adj. et subst. (Grammaire) c'est le terme le plus étendu de la Botanique. Il se dit de toute plante et de tout ce qui croit par la végétation, ou à la manière des plantes. Voyez VEGETAUX, VEGETATION METALLIQUE.

VEGETAL, (Chimie ou analyse végétale) une substance végétale, une matière végétale est pour le chymiste un corps quelconque provenu du règne végétal, soit que ce corps soit organisé, tel que les végétaux entiers, ou leurs différentes parties, tiges, racines, fleurs, etc. ou qu'il soit non-organisé, comme divers sucs concrets ou liquides, tels que les baumes, les résines, la gomme, etc. et enfin les produits quelconques des travaux chymiques sur les substances végétales, tels que l'esprit-de-vin, l'alkali fixe, diverses huiles, etc. sont encore des substances végétales.

Les matières végétales organisées, ou tissues, texta, (voyez TISSU, Chimie) ne diffèrent chymiquement des matières végétales non organisées, que par leur ordre respectif de composition ; elles sont entre elles comme le composé est à ses principes ; car le tissu végétal est chymiquement formé par le concours de plusieurs de ces matières végétales non organisées, soutenues par une charpente terreuse plus ou moins renforcée, et dans laquelle réside principalement l'organisation, dont les Chymistes ne se mettent point en peine, ou ce qui est la même chose, qui n'est point un objet chymique.

Les substances végétales de la première espèce, les végétaux proprement dits, sont offerts immédiatement par la nature ; les substances végétales non organisées qui sont, comme nous venons de l'observer, les principes communs des végétaux, se présentent aussi quelquefois d'eux-mêmes, comme la gomme vulgaire, les baumes, les bitumes, que les Chymistes regardent avec beaucoup de probabilité, comme ayant une origine végétale. (Voyez CHARBON DE TERRE, &c.) Mais plus souvent ils ne sont manifestés que par l'art qui les a successivement tirés des végétaux pour divers usages. Il est clair par le simple énoncé que les substances végétales de la troisième espèce, savoir les produits des opérations chymiques, sont toujours des présents de l'art.

L'énumération des différentes substances organisées, sur lesquelles les Chymistes se sont exercés, est assez connue ; elle renferme les tiges soit ligneuses, soit herbacées, les racines ligneuses, charnues, bulbeuses, etc. les écorces, les feuilles, les calices des fleurs, les pétales, les pistils, les étamines, et même leurs poussières, les semences, et toutes leurs différentes espèces d'enveloppe, parmi lesquelles on doit compter les pulpes des fruits et leurs écorces ; toutes leurs espèces de plantes moins parfaites ou moins connues, comme champignons, mousses, et vraisemblablement toutes les espèces de fleurs oumoisissures, etc.

Les substances végétales de la seconde espèce, c'est-à-dire, celles qui proviennent soit naturellement, soit par art, des substances précédentes, sont une eau aromatique ou non aromatique ; le principe aromatique, l'acide spontané, l'alkali volatil spontané, le principe vif, piquant, indéfini, tel que celui de l'oignon, de la capucine, etc. l'huîle essentielle, différentes espèces d'huiles grasses, le baume, la résine, la gomme ou le mucilage, la gomme résine, l'extrait, la résine extrait, le corps muqueux, le sel essentiel, acidule, la partie colorante verte, et plusieurs autres matières colorantes.

Nous énoncerons dans la suite de cet article toutes les substances végétales de la troisième espèce, c'est-à-dire véritablement artificielles.

Les Chymistes ont procédé à l'analyse des végétaux entiers ou de leurs parties, c'est-à-dire, des substances végétales de notre première espèce, par deux moyens différents ; savoir par la distillation analytique, c'est-à-dire exécutée à la violence du feu, et sans intermède ; (voyez DISTILLATION) et par l'analyse menstruelle, etc. Voyez MENSTRUELLE, analyse.

Toutes ces substances ont fourni assez généralement par le premier moyen, les produits suivants ; 1°. une eau ou flegme limpide, quelquefois aromatique, quelquefois inodore, selon que la matière traitée est aromatique ou inodore ; mais dans le dernier cas même, annonçant jusqu'à un certain point la substance particulière qui l'a fourni ; et toujours très-distinctement le règne auquel appartient cette substance, le règne végétal ; 2°. un flegme coloré et légèrement empreint de l'odeur empyreumatique ; 3°. un flegme plus coloré, un peu trouble, et chargé d'une petite quantité d'esprit salin, quelquefois acide, mais plus souvent alkali ; une petite quantité d'huîle jaunâtre et assez limpide, un peu d'air ; 4°. une liqueur plus saline, trouble, de l'huîle plus abondante, plus dense et noirâtre, de l'air ; 5°. le plus souvent de l'alkali volatil concret ; une huîle qui devient de plus en plus dense et noire, de l'air ; 6°. il reste enfin un résidu charbonneux, qui étant brulé ou calciné à l'air libre, donne par la lixiviation de l'alkali fixe et quelques sels neutres ; savoir du tartre vitriolé ou du sel marin, ou bien l'un et l'autre.

