur le terrain dont on a levé le plan, de manière que la figure tracée sur la carte, ou décrite sur le papier, soit tout à fait semblable à celle du terrain, et possède en petit, quant à ses dimensions, tout ce que l'autre contient en grand. Voyez PLAN, CARTE, etc. (E)

LEVER, s. f. terme d'Astronomie, c'est la première apparition du soleil, d'une étoîle ou d'un autre astre sur l'horizon, lorsqu'il ne fait que de sortir de l'hémisphère opposé à celui que le spectateur habite. Voyez HORISON, etc. voyez aussi AMPLITUDE.

La réfraction des rayons dans l'atmosphère avance le lever des corps célestes, c'est-à-dire, fait qu'ils paraissent sur l'horizon, lorsqu'ils sont encore réellement dessous. Voyez REFRACTION.

Il y a pour les Poètes trois sortes de levers des étoiles. Le lever cosmique, lorsqu'une étoîle se lève avec le soleil. Voyez COSMIQUE.

Le lever acronyque, lorsqu'une étoîle s'élève en même temps que le soleil se couche. Voyez ACRONYQUE.

Le lever héliaque, solaire ou apparent. C'est celui d'une étoîle qui parait sortir des rayons du soleil proche l'horizon, et cesse d'être cachée par l'éclat de cet astre, ce qui arrive environ 20 jours après la conjonction de l'étoîle avec le soleil, le nombre de jours étant plus ou moins grand, selon la grandeur de l'étoile, la distance, etc. Voyez HELIAQUE.

Hésiode a remarqué, il y a longtemps, que Sirius était caché par le soleil l'espace de 40 jours, c'est-à-dire, 20 jours avant son lever cosmique, et 20 après. Quelques nations d'Amérique, entr'autres les sauvages de l'île de Cayenne, règlent leur année civîle par le cours de Sirius, et la commencent au lever héliaque de cette étoile. Voyez CANICULE, CANICULAIRE et SIRIUS.

Pour trouver par le moyen du globe le lever, etc. d'une étoîle ou du soleil, voyez GLOBE. Chambers. (O)

LEVER UN SIEGE, (Art militaire) c'est décamper de devant une place assiégée, et abandonner l'opération du siege lorsqu'il n'y a nulle apparence de pouvoir réduire la place.

On peut lever un siège par différentes raisons, comme par exemple lorsqu'il vient au secours une armée trop considérable pour qu'on puisse lui résister ; lorsque le siège a été commencé dans l'arrière saison, et que le mauvais temps et les maladies ne permettent pas d'avoir assez de monde pour résister à la garnison ; lorsqu'on manque de vivres et de munitions ; que l'ennemi a intercepté les convais qui venaient aux assiégeants, ou qu'il s'est emparé de leurs principaux magasins. Dans ces circonstances, on se trouve dans la triste nécessité d'abandonner le siège, c'est-à-dire de le lever.

Si l'on craint d'être incommodé par la garnison dans la retraite, on lui en cache le dessein.

On fait retirer de bonne heure les canons et les mortiers des batteries. On a soin de faire ramasser les outils et de les faire serrer. On fait partir l'attirail de l'artillerie et le bagage à l'entrée de la nuit, les tranchées et les places d'armes étant encore garnies de soldats qui font feu pour tromper l'ennemi.

Lorsque l'artillerie et le bagage se trouvent assez éloignés de la place pour n'en avoir rien à craindre, les troupes se mettent à la suite, en laissant des feux dans le camp de la même manière que s'il était occupé par l'armée. On fait escorter le tout par de la cavalerie ou par de l'infanterie, suivant la nature du pays que l'on a à traverser.

Si l'on est obligé de se retirer avec précipitation, et qu'on ne puisse pas emporter avec soi toutes les munitions et tout ce qui concerne l'artillerie, on brule et l'on gâte tout ce qui pourrait servir à l'ennemi.

Lorsque l'armée ne craint pas les attaques de la garnison, elle fait partir de jour tous ses bagages et son artillerie, et elle se met à la suite en ordre de bataille, prête à tomber sur la garnison, si elle sort de la place pour harceler l'armée dans sa retraite.

