(Grammaire) qui se croit et ne cache point qu'il se croit plus grand que les autres. Un sauvage ni un philosophe ne sauraient être insolents. Le sauvage ne voit autour de lui que ses égaux. Le philosophe ne sent pas sa supériorité sur les autres, sans les plaindre, et il s'occupe à descendre modestement jusqu'à eux. Quel est donc l'homme insolent ? c'est celui qui dans la société a des meubles et des équipages, et qui raisonne à peu près ainsi. J'ai cent mille écus de rente ; les dix-neuf vingtiemes des hommes n'ont pas mille écus, les autres n'ont rien. Les premiers sont donc à mille degrés au-dessous de moi ; le reste en est à une distance infinie. D'après ce calcul il manque d'égards à tout le monde, de peur d'en accorder à quelqu'un. Il se fait mépriser et haïr ; mais qu'est ce que cela lui fait ? sacram metiente viam cum bis ter ulnarum togâ, la queue de sa robe n'en est pas moins ample : voilà l'insolence financière ou magistrale. Il y a l'insolence de la grandeur ; l'insolence littéraire. Toutes consistent à exagérer les avantages de son état, et à les faire valoir d'une manière outrageante pour les autres. Un homme supérieur qui illustre son état, ne songe pas à s'en glorifier, c'est la pauvre ressource des subalternes.