Tels sont les produits communs et à peu-près universels d'un végétal traité par la distillation analytique : ce sont ceux qu'ont obtenus constamment les premiers chymistes de l'académie des Sciences, MM. Dodart, Bourdelin, Tournefort, Boulduc, etc. ceux qui sont exposés dans un livre très-connu ; la matière médicale de Geoffroy, etc. Mais la doctrine chymique dominante sur les produits caractéristiques et respectifs de la distillation analytique des végétaux et des animaux, n'en est pas moins que l'acide est ce produit spécial et propre aux végétaux, et que l'alkali volatil est ce produit propre et spécial aux animaux ; sur quoi il est observé dans un mémoire sur l'analyse des végétaux, imprimé dans le second volume des mémoires présentés à l'acad. royale des Sciences, par divers savants, etc. qu'on a toujours lieu d'être étonné sans doute de voir des erreurs de fait qu'une seule expérience doit détruire, se répandre et subsister ; que l'établissement de l'opinion particulière dont il s'agit ici, et qui est moderne, est d'autant plus singulier, que tous les chymistes qui ont fait une mention expresse des distillations analytiques des végétaux, ont dénommé très-expressément parmi les produits de ces distillations, les esprits et les sels alkalis volatils ; que la présence de l'acide mentionné par tous ces chymistes est presque toujours fort équivoque, tandis que celle de l'alkali volatil est toujours très-évidente ; qu'on distingue très - vainement par ce produit les plantes de la famille des cruciferes de Tournefort, dont l'alkali volatil spontané qui se dégage de quelques-unes au plus léger degré de feu, ne doit être ici compté pour rien, puisque ces plantes n'ont rien de particulier quant au produit alkali volatil de leurs distillations analytiques ; puisqu'au contraire on retire par cette distillation, de plusieurs plantes des autres classes plus d'alkali volatil, même concret, que des plantes cruciferes qui contiennent le plus d'alkali volatil spontané ; par exemple, de la laitue et de l'oseille plus que du cochlearia ; et enfin que ce n'est qu'à la distillation des bois, et principalement à celle des bois durs et résineux, que convient la doctrine que nous combattons ; car ces bois donnent en effet abondamment de l'acide, et fort peu d'alkali volatil : et il est presque hors de doute que c'est de leur analyse particulière, qu'on a déduit par une conséquence prématurée, ce qu'on a avancé trop généralement sur la distillation des végétaux.

Il est observé dans le même écrit que cette ancienne manière de procéder à la décomposition des végétaux, est imparfaite et vicieuse ; parce qu'une analyse régulière doit attaquer par rang les différents ordres de combinaison qui concourent à la formation du corps examiné ; et que l'analyse par la violence du feu atteint tout-d'un-coup au contraire les derniers ordres de combinaison dont elle simplifie les principes trop brusquement ; car, est-il ajouté, c'est avoir une idée très-fausse de l'analyse chymique, que de prétendre qu'on doive pousser immédiatement celle d'un corps quelconque jusqu'aux produits exactement simples, comme semblaient l'exiger les physiciens, qui rejetaient la doctrine des Chymistes, parce que les produits de leurs analyses, qu'ils appelaient les principes chymiques, n'étaient pas des corps simples ; tandis qu'au contraire le vice réel de leurs opérations consistait précisément en ce qu'elle simplifiait trop ces principes.

On conclut de ces observations qu'il faut absolument substituer à cette manière de procéder, la méthode nouvelle de l'analyse menstruelle ou par combinaison, par le moyen de laquelle on retire des végétaux les principes immédiats et évidemment inaltérés de leur composition ; chacun desquels peut être successivement et distinctement soumis à une analyse ultérieure. Il est dit aussi dans ce mémoire que les Chymistes n'ont encore que des connaissances fort imparfaites sur l'analyse particulière de chacune des substances qu'on retire des végétaux par l'application de diverses menstrues, et qui sont celles dont nous avons fait mention plus haut, sous le nom de seconde espèce de substance végétale ; savoir le baume, l'extrait, la gomme, etc. et que ce n'est presque que sur la résine et les matières analogues, savoir les baumes, les bitumes, etc. que les Chymistes ont des notions distinctes.

