v. act. (Grammaire) c'est abattre pour la seconde fais. Il a fallu rabattre plusieurs fois ce pan de muraille.

Il signifie aussi retrancher, diminuer, déduire. On rabattrait beaucoup de l'estime qu'on porte à certains personnages, si on connaissait leur conduite particulière et secrète. Je vous rabattrai de vos gages. On n'en veut rien rabattre, c'est un prix fait. Il m'a donné un à-compte, en rabattant sur ce qu'il me doit. Le vent rabat la fumée dans mon appartement. J'ai rabattu les coups. Dans ces dernières acceptions, rabattre, c'est déterminer en-bas. Se rabattre se dit encore de la dernière course qu'on fait, et de l'endroit où l'on l'arrête. La perdrix s'est rabattue dans ce taillis. Après avoir fait mes visites, je me rabattrai chez moi. Poussé dans ce retranchement, il s'est rabattu sur cette question, etc.

RABATTRE, (Jurisprudence) en terme de palais signifie lever, supprimer : ce terme n'est usité qu'en parlant d'un défaut ou sentence par défaut prise à l'audience, lorsque le défaillant ou son défenseur se présente avant que l'audience soit levée, il peut demander à celui qui préside de rabattre le défaut, et ordinairement on prononce en ces termes le défaut rabattu : mais s'il y avait de l'affectation de la part du défaillant, et qu'il laissât toujours prendre un défaut, et vint ensuite à la fin de l'audience seulement pour faire rabattre le défaut, et par ce moyen éluder de plaider contradictoirement ; il dépend de la prudence du juge, dans ce cas, de ne point rabattre le défaut, et en ce cas on ordonne que le défaut tiendra, ou, s'il est encore temps, les parties plaideront.

Quand le défaut n'est pas rabattu, il n'y a plus que la voie d'opposition, si le défaut n'est pas fatal ; ou s'il est fatal, la voie d'appel.

Il est parlé du rabattement des défauts dans quelques anciennes ordonnances, telles que celle de Louis XII. en 1498, et celle de François I. en 1539. Voyez le glossaire de Laurière aux mots Rabat, Rabattre, Défaut, Opposition, Appel, &c.

RABATTRE, (Commerce) ôter, diminuer, déduire, retrancher du prix d'une marchandise. Je vous rabattrai quatre pour cent, si vous payez comptant. Dict. du Commerce.

RABATTRE, en terme de Boutonnier, c'est l'action de couper en biseau avec une langue de serpent la sertissure d'un bouton ; opération par laquelle on enterre, pour ainsi dire, la calotte dans le moule, pour qu'elle y tienne plus solidement, ce qui se fait sur le tour. Voyez TOUR.

RABATTRE, Ve n. (Coutelier) c'est une des façons qu'on donne sur l'enclume à la forge et au marteau à une pièce de coutellerie, qui doit être tranchante. Voyez l'article RASOIR.

RABATTRE, Ve act. terme de Laboureur, c'est rouler, adoucir et applanir la terre lorsqu'elle est mouillée et que les avoines sont levées. (D.J.)

RABATTRE, en terme de Manège, se dit d'un cheval qui manie à courbette ; et on dit qu'il les rabat bien, lorsqu'il porte à terre les deux jambes de derrière à la fais, lorsque ses deux jambes touchent terre ensemble, et que le cheval suit tous les temps avec la même justesse. Un cheval qui harpe des deux jarrets et qui a les jambes basses en maniant, rabat bien ses courbettes et avec beaucoup de grâce.

RABATTRE, en terme d'Orfèvre, c'est abaisser et rendre insensibles les côtes trop vives et trop marquées que le traçoir ou le perloir ont faites sur un champ, ce qui se fait avec un planoir. Voyez PLANOIR.

RABATTRE, terme de Serrurerie, il est commun à tous les Forgerons ; c'est la même chose que réparer, ce qui se fait après que les Forgerons ont fini de forger une pièce ; alors ils effacent à petits coups toutes les inégalités que les grands coups de marteau ont pu laisser.

RABATTRE, terme de Tailleur et de Couturière, c'est prendre un morceau de l'étoffe, la remplir et la coudre. On dit aussi rabattre une couture lorsqu'on l'affaisse en la pressant, soit du dé, soit du fer à repasser ; c'est dans le même sens qu'on rabat un pli.

RABATTRE, terme de Tannerie, qui signifie jeter les cuirs dans un vieux plain, après les avoir tirés de l'eau. Voyez TANNER.

RABATTRE, (Teinture) ce mot se dit pour corriger une couleur trop vive. Par les statuts des Teinturiers, il est porté, article xxij. que les verts-bruns seront alunés et gaudés avec gaude ou sarrette, puis rabattus avec le verdet et le bois d'Inde, et couperose. Les feuilles mortes ne sont rabattues qu'avec la seule couperose ; c'est l'article xxiij. qui était aussi inutîle que le précédent. Tous les règlements de M. Colbert sur les Teinturiers ne font pas un grand honneur à ses lumières.

RABATTRE, terme de Tireur d'or, c'est, par le moyen d'un rouet, faire passer sur la rochette le trait qui est autour de la bobine ; rabattre du trait ; trait rabattu. Diction. du comm. (D.J.)

RABATTRE, se dit, en terme de Chasse, lorsqu'un limier ou un chien-courant tombe sur les voies d'une bête qui Ve de temps qu'il s'en rabat, et rencontre et en donne la connaissance à celui qui le mene.

RABATTRE, c'est, à la longue Paume, renvoyer de bas, en rasant la terre de plus près possible, à sa partie adverse, la balle qu'il doit servir.

RABATTRE, au jeu de quille, c'est jouer un second coup sur les quilles de l'endroit où la boule a été après le premier jet ; ceux qui font choux-blanc, ne rabattent point. Voyez l'article RABAT.