LE, adj. (Grammaire) qui est dérivé du verbe. On appelle ainsi les mots dérivés des verbes ; et il y a des noms verbaux et des adjectifs verbaux. Cette sorte de mots est principalement remarquable dans les langues transpositives, comme le grec et le latin, à cause de la diversité des régimes.

J'ai démontré, si je ne me trompe, que l'infinitif est véritablement nom : voyez INFINITIF ; mais c'est, comme je l'ai dit, un nom verbe, et non pas un nom verbal : je pense qu'on doit seulement appeler noms verbaux ceux qui n'ont de commun avec le verbe que le radical représentatif de l'attribut, et qui ne conservent rien de ce qui constitue l'essence du verbe, je veux dire, l'idée de l'existence intellectuelle, et la susceptibilité des temps qui en est une suite nécessaire. Il est donc évident que c'est encore la même chose du supin que de l'infinitif ; c'est aussi un nom verbe, ce n'est pas un nom verbal. Voyez SUPIN.

Par des raisons toutes semblables, les participes ne sont point adjectifs verbaux ; ce sont des adjectifs-verbes, parce qu'avec l'idée individuelle de l'attribut qui leur est commune avec le verbe, et qui est représentée par le radical commun, ils conservent encore l'idée spécifique qui constitue l'essence du verbe, c'est à-dire, l'idée de l'existence intellectuelle caractérisée par les diverses terminaisons temporelles. Les adjectifs verbaux n'ont de commun avec le verbe dont ils sont dérivés, que l'idée individuelle mais accidentelle de l'attribut.

En latin les noms verbaux sont principalement de deux sortes : les uns sont terminés en io, gén. ionis, et sont de la troisième déclinaison, comme visio, actio, tactio ; les autres sont terminés en us, gen. us, et sont de la quatrième déclinaison, comme visus, pactus, actus, tactus. Les premiers expriment l'idée de l'attribut comme action, c'est-à-dire, qu'ils énoncent l'opération d'une cause qui tend à produire l'effet individuel désigné par le radical ; les seconds expriment l'idée de l'attribut comme acte, c'est à-dire qu'ils énoncent l'effet individuel désigné par le radical sans aucune attention à la puissance qui le produit : ainsi visio c'est l'action de voir, visus en est l'acte ; pactio signifie l'action de traiter ou de convenir, pactus exprime l'acte ou l'effet de cette action ; tactio, l'action de toucher ou le mouvement nécessaire pour cet effet, tactus, l'effet même qui résulte immédiatement de ce mouvement, etc. Voyez SUPIN.

Il y a encore quelques noms verbaux en um, gén. i, de la seconde déclinaison, dérivés immédiatement du supin, comme les deux espèces dont on vient de parler ; par exemple, pactum, qui doit avoir encore une signification différente de pactio et de pactus. Je crois que les noms de cette troisième espèce désignent principalement les objets sur lesquels tombe l'acte, dont l'idée tient au radical commun : ainsi pactio exprime le mouvement que l'on se donne pour convenir ; pactus, l'acte de la convention, l'effet du mouvement que l'on s'est donné ; pactum, l'objet du traité, les articles convenus. C'est la même différence entre actio, actus et actum.

Les adjectifs verbaux sont principalement de deux sortes, les uns sont en ilis, comme amabilis, flebilis, facilis, odibilis, vincibilis ; les autres en undus, comme errabundus, ludibundus, vitabundus, etc. Les premiers ont plus communément le sens passif, et caractérisent surtout par l'idée de la possibilité, comme si amabilis, par exemple, voulait dire par contraction ad amari ibilis, en tirant ibilis de ibo, etc. Les autres ont le sens actif, et caractérisent par l'idée de la fréquence de l'acte, comme si ludibundus, par exemple, signifiait saepè ludere ou continuo ludere solitus.

Il peut se trouver une infinité d'autres terminaisons, soit pour les noms, soit pour les adjectifs verbaux : voyez Vossii anal. IIe 32. et 33. mais j'ai cru devoir me borner ici aux principaux dans chaque genre ; parce que l'Encyclopédie ne doit pas être une grammaire latine, et que les espèces que j'ai choisies suffisent pour indiquer comment on doit chercher les différences de signification dans les dérivés d'une même racine qui sont de la même espèce ; ce qui appartient à la grammaire générale.

