S. m. terme de Grammaire : ce mot est formé de la préposition latine ad, vers, auprès, et du mot verbe ; parce que l'adverbe se met ordinairement auprès du verbe, auquel il ajoute quelque modification ou circonstance : il aime constamment, il parle bien, il écrit mal. Les dénominations se tirent de l'usage le plus fréquent : or le service le plus ordinaire des adverbes est de modifier l'action que le verbe signifie, et par conséquent de n'en être pas éloignés ; et voilà pourquoi on les a appelés adverbes, c'est-à-dire mots joints au verbe ; ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait des adverbes qui se rapportent aussi au nom adjectif, au participe et à des noms qualificatifs, tels que roi, père, etc. car on dit, il m'a paru fort changé ; c'est une femme extrêmement sage et fort aimable ; il est véritablement roi.

En faisant l'énumération des différentes sortes de mots qui entrent dans le discours, je place l'adverbe après la préposition, parce qu'il me parait que ce qui distingue l'adverbe des autres espèces de mots, c'est que l'adverbe vaut autant qu'une préposition et un nom ; il a la valeur d'une préposition avec son complément ; c'est un mot qui abrège ; par exemple, sagement vaut autant que avec sagesse.

Ainsi tout mot qui peut être rendu par une préposition et un nom, est un adverbe ; par conséquent ce mot y, quand on dit il y est, ce mot, dis-je, est un adverbe qui vient du latin ibi ; car il y est est comme si l'on disait, il est dans ce lieu-là, dans la maison, dans la chambre, &c.

Où est encore un adverbe qui vient du latin ubi, que l'on prononçait oubi, où est-il ? c'est-à-dire, en quel lieu.

Si, quand il n'est pas conjonction conditionnelle, est aussi adverbe, comme quand on dit, elle est si sage, il est si savant ; alors si vient du latin sic, c'est-à-dire, à ce point, au point que, etc. c'est la valeur ou signification du mot, et non le nombre des syllabes, qui doit faire mettre un mot en telle classe plutôt qu'en telle autre ; ainsi à est préposition quand il a le sens de la préposition latine à ou celui de ad, au lieu que a est mis au rang des verbes quand il signifie habet, et alors nos pères écrivaient ha.

Puisque l'adverbe emporte toujours avec lui la valeur d'une préposition, et que chaque préposition marque une espèce de manière d'être, une sorte de modification dont le mot qui suit la préposition fait une application particulière ; il est évident que l'adverbe doit ajouter quelque modification ou quelque circonstance à l'action que le verbe signifie ; par exemple, il a été reçu avec politesse ou poliment.

Il suit encore de-là que l'adverbe n'a pas besoin lui-même de complément ; c'est un mot qui sert à modifier d'autres mots, et qui ne laisse pas l'esprit dans l'attente nécessaire d'un autre mot, comme font le verbe actif et la préposition ; car si je dis du roi qu'il a donné, on me demandera quoi et à qui. Si je dis de quelqu'un qu'il s'est conduit avec, ou par, ou sans, ces prépositions font attendre leur complément ; au lieu que si je dis, il s'est conduit prudemment, etc. l'esprit n'a plus de question nécessaire à faire par rapport à prudemment : je puis bien à la vérité demander en quoi a consisté cette prudence ; mais ce n'est plus là le sens nécessaire et grammatical.

Pour bien entendre ce que je veux dire, il faut observer que toute proposition qui forme un sens complet est composée de divers sens ou concepts particuliers, qui, par le rapport qu'ils ont entr'eux, forment l'ensemble ou sens complet.

Ces divers sens particuliers, qui sont comme les pierres du bâtiment, ont aussi leur ensemble. Quand je dis le soleil est levé, voilà un sens complet : mais ce sens complet est composé de deux concepts particuliers : j'ai le concept de soleil, et le concept de est levé : or remarquez que ce dernier concept est composé de deux mots est et levé, et que ce dernier suppose le premier. Pierre dort : voilà deux concepts énoncés par deux mots : mais si je dis, Pierre bat, ce mot bat n'est qu'une partie de mon concept, il faut que j'énonce la personne ou la chose que Pierre bat : Pierre bat Paul ; alors Paul est le complément de bat : bat Paul est le concept entier, mais concept partiel de la préposition Pierre bat Paul.

De même si je dis Pierre est avec, sur, ou dans, ces mots avec, sur, ou dans ne sont que des parties de concept, et ont besoin chacun d'un complément ; or ces mots joints à un complément font un concept, qui, étant énoncé en un seul mot, forme l'adverbe, qui, en tant que concept particulier et tout formé, n'a pas besoin de complément pour être tel concept particulier.

Selon cette notion de l'adverbe, il est évident que les mots qui ne peuvent pas être réduits à une préposition suivie de son complément, sont ou des conjonctions ou des particules qui ont des usages particuliers : mais ces mots ne doivent point être mis dans la classe des adverbes ; ainsi je ne mets pas non, ni oui parmi les adverbes ; non, ne, sont des particules négatives.