Les substances végétales artificielles, dont nous avons annoncé plus haut l'énumération, sont outre les produits de la distillation analytique ci-dessus détaillée, les produits spéciaux des trois fermentations proprement dites ; savoir l'esprit-de-vin, le tartre, la lie du vin, le vinaigre, l'alkali volatil, l'esprit foetide putride, absolument indéterminé jusqu'à présent, et enfin la suie végétale.

On trouvera dans ce Dictionnaire des articles particuliers pour toutes les substances végétales de la seconde et de la troisième espèce ; pour l'extrait, la gomme, la résine, les principes odorants, sous le mot ODORANT ; l'huîle essentielle, et l'huîle grasse, l'esprit-de-vin sous le mot VIN ; le vinaigre, le tartre, la suie, etc. et dans ces articles, la manière d'obtenir, de préparer, d'extraire, ou de produire la substance particulière qui en fait le sujet. Les procédés nécessaires à cet objet sont, par exemple, exposés avec beaucoup de détail à l'article EAU DISTILLEE, à l'article HUILE, à l'article EXTRAIT, etc. Celui-ci a été spécialement destiné à la substance végétale très-composée, ou proprement dite au TISSU VEGETAL. (b)

VEGETAL, acide, (Chimie et Médec.) l'acide végétal est le quatrième et dernier acide simple connu. C'est le plus volatil de tous ; c'est celui qui est le plus fréquemment en usage, puisqu'il entre dans une grande partie de nos mets. Voyez acides en général à l'article SEL. Une saveur astringente, une odeur assez agréable, le caractérisent assez pour que nous ne nous arrêtions pas davantage sur cet article.

On le retire par la distillation de quelques végétaux, comme la canne à sucre, du tartre (voyez TARTRE), et des substances qui ont subi une fermentation acide, après avoir été successivement du mout et du vin. La différence des sels que donnent ces différentes substances doit bien nous convaincre que tous les corps sont composés des mêmes éléments, et que la différente combinaison, un peu plus ou un peu moins, en font toute la différence. C'est par les voies les plus simples que la nature opère tant de merveilles. Notre admiration augmentera lorsque nous considérerons que ce mout qui précédemment avait été acide, n'a fait que revenir à son ancien état. Quoique, à dire le vrai, ce n'est que par conjecture que nous soupçonnons que le verjus est, à quelque différence près, le même acide que le vinaigre, encore que leurs saveurs ne se ressemblent pas exactement. M. Gellert Ve plus loin ; il prétend que tous les végétaux contiennent le même acide, ce qui nous parait bien éloigné de la vérité, puisqu'avec l'acide vitriolique et un peu d'essence de citron on fait une limonade semblable à celle que produisent les citrons, ce qu'on n'obtiendrait jamais avec le vinaigre distillé.

Dans l'état ordinaire, le vinaigre contient un principe huileux et tartareux, qui, en le privant d'une partie de son activité, empêche de faire avec ce menstrue toutes les dissolutions dont il est capable. La Chimie se sert de deux moyens, pour l'avoir dégagé de cette terre et de cette huile. Le premier est de le distiller. On a par cette opération une liqueur transparente beaucoup plus acide que n'est le vinaigre ordinaire, mais encore bien affoiblie par la grande quantité de phlegme qu'elle contient. On a donc imaginé une seconde méthode, qui consiste à prendre un sel neutre, dont l'acide est le vinaigre, à le dessécher, et en le décomposant distiller l'acide à un feu violent. Le vinaigre radical qui en résulte ne cede peut-être en rien aux autres acides pour sa force ; communément c'est du verdet qu'on le retire. Lorsqu'on veut concentrer le vinaigre sans le débarrasser de la terre et de l'huîle dont la distillation le dépouille, on l'expose à une forte gelée : la partie phlegmatique se gele, tandis que l'acide conservant sa fluidité, s'écoule à-travers les lames de la glace.

Homberg et Neumann ont calculé que du fort vinaigre ne contient qu'une soixantième partie d'acide, Boerhaave ne lui en accorde pas une quatre-vingtième : nous sommes persuadés que si on débarrassait encore cette quatre-vingtième partie de tout le phlegme superflu, elle se réduirait à beaucoup moins.