Mais je m'arrêterai encore à un Point de la grammaire latine qui peut tenir par quelque endroit aux principes généraux du langage. Tous les grammairiens s'accordent à dire que les noms verbaux en io et les adjectifs verbaux en undus prennent le même régime que le verbe dont ils sont dérivés. C'est ainsi, disent ils, qu'il faut entendre ces phrases de Plaute. (Amphitr. I. iij.) quid tibi hanc curatio est rem ? (Aulul. III. Redi.) sed quid tibi nos tactio est ? (Trucul. II. vij.) quid tibi hanc aditio est, quid tibi hanc notio est ? Cette phrase de T. Live (xxv.) Hanno vitabundus castra hostium consulesque, loco edito castra posuit ; et celles-ci d'Apulée, carnificem imaginabundus ; mirabundi bestiam. Les réflexions que j'ai à proposer sur cette matière paraitront peut-être des paradoxes ; mais comme je les crois néanmoins conformes à l'exacte vérité, je vais les exposer comme je les conçais : quelque autre plus habîle ou les détruira par de meilleures raisons, ou les fortifiera par de nouvelles vues.

Ni les noms verbaux en io, ni les adjectifs verbaux en undus, n'ont pour régime direct l'accusatif.

1°. On peut rendre raison de cet accusatif, en suppléant une préposition : curatio hanc rem, c'est curatio propter hanc rem ; nos tactio, c'est in nos ou super nos tactio ; hanc aditio, hanc notio, c'est ergà hanc aditio, circà hanc notio ; vitabundus castra consulesque, suppl. propter ; carnificem imaginabundus, suppl. in (ayant sans cesse l'imagination tournée sur le bourreau) ; mirabundi bestiam, suppl. propter. Il n'y a pas un seul exemple pareil que l'on ne puisse analyser de la même manière.

2°. La simplicité de l'analogie qui doit diriger partout le langage des hommes, et qui est fixée immuablement dans la langue latine, ne permet pas d'assigner à l'accusatif une infinité de fonctions différentes ; et il faudra bien reconnaître néanmoins cette multitude de fonctions diverses, s'il est régime des prépositions, des verbes relatifs, des noms et des adjectifs verbaux qui en sont dérivés ; la confusion sera dans la langue, et rien ne pourra y obvier. Si l'on veut s'entendre, il ne faut à chaque cas qu'une destination.

Le nominatif marque un sujet de la première ou de la troisième personne : le vocatif marque un sujet de la seconde personne : le génitif exprime le complément déterminatif d'un nom appelatif : le datif exprime le complément d'un rapport de fin : l'ablatif caractérise le complément de certaines prépositions : pourquoi l'accusatif ne serait-il pas borné à désigner le complément des autres prépositions ?

Me voici arrêté par deux objections. La première, c'est que j'ai consenti de reconnaître un ablatif absolu et indépendant de toute préposition : voyez GERONDIF : la seconde, c'est que j'ai reconnu l'accusatif lui-même, comme régime du verbe actif relatif ; voyez INFINITIF. L'une et l'autre objection doit me faire conclure que le même cas peut avoir différents usages, et conséquemment que j'étaie mal le système que j'établis ici sur le régime des noms et des adjectifs verbaux.

Je réponds à la première objection, que, par rapport à l'ablatif absolu, je suis dans le même cas que par rapport aux futurs : j'avais un collègue, aux vues duquel j'ai souvent dû sacrifier les miennes : mais je n'ai jamais prétendu en faire un sacrifice irrévocable ; et je désavoue tout ce qui se trouvera dans le VII. tome n'être pas d'accord avec le système dont j'ai répandu les diverses parties dans les volumes suivants.

On suppose (art. GERONDIF) que le nom mis à l'ablatif absolu n'a avec les mots de la proposition principale aucune relation grammaticale ; et voilà le seul fondement sur lequel on établit la réalité du prétendu ablatif absolu. Mais il me semble avoir démontré (REGIME, art. 2.) l'absurdité de cette prétendue indépendance, contre M. l'abbé Girard, qui admet un régime libre : et je m'en tiens, en conséquence, à la doctrine de M. du Marsais, sur la nécessité de n'envisager jamais l'ablatif, que comme régime d'une préposition. Voyez ABLATIF et DATIF.

Pour ce qui est de la seconde objection, que j'ai reconnu l'accusatif comme régime du verbe actif relatif ; j'avoue que je l'ai dit, même en plus d'un endroit : mais j'avoue aussi que je ne le disais que par respect pour une opinion reçue unanimement, et pensant que je pourrais éviter cette occasion de choquer un préjugé si universel. Elle se présente ici d'une manière inévitable ; je dirai donc ma pensée sans détour : l'accusatif n'est jamais le régime que d'une préposition ; et celui qui vient après le verbe actif relatif, est dans le même cas : ainsi amo Deum, c'est amo ad Deum ; doceo pueros grammaticam, c'est dans la plénitude analytique doceo ad pueros circà grammaticam, etc. voici les raisons de mon assertion.

