S. m. (Grammaire) ce mot a plusieurs acceptions. Il se dit 1°. d'un langage corrompu, tel qu'il se parle dans nos provinces. 2°. D'une langue factice, dont quelques personnes conviennent pour se parler en compagnie et n'être pas entendues. 3°. D'un certain ramage de société qui a quelquefois son agrément et sa finesse, et qui supplée à l'esprit véritable, au bon sens, au jugement, à la raison et aux connaissances dans les personnes qui ont un grand usage du monde ; celui-ci consiste dans des tours de phrase particuliers, dans un usage singulier des mots, dans l'art de relever de petites idées froides, puériles, communes, par une expression recherchée. On peut le pardonner aux femmes : il est indigne d'un homme. Plus un peuple est futîle et corrompu, plus il a de jargon. Le précieux, ou cette affectation de langage si opposée à la naïveté, à la vérité, au bon goût et à la franchise dont la nation était infectée, et que Moliere décria en une soirée, fut une espèce de jargon. On a beau corriger ce mot jargon par les épithetes de joli, d'obligeant, de délicat, d'ingénieux, il emporte toujours avec lui une idée de frivolité. On distingue quelquefois certaines langues anciennes qu'on regarde comme simples, unies et primitives, d'autres langues modernes qu'on regarde comme composées des premières, par le mot de jargon. Ainsi l'on dit que l'italien, l'espagnol et le français ne sont que des jargons latins. En ce sens, le latin ne sera qu'un jargon du grec et d'une autre langue ; et il n'y en a pas une dont on n'en put dire autant. Ainsi cette distinction des langues primitives et en jargons, est sans fondement. Voyez l'article LANGUE.

JARGONS, s. m. (Histoire naturelle, Lithologie) nom que donnent quelques auteurs à un diamant jaune, moins dur que le diamant véritable. On appelle aussi jargons des crystallisations d'un rouge-jaunâtre, et qui imitent un peu les hyacinthes ; elles viennent d'Espagne et d'Auvergne.