IVE, adj. terme de Grammaire ; qui se prend souvent substantivement. On le dit d'un mot qui signifie une chose plus petite que celle qui est désignée par le primitif : par exemple, maisonette est le diminutif de maison ; monticule l'est de mont ou montagne ; globule est le diminutif de globe : ce sont-là des diminutifs physiques. Tels sont encore perdreau de perdrix, faisandeau de faisan, poulet et poulette de poule, etc. Mais outre ces diminutifs physiques, il y a encore des diminutifs de compassion, de tendresse, d'amitié, en un mot de sentiment. Nous sommes touchés d'une sorte de sentiment tendre à la vue des petits des animaux, et par une suite de ce sentiment, nous leur donnons des noms qui sont autant de diminutifs ; c'est une espèce d'interjection qui marque notre tendresse pour eux. C'est à l'occasion de ces sentiments tendres, que nos Poètes ont fait autrefois tant de diminutifs ; rossignolet, tendrelet, agnelet, herbette, fleurette, grassette, Janette, &c.

Viens ma bergère sur l'herbette,

Viens ma bergère viens seulette,

Nous n'aurons que nos brebietes

Pour témoins de nos amouretes. Boursaut.

Les Italiens et les Espagnols sont plus riches que nous en diminutifs ; il semble que la langue française n'aime point à être riche en babioles et en colifichets, dit le P. Bouhours. On ne se sert plus aujourd'hui de ces mots qui ont la terminaison de diminutifs, comme hommelet, rossignolet, montagnette, campagnette, tendrelet, doucelet, nymphelette, larmelette, etc. " Ronsard, dit le P. Bouhours, remarques, tom. I. p. 199. la Noue auteur du dictionnaire des rimes, et mademoiselle de Gournai, n'ont rien négligé en leur temps pour introduire ces termes dans notre langue. Ronsard en a parsemé ses vers, la Noue en a rempli son dictionnaire, mademoiselle de Gournai en a fait un recueil dans ses avis, et elle s'en déclare hautement la protectrice ; cependant notre langue n'a point reçu ces diminutifs ; ou si elle les reçut en ce temps-là, elle s'en défit aussi-tôt. Dès le temps de Montagne on s'éleva contre tous ces mots si mignons : favoris de sa fille d'alliance : elle eut beau entreprendre leur défense et crier au meurtre de toute sa force, avec tout cela la pauvre demoiselle eut le déplaisir de voir ses chers diminutifs bannis peu-à-peu ; et si elle vivait encore, je crois, poursuit le P. Bouhours, qu'elle mourrait de chagrin de les voir exterminés entièrement ".

Les Italiens et les Espagnols font encore d'autres diminutifs des premiers diminutifs ; par exemple, de bambino, un petit enfant, ils ont fait bambinello, bamboccio, bambocciolo, etc. C'est ainsi, qu'en latin de homo on a fait homuncio et d'homuncio, homunculus, et encore homulus. Ces trois mots sont dans Cicéron. Le P. Bouhours dit que ce sont des pygmées qui multiplient, et qui font des enfants encore plus petits qu'eux. Remarques, tom. I. p. 199. (F)