Quoiqu'on ne doive abandonner un siège que lorsqu'il est impossible de le continuer sans s'exposer à être battu, ou avoir son armée détruite par les maladies et par les intempéries de la saison, il est à propos néanmoins, dès qu'on s'aperçoit de la nécessité de le lever, de faire partir de bonne heure la grosse artillerie et les bagages qui pourraient retarder la marche de l'armée. On les envoie dans les lieux de sûreté des environs, on se retire ensuite en bon ordre ; et si la garnison entreprend de harceler l'armée dans sa retraite, on repousse avec vigueur les différentes attaques qu'elle peut faire à l'arriere-garde.

Comme la levée d'un siège a ordinairement quelque chose d'humiliant, ce serait bien réparer sa gloire, dit M. le marquis de Santacrux, en levant le siège d'une place, d'en secourir une autre prête à tomber au pouvoir de l'ennemi : mais il est rare de trouver des occasions de cette espèce. Il y en a quelques autres où l'on peut abandonner un siège sans compromettre l'honneur du général. Par exemple, si l'on assiege une place dans l'intention d'attirer l'ennemi qui est éloigné, et qui fait la guerre avec trop de succès d'un côté ; si l'on parvient à l'obliger de les interrompre pour venir au secours de la place, la levée du siege, loin d'avoir rien d'humiliant, est au contraire une preuve de la réussite du projet qu'on avait eu d'éloigner l'ennemi pour quelque temps d'un pays ou d'une province où il était difficîle de résister à toutes ses forces. Cette espèce de ruse peut donner le loisir de se fortifier contre lui, et faciliter les moyens de s'opposer à ses progrès.

Lorsqu'on est obligé de lever le siège d'une place, on détruit non-seulement ce qu'on ne peut emporter qui pourrait servir à l'ennemi ; mais l'on doit encore ravager une bonne partie du pays, afin, dit M. le marquis de Santacrux, que la désolation des peuples étouffe les voix de ceux qui voudraient chanter des triomphes. Il nous parait que cette dévastation serait bien faiblement justifiée par ce motif ; le véritable doit être de se dédommager, autant qu'il est possible, de la dépense du siège ; d'obliger l'ennemi de ravitailler le pays, et d'empêcher qu'il n'en tire aucun secours pour ses subsistances. (q)

LEVER (Jurisprudence) a différentes significations.

Quelquefois il signifie ôter un empêchement, comme lever des défenses, lever une opposition.

Lever des scellés, c'est ôter juridiquement les sceaux qui avaient été apposés sur quelque chose. Voyez SCELLE.

Lever un acte, c'est s'en faire délivrer une expédition.

Lever la main, c'est lorsqu'on élève la main pour donner la solennité ordinaire à une affirmation que l'on fait. Voyez AFFIRMATION.

Lever une charge aux parties casuelles, c'est acheter une charge qui était tombée aux parties casuelles. Voyez OFFICE et PARTIES CASUELLES.

Lever un corps mort, quand on parle d'officiers de justice, signifie faire le procès-verbal de l'état auquel on a trouvé un cadavre, et le faire transporter dans quelqu'autre endroit ; quand on parle d'un corps levé par un curé, vicaire, ou autre ecclésiastique faisant fonction curiale, signifie faire enlever le corps d'un défunt pour lui donner la sépulture. (A)

LEVER L'ANCRE. (Marine) Voyez ANCRE.

Lever l'ancre avec la chaloupe, c'est lorsqu'on envoie la chaloupe qui tire l'ancre par son orin, et qui la porte à bord.

Lever l'ancre d'affourché avec le navire, c'est lorsqu'on fîle du câble de la grosse ancre qui est mouillée, et que l'on vire sur l'ancre d'affourché jusqu'à ce qu'elle soit à bord.

Lever une amarre ou une manœuvre, c'est démarer cette amarre ou cette manœuvre. On dit lève l'amarre pour changer de bord, mais on ne dit pas lève l'écoute.

