S. m. (Grammaire) Nous donnons le nom de fantôme à toutes les images qui nous font imaginer hors de nous des êtres corporels qui n'y sont point. Ces images peuvent être occasionnées par des causes physiques extérieures, de la lumière, des ombres diversement modifiées, qui affectent nos yeux, et qui leur offrent des figures qui sont réelles : alors notre erreur ne consiste pas à voir une figure hors de nous, car en effet il y en a une, mais à prendre cette figure pour l'objet corporel qu'elle représente. Des objets, des bruits, des circonstances particulières, des mouvements de passion, peuvent aussi mettre notre imagination et nos organes en mouvement ; et ces organes mus, agités, sans qu'il y ait aucun objet présent, mais précisément comme s'ils avaient été affectés par la présence de quelqu'objet, nous le montrent, sans qu'il y ait seulement de figure hors de nous. Quelquefois les organes se meuvent et s'agitent d'eux-mêmes, comme il nous arrive dans le sommeil ; alors nous voyons passer au-dedans de nous une scène composée d'objets plus ou moins décousus, plus ou moins liés, selon qu'il y a plus ou moins d'irrégularité ou d'analogie entre les mouvements des organes de nos sensations. Voilà l'origine de nos songes. Voyez les articles SENS, SENSATION, SONGE. On a appliqué le mot de fantôme à toutes les idées fausses qui nous impriment de la frayeur, du respect, etc. qui nous tourmentent, et qui font le malheur de notre vie : c'est la mauvaise éducation qui produit ces fantômes, c'est l'expérience et la philosophie qui les dissipent.