S. f. (Grammaire) est la grandeur et la hauteur d'un homme. Ce mot vient du latin statura, qui est formé de stare, être debout.

La stature ou taille d'un homme est admirablement bien proportionnée aux circonstances de son existence. Le docteur Grew observe que si l'homme eut été nain, il eut difficilement pu être une créature raisonnable : car pour cet effet, ou il aurait eu une grosse tête, et son corps et son sang n'auraient pas pu fournir assez d'esprits à son cerveau ; ou s'il eut eu la tête petite et proportionnée, il n'aurait pas eu de cervelle suffisamment pour remplir ses fonctions. De plus, si l'homme eut été géant, il n'eut pas pu si commodément trouver des nourritures, parce que la quantité des bêtes propres à la nourriture de l'homme n'aurait pas été suffisante ; ou si les bêtes avaient été plus grosses à proportion, on n'aurait jamais pu trouver assez de pâturages pour les nourrir, etc. Voyez NAIN, GEANT.

Cependant c'est le sentiment commun, même depuis le temps d'Homère, que dans les siècles les plus reculés les hommes surpassaient de beaucoup les modernes en grandeur ; et nous voyons à la vérité que les histoires, tant sacrée que prophane font mention d'hommes dont la taille était surprenante ; aussi ces histoires en parlent-elles comme de Géans.

M. Derham observe, qu'il est très-probable que la taille des hommes était au commencement du monde telle qu'elle est à présent ; comme on peut l'estimer par les tombeaux, momies, etc. qui subsistent encore. Le plus ancien tombeau qui existe est celui de Cheops dans la première pyramide d'Egypte, qui suivant l'observation de M. Gréaves ne surpasse de gueres la grandeur de nos cercueils ordinaires. Sa cavité, dit-il, n'a que 6. 488 pieds de long, et 2. 218 pieds de large, et 2. 160 de profondeur : de ces dimentions et de celles de différents corps embaumés qu'il a apportés d'Egypte, cet auteur exact conclud que la nature ne décroit point, et que les hommes de notre temps sont de la même taille que ceux qui vivaient il y a trois mille ans.

M. Hakewell nous fournit d'autres exemples plus modernes à joindre à ces observations : les tombeaux qui sont à Pise, et qui ont quelques mille ans d'antiquité, qui ne sont pas plus longs que les nôtres. On peut dire la même chose de celui d'Athelstan qui est dans l'église de Malmsbury, de celui de Sheba, dans saint Paul, qui sont de l'année 693, etc.

Les anciennes armures, écus, vases, etc. qu'on a déterrés de nos jours, fournissent la même preuve : par exemple, le casque d'airain qu'on a déterré à Metaurum, est propre pour servir à un homme de notre temps ; cependant on prétend que c'est un de ceux qui ont été laissés lors de la défaite d'Asdrubal. Joignez à tout cela qu'Auguste avait 5 pieds 9 pouces de haut, qui était la taille de la reine Elisabeth ; avec cette différence seulement, qu'en évaluant le pied romain avec le nôtre, la reine avait deux pouces de plus que cet empereur.