Lever le lof, c'est démarer le couet qui tient le point de la voile, et peser sur le cargue point.

Leve le lof de la grande voîle ; c'est de cette sorte qu'on fait le commandement pour lever le grand lof. On dit lève le lof de misene, leve, lorsqu'on commande pour la voîle nommée misene.

Lever la fourrure du câble, c'est ôter de dessus le câble la garniture de toîle ou de corde qu'on y avait mise pour sa conservation.

Lever les terres, c'est observer à quel air de vent les terres vous restent, et représenter sur le papier comment elles paraissent situées dans un certain point de vue.

LEVER, en termes de Finances, c'est faire le recouvrement des droits dû. par les particuliers.

LEVER (Commerce) de l'étoffe, du drap, de la serge, c'est acheter chez un marchand ces sortes de marchandises à l'aune, ou les faire couper à la pièce. On dit en ce sens, je m'en vais lever tant d'aunes de drap ou de velours pour me faire un habit.

Lever boutique, c'est louer une boutique, et la remplir d'un assortiment de marchandises pour en faire négoce, et la tenir ouverte aux marchands qui se présentent pour acheter. Diction. de commerce.

LEVER, en terme de Blondier, c'est l'action de diviser les écales d'un tiers ; ce qui se fait à la main, et est d'autant moins difficîle que ces écales sont distinguées visiblement les unes des autres. Voyez ECALES : on dit, lever les écales, et découper les centaines.

LEVER, faire la pâte, en terme de Boulangerie, c'est faire revenir la pâte dans des bannes, en toile. Voyez COUCHER LA PASTE.

LEVER, (Jardinage) on dit qu'une graine leve, quand elle commence à sortir de terre.

On dit encore, lever un arbre en motte ; opération qui demande des ouvriers adroits, mais admirable pour jouir en peu de temps d'un beau jardin.

Après avoir choisi un arbre dans la pepinière, on le fera déchausser tout autour, avant les gelées, pour former une motte, à moins que la terre ne soit assez forte pour se soutenir d'elle-même. Si cette motte était grosse de trois ou quatre pieds de tour, on la renfermerait dans des claies ou manequins faits exprès pour la maintenir dans le transport ; on rafraichit seulement les longues racines, c'est-à-dire, que l'on coupe leur extrémité, et on les étend dans le trou préparé en les garnissant de terre à l'ordinaire.

La manière de planter et d'aligner ces arbres est toujours la même, il faut seulement observer de les arroser souvent et de les soutenir avec des perches contre les grands vents qui en empêcheraient la reprise.

LEVER LA LETTRE, terme d'Imprimeur, usité pour désigner l'action du compositeur lorsqu'il prend dans la casse les lettres les unes après les autres, qu'il les arrange dans le composteur pour en former des lignes, dont le nombre répété fait des pages, puis des formes. Voyez l'art. IMPRIMERIE.

LEVER, en Manège, est une des trois actions des jambes d'un cheval ; les deux autres sont l'arrêt et l'allure. Voyez AIR, etc.

Le lever des jambes du cheval pour les cabrioles, les courbettes, etc. est regardé comme bon, quand il le fait hardiment et à l'aise, sans croiser les jambes, sans porter les pieds trop en-dehors ou en-dedans, et cependant en étendant les jambes suffisamment.

Il faut lever le devant à un cheval après l'arrêt formé. Voyez ARRET.

Lorsque le cheval est délibéré au terre-à-terre, on lui apprend à lever haut, en l'obligeant de plier les jambes le plus qu'il est possible, pour donner à son air une meilleure grâce ; et quand il est bien délibéré à se lever haut du devant, on le fait attacher entre deux piliers pour lui apprendre à lever le derrière, et à ruer des deux jambes à-la-fais.

LEVER LE SEMPLE, (Manufacture en soie) c'est remonter les lacs et les gavassines d'un semple pour travailler l'étoffe.

LEVER, en terme de Vannerie, c'est plier les lattes du fond à une certaine distance pour faire le bord de la pièce qu'on travaille.