A l'égard de oui, je crois que c'est le participe passif du verbe ouir, et que nous disons oui par ellipse, cela est oui, cela est entendu : c'est dans le même sens que les Latins disaient, dictum puto. Ter. Andr. act. I. sc. 1.

Il y a donc autant de sortes d'adverbes qu'il y a d'espèces de manières d'êtres qui peuvent être énoncées par une préposition et son complément, on peut les réduire à certaines classes.

ADVERBES DE TEMS. Il y a deux questions de temps, qui se font par des adverbes, et auxquelles on répond ou par des adverbes ou par des prépositions avec un complément.

1. Quando, quand viendrez-vous ? demain, dans trois jours.

2. Quandiu, combien de temps ? tandiu, si longtemps que, autant de temps que.

D. Combien de temps Jesus-Christ a-t-il vécu ? R. Trente-trois ans : on sous-entend pendant.

Voici encore quelques adverbes de temps : donec jusqu'à ce que ; quotidie tous les jours : on sous-entend la préposition pendant, per : nunc maintenant, présentement, alors, c'est-à-dire à l'heure.

Auparavant : ce mot étant adverbe ne doit point avoir de complément ; ainsi c'est une faute de dire auparavant cela ; il faut dire avant cela, autrefois, dernièrement.

Hodie, aujourd'hui, c'est-à-dire au jour de hui, au jour présent ; on disait autrefois simplement hui, je n'irai hui. Nicod. Hui est encore en usage dans nos provinces méridionales ; heri, hier ; cras, demain ; olim, quondam, alias, autrefois, un jour, pour le passé et pour l'avenir.

Aliquando, quelquefois ; pridie, le jour de devant ; postridie, quasi posterà die, le jour d'après ; perindie, après demain ; mane, le matin ; vespère et vesperi, le soir ; sero, tard ; nudius-tertius, avant-hier, c'est-à-dire, nunc est dies tertius, quartus, quintus, etc. il y a trois, quatre, cinq jours, etc. unquam, quelques jours, avec affirmation ; nunquam, jamais, avec négation ; jam, déjà ; nuper, il n'y a pas longtemps.

Diu, longtemps ; recens et recenter, depuis peu ; jam-dudum, il y a longtemps ; quando, quand ; antehac, ci-devant ; posthac, ci-après ; dehinc, deinceps, à l'avenir ; antea, priùs, auparavant ; antequam, priusquam, avant que ; quoad, donec, jusqu'à ce que ; dum, tandis que ; mox, bien-tôt ; statim, dabord, tout-à-l'heure ; tum, tunc, alors ; etiam-nunc, ou etiam-num, encore maintenant ; jam-tum, dès lors ; prope-diem, dans peu de temps ; tandem, demum, denique, enfin ; deinceps, à l'avenir ; plerumque, crebro, frequenter, ordinairement, d'ordinaire.

ADVERBES DE LIEU. Il y a quatre manières d'envisager le lieu : on peut le regarder 1°. comme étant le lieu où l'on est, où l'on demeure ; 2°. comme étant le lieu où l'on Ve ; 3°. comme étant le lieu par où l'on passe ; 4°. comme étant le lieu d'où l'on vient. C'est ce que les Grammairiens appellent in loco, ad locum, per locum, de loco ; ou autrement, ubi, quo, qua, unde.

1. In loco, ou ubi, où est-il ? il est là ; où et là, sont adverbes ; car on peut dire en quel lieu ? R. en ce lieu ; hic, ici, où je suis ; istic, où vous êtes ; illic, et ibi, là où il est.

2. Ad locum, ou quò ; ce mot pris aujourd'hui adverbialement, est un ancien accusatif neutre, comme duo et ambo ; il s'est conservé en quocirca, c'est pourquoi, c'est pour cette raison : quò vadis, où allez-vous ? R. Huc, ici ; istuc, là où vous êtes ; illuc, là où il est ; eò, là.

3. Qua ? qua ibo ? là, où irai-je ? R. hac, par ici ; istac, par là où vous êtes ; illac, par là où il est.

4. Unde ? unde venis ? D'où venez-vous ? hinc, d'ici ; istinc, de-là ; illinc, de-là ; inde, de-là.

Voici encore quelques adverbes de lieu ou de situation ; y, il y est, ailleurs, devant, derrière, dessus, dessous, dedans, dehors, partout, autour.

DE QUANTITE : quantum, combien ; multum, beaucoup, qui vient de bella copia, ou selon un beau coup ; parum, peu ; minimum, fort peu ; plus, ou ad plus, davantage ; plurimum, très-fort ; aliquantulum, un peu ; modicè, médiocrement ; largè, amplement ; affatim, abundanter, abundè, copiosè, ubertim, en abondance, à faison, largement.

DE QUALITE : doctè, savamment ; piè, pieusement ; ardenter, ardemment ; sapienter, sagement ; alacriter, gaiement ; benè, bien ; malè, mal ; feliciter, heureusement ; et grand nombre d'autres formés des adjectifs, qui qualifient leurs substantifs.