1°. L'analogie, comme je l'ai déjà dit, exige qu'un même cas n'ait qu'une seule et même destination : or l'accusatif est indubitablement destiné, par l'analogie latine, à caractériser le complément de certaines prépositions ; il ne doit donc pas sortir de cette destination, surtout si l'on peut prouver qu'il est toujours possible et raisonnable d'ailleurs de l'y ramener. C'est ce que je vais faire.

2°. Les grammairiens ne prétendent regarder l'accusatif comme régime que des verbes actifs, qu'ils appellent transitifs, et que je nomme relatifs avec plusieurs autres : ils conviennent donc tacitement que l'accusatif désigne alors le terme du rapport énoncé par le verbe ; or tout rapport est renfermé dans le terme antécédent, et c'est la préposition qui en est, pour ainsi dire, l'exposant, et qui indique que son complément est le terme conséquent de ce rapport.

3°. Le verbe relatif peut être actif ou passif : amo est actif, amor est passif ; l'un exprime le rapport inverse de l'autre : dans amo Deum, le rapport actif se porte vers le terme passif Deum ; dans amor à Deo, le rapport passif est dirigé vers le terme actif Deo : or Deo est ici complément de la préposition à, qui dénote en général un rapport d'origine, pour faire entendre que l'impression passive est rapportée à sa cause ; pourquoi, dans la phrase active, Deum ne serait-il pas le complément de la préposition ad, qui dénote en général un rapport de tendance, pour faire entendre que l'action est rapportée à l'objet passif ?

4°. On supprime toujours en latin la préposition ad, j'en conviens ; mais l'idée en est toujours rappelée par l'accusatif qui la suppose, de même que l'idée de la préposition à est rappelée par l'ablatif, lorsqu'elle est en effet supprimée dans la phrase passive, comme compulsi siti pour à siti. D'ailleurs cette suppression de la proposition dans la phrase active n'est pas universelle : les Espagnols disent amar à Dios, comme les Latins auraient pu dire amare ad Deum, (être en amour pour Dieu), et comme nous aurions pu dire aimer à Dieu. Eh, ne trouvons-nous pas l'équivalent dans nos anciens auteurs ? Et pria A ses amis que cil roulet fut mis sur son tombel (que cette inscription fût mise sur son tombeau) : Dict. de Borel, verb. roulet. Que dis-je ? nous conservons la préposition dans plusieurs phrases, quand le terme objectif est un infinitif ; ainsi nous disons j'aime à chasser, et non pas j'aime chasser, quoique nous disions sans préposition j'aime la chasse ; je commence à raconter, j'apprends à chanter, quoiqu'il faille dire, je commence un récit, j'apprends la musique.

Tout semble donc concourir pour mettre dans la dépendance d'une préposition l'accusatif qui passe pour régime du verbe actif relatif : l'analogie latine des cas en sera plus simple et plus informe ; la syntaxe du verbe actif sera plus rapprochée de celle du verbe passif, et elle doit l'être, puisqu'ils sont également relatifs, et qu'il s'agit également de rendre sensible de part et d'autre la relation au terme conséquent ; enfin les usages des autres langues autorisent cette espèce de syntaxe, et nous en trouvons des exemples jusques dans l'usage présent de la nôtre.

Je ne prétends pas dire que, pour parler latin, il faille exprimer aucune préposition après le verbe actif ; je veux dire seulement que, pour analyser la phrase latine, il faut en tenir compte, et à plus forte raison après les noms et les adjectifs verbaux. (E. R. M. B.)

VERBAL, (Grammaire et Jurisprudence) est ce qui se dit de vive voix et sans être mis par écrit.

On appelle cependant procès-verbal un acte rédigé par écrit, qui contient le rapport ou relation de quelque chose ; mais on l'appelle verbal, parce que cet écrit contient le récit d'une discussion qui s'est faite auparavant verbalement ; en quoi le procès verbal diffère du procès par écrit, qui est une discussion où tout se déclare par écrit. Voyez PROCES.

Appel verbal est celui qui est interjeté d'une sentence rendue à l'audience : on l'appelle verbal, parce qu'anciennement il fallait appeler de la sentence illico, sur le champ, ce qui se faisait devant le juge.

Requête verbale ; on a donné ce nom à certaines requêtes d'instruction, qui se faisaient autrefois en jugement et de vive voix ; on les a depuis rédigées par écrit pour débarrasser l'audience de cette foule de requêtes qui consumaient tout le temps sans finir aucune cause. (A)