adj. (Grammaire) il se dit de l'air, des manières, des sentiments, du discours et du style. L'air est ignoble, lorsqu'au premier aspect d'un homme qui se présente à nous, nous nous méprenons sur son état, et nous sommes tentés de le reléguer dans quelque condition abjecte de la société. Ce jugement nait apparemment de la conformation accidentelle et connue que les arts mécaniques donnent aux membres, ou de quelques rapports déliés que nous attachons involontairement entre les passions de l'âme et l'habitude extérieure du corps. Si l'homme s'estime, a de la confiance en lui-même, ne se fait aucun reproche secret, et n'en craint point des autres, sent ses avantages naturels ou acquis, est résigné aux événements, et ne fait des dangers et de la perte de la vie, qu'un compte médiocre, il annoncera communément ce caractère par ses traits, sa démarche, ses regards et son maintien, et il nous laissera dans l'esprit une image qui nous servira de modèle. Si la noblesse de l'air se trouve jointe à la beauté, à la jeunesse et à la modestie, qui est-ce qui lui résistera ?

Les manières sont ignobles, lorsqu'elles décelent un intérêt sordide ; les sentiments, lorsqu'on y remarque la vérité, la justice et la vertu blessées par la préférence qu'on accorde sur elles à tout autre objet ; le ton dans la conversation, et le style dans les écrits, lorsque les expressions, les comparaisons, les idées sont empruntées d'objets vils et populaires ; mais il n'y en a guère que le génie et le goût ne puissent annoblir.