DE MANIERE : celeriter, promptement ; subitò, tout d'un coup ; lentè, lentement ; festinanter, properè, properanter, à la hâte ; sensim, peu-à-peu ; promiscuè, confusément ; protervè, insolemment ; multifariam, de diverses manières ; bifariam, en deux manières : racine, bis et viam, ou faciem, &c.

Utinam peut être regardé comme une interjection, ou comme un adverbe de désir, qui vient de ut, uti, et de la particule explétive nam : nous rendons ce mot par une périphrase, plut à Dieu que.

Il y a des adverbes qui servent à marquer le rapport, ou la relation de ressemblance : ita ut, ainsi que ; quasi, ceu, par un c, ut, uti, velut, veluti, sic, sicut, comme, de la même manière que ; tanquam, de même que.

D'autres au contraire marquent diversité ; aliter, autrement ; alioquin, caeteroquin, d'ailleurs, autrement.

D'autres adverbes servent à compter combien de fois : semel, une fois ; bis, deux fois ; ter, trois fais, etc. en Français, nous sous-entendons ici quelques prépositions, pendant, pour, par trois fois ; quoties, combien de fois ; aliquoties, quelquefois ; quinquies, cinq fois ; centies, cent fois ; millies, mille fois ; iterum, denuò, encore ; saepè, crebrò, souvent ; rarò, rarement.

D'autres sont adverbes de nombre ordinal, primò, premièrement ; secundò, secondement, en second lieu : ainsi des autres.

D'INTERROGATION : quare, c'est-à-dire, quâ de re, et par abréviation, cur, quamobrem, ob quam rem, quapropter, pourquoi, pour quel sujet ; quomodò, comment. Il y a aussi des particules qui servent à l'interrogation, an, anne, num, nunquid, nonne, ne, joint à un mot ; vides-ne ? voyez-vous ? ec joint à certains mots, ecquando, quand ? ecquis, qui ? ecqua mulier (Cic.), quelle femme ?

D'AFFIRMATION : etiam, ita, ainsi ; certè, certainement ; sanè, vraiment, oui, sans doute : les Anciens disaient aussi Hercle, c'est-à-dire, par Hercule ; Pol, Aedepol, par Pollux ; Naecastor, ou Mecastor, par Castor, etc.

DE NEGATION : nullatenus, en aucune manière ; nequaquam, haudquaquam, neutiquam, minimè, nullement, point du tout ; nusquam, nulle part, en aucun endroit.

DE DIMINUTION : fermè, ferè, penè, propè, presque ; tantum non, peu s'en faut.

DE DOUTE : fors, forte, forsan, forsitan, fortasse, peut-être.

Il y a aussi des adverbes qui servent dans le raisonnement, comme quia, que nous rendons par une préposition et un pronom, suivi du relatif que, parce que, propter illud quod est ; atque ita, ainsi ; atqui, or ; ergo, par conséquent.

Il y a aussi des adverbes qui marquent assemblage : una, simul, ensemble ; conjunctim, conjointement ; pariter, juxta, pareillement : d'autres division : seorsim, seorsum, privatim, à part, en particulier, séparément ; sigillatim, en détail, l'un après l'autre.

D'EXCEPTION : tantum, tantummodo, solum, solummodo, duntaxat, seulement.

Il y a aussi des mots qui servent dans les comparaisons pour augmenter la signification des adjectifs : par exemple on dit au positif pius, pieux, magis pius, plus pieux : maximè pius, très-pieux ; ou fort pieux. Ces mots plus, magis, très-fort, sont aussi considérés comme des adverbes : fort, c'est-à-dire fortement, extrêmement ; très, vient de ter, trois fois ; plus, c'est-à-dire, ad plus, selon une plus grande valeur, etc. minus, moins, est encore un adverbe qui sert aussi à la comparaison.

Il y a des adverbes qui se comparent, surtout les adverbes de qualité, ou qui expriment ce qui est susceptible de plus ou de moins : comme diu, longtemps ; diutius, plus longtemps ; doctè, savamment ; doctius, plus savamment ; doctissimè, très-savamment ; fortiter, vaillamment ; fortiùs, plus vaillamment ; fortissimè, très-vaillamment.

Il y a des mots que certains Grammairiens placent avec les conjonctions, et que d'autres mettent avec les adverbes : mais si ces mots renferment la valeur d'une préposition, et de son complément, comme quia, parce que ; quapropter, c'est pourquoi, etc. ils sont adverbes ; et s'ils font de plus l'office de conjonction, nous dirons que ce sont des adverbes conjonctifs.

Il y a plusieurs adjectifs en Latin et en François qui sont pris adverbialement, transversa tuentibus hircis, où transversa est pour transversè, de travers ; il sent bon, il sent mauvais, il voit clair, il chante juste, parlez bas, parlez haut, frappez fort. (F)