Quoique les Chymistes aient fait plusieurs expériences avec le vinaigre simple ou distillé, ils en ont peu fait avec le radical. Il reste donc encore bien des choses à éprouver et à découvrir sur cet acide, auquel les Chymistes n'ont peut-être pas donné toute l'attention qu'il méritait. Geoffroy ne lui a accordé aucune colonne dans sa table des rapports ; M. Gellert omet plusieurs métaux et plusieurs terres dans la sienne. Il place l'or, l'argent, l'étain et le mercure comme indissolubles dans l'acide du vinaigre, et cependant le contraire vient d'être démontré au sujet du mercure ; il ne fait pas mention des terres calcaires : enfin il prouve combien peu on a fait de recherches sur un sujet aussi intéressant. En général on peut dire que cet acide est le plus faible de tous, que les sels qu'il forme avec les alkalis et les métaux sont décomposés par les acides minéraux. Quoique cet acide ne puisse pas dissoudre un grand nombre de métaux étant appliqué à nud, cependant il les dissout presque tous lorsqu'ils ont été précipités de leurs dissolvants propres. On peut le dulcifier avec l'esprit-de-vin, et en retirer un éther, suivant le procédé et la découverte de M. le comte de Lauragais.

Le vinaigre pris en petite quantité, délayé dans beaucoup d'eau, est, comme les autres acides, un tempérant propre à calmer la soif et la fièvre ; mais il a une propriété singulière, c'est qu'en même temps qu'il est un violent astringent, rafraichissant et diurétique, il excite abondamment la transpiration, et par ces raisons il peut, étant pris immodérément, conduire à un desséchement, à un marasme général. L'assemblage de ces qualités le rend d'un très-grand secours dans les maladies pestilentielles, où il faut en même temps corriger la corruption de l'air infecté par la pourriture des cadavres, tempérer le mouvement du sang et exciter la transpiration. Il sert dans les temps de contagion à purifier les viandes, les habits, les appartements, etc. Pour augmenter sa vertu, on le rend aromatique par l'infusion de quelques végétaux : les formules en sont sans nombre. Il est d'un très-grand usage dans la Pharmacie ; on en fait l'oxycrat, médicament souvent aussi utîle que simple. On en compose l'oxymel, dont les anciens médecins faisaient un bien plus grand usage que nous ; extérieurement c'est un rafraichissant, répercussif, astringent très-fort.

Lorsque dans les mets on emploie le vinaigre, on en compose toujours une espèce de savon, puisque c'est avec des graisses ou des huiles et du sel qu'on le mêle. Quand le savon n'est ni trop huileux, ni trop acide, il est à son point de perfection, et le mets préparé est au goût de tout le monde ; les parties huileuses qui entrent dans la composition du vinaigre, facilitent le mélange savonneux.

VEGETALE, terre, (Histoire naturelle) humus, humus vegetabilis ; c'est la terre qui se trouve à la surface, elle est plus ou moins noire ou jaune ; c'est cette terre qui contribue à la croissance des plantes qui, par leurs racines qui pourrissent, lui rendent continuellement une portion de ce qu'elles en ont reçu. On voit par-là que la terre végétale est bien éloignée d'être une terre simple ; elle doit être un mélange d'argille, de terre calcaire, de sable, de gravier, de parties ferrugineuses, etc. auquel s'est joint une portion de la partie terreuse, huileuse et saline, des végétaux qui s'y pourrissent et s'y décomposent. Une des principales qualités de cette terre est d'être bien divisée, afin d'être propre à se prêter, pour ainsi dire, aux racines jeunes encore des plantes, pour cela il faut qu'elle ne soit ni trop compacte, ni trop spongieuse. Quand elle est trop dense, elle serre trop fortement les racines des plantes et empêche de s'étendre ; joignez à cela qu'elle retient les eaux qui ne pouvant point la traverser assez promptement, ou y séjournant trop longtemps, pourrissent et endommagent les végétaux. Une terre trop grasse et trop chargée de glaise est dans ce cas. Voyez GLAISE.

D'un autre côté, si la terre végétale est trop poreuse et trop légère, l'eau, si nécessaire pour la végétation et qui est le véhicule qui doit porter le suc nourricier aux plantes, n'y séjourne point assez pour produire cet effet, elle passe comme au-travers d'un crible. Telle est une terre végétale, qui serait trop sablonneuse ou trop remplie de craie.

Pour remédier à ces inconvénients dans le premier cas, c'est-à-dire lorsque la terre sera trop grasse, il faudra la diviser et la rendre plus légère, en y joignant soit de la craie, soit du gravier, soit du sable. Quant au second inconvénient, c'est-à-dire lorsque la terre végétale sera trop maigre, on pourra y joindre une terre plus grasse, du fumier, de la marne argilleuse, etc.

L'on voit donc que tout le mystère de la fertilisation des terres dépend de rencontrer la juste proportion qui est nécessaire, pour que les terres soient dans un état de division qui facilite la circulation des eaux, et qui ne les arrête ni trop ni trop peu. Voyez les articles GLAISE et MARNE.

La terre végétale s'appelle aussi terreau, terre franche, terre des jardins.