exactitude, vigilance, (Grammaire) tous marquent différentes manières dont l'âme s'occupe d'un objet : rien n'échappe à l'attention ; l'exactitude n'omet rien ; la vigilance fait la sûreté. Si l'âme s'occupe d'un objet, pour le connaître elle donne de l'attention ; pour l'exécuter elle apporte de l'exactitude ; pour le conserver elle emploie la vigilance. L'attention suppose la présence d'esprit ; l'exactitude, la mémoire ; la vigilance, la crainte et la méfiance.

Le magistrat doit être attentif, l'ambassadeur exact, le capitaine vigilant. Les discours des autres demandent de l'attention ; le maniment des affaires de l'exactitude ; l'approche du danger de la vigilance. Il faut écouter avec attention ; satisfaire à sa promesse avec exactitude, et veiller à ce qui nous est confié.

ATTENTION, s. f. (Logique) c'est une opération de notre âme, qui s'attachant à une partie d'un objet composé, la considère de manière à en acquérir une idée plus distincte que des autres parties. Ainsi dans un spectacle nous donnons une attention toute particulière aux scènes vives et intéressantes. La connaissance que fait naître en nous l'attention est si vive, qu'elle absorbe, pour ainsi dire, toutes les autres, et qu'elle semble seule occuper l'âme et la remplir toute entière.

Il est certain que plus nous apporterons de contention d'esprit à l'examen d'une chose qui est hors de nous, plus nous pourrons acquérir un grand nombre des idées particulières, qui sont contenues dans l'idée complexe de ce que nous examinons. La même chose a lieu par rapport à ce dont nous avons une perception immédiate, soit qu'il s'agisse de ce qui se passe dans notre âme, soit que nous comparions des idées déjà acquises. A l'égard de ces dernières, il est clair que si nous considérons pendant longtemps et avec attention deux idées composées, nous découvrirons un plus grand nombre de relations entre les idées particulières qui les composent. L'attention est, pour ainsi dire, une espèce de microscope qui grossit les objets, et qui nous y fait apercevoir mille propriétés qui échappent à une vue distraite.

Pour augmenter l'attention, il faut avant tout écarter ce qui pourrait la troubler ; ensuite il faut chercher des secours pour l'aider.

1°. Les sensations sont un obstacle à l'attention que nous voulons donner aux objets qui occupent notre imagination ; et le meilleur moyen de conserver cette attention, c'est d'écarter tous les objets qui pourraient agir sur nos sens, et de bannir de notre imagination tout ce qui la remue trop vivement. Les sensations obscurcissent, effacent, et font éclipser les actes de l'imagination, comme le prouve l'expérience. Vous avez Ve hier un tableau dont vous vous rappelez actuellement l'idée : mais au même moment un autre tableau frappe votre vue, et chasse par son impression l'image qui vous occupait intérieurement. Un prédicateur suit de mémoire le fil de son discours ; un objet singulier s'offre à ses regards, son attention s'y livre, il s'égare, et cherche inutilement la suite de ses idées. Il est donc essentiel de préserver ses sens des impressions extérieures, lorsqu'on veut soutenir son attention. De-là ces orateurs qui récitent les yeux fermés ou dirigés vers quelque point fixe et immobile. Delà les soins d'un homme de lettres, pour placer son cabinet dans quelqu'endroit retiré et tranquille. De-là le succès des études de la nuit, puisqu'il règne alors un grand calme par-tout.

Le tumulte de l'imagination n'est pas moins nuisible à l'attention que celui des sens. A l'issue d'un spectacle il vous est difficîle de reprendre vos études ; vous êtes dans le même cas le lendemain d'une grande partie de divertissement, dont les idées se renouvellent avec vivacité ; et en général toutes les fois que nous sommes fortement occupés de plusieurs objets brillans, sonores, ou propres à faire quelqu'autre impression sur nos sens.

Les modifications de l'âme ont trois causes, les sens, l'imagination, et les passions. Tous ceux qui veulent s'appliquer soigneusement à la recherche de la vérité, doivent avoir un grand soin d'éviter, autant que cela se peut, toutes les sensations trop fortes, comme le grand bruit, la lumière trop vive, le plaisir, la douleur, etc. Ils doivent veiller sans cesse à la pureté de leur imagination, et empêcher qu'il ne se trace dans leur cerveau de ces vestiges profonds qui inquietent et qui dissipent continuellement l'esprit. Enfin ils doivent surtout arrêter les mouvements des passions, qui font dans le corps et dans l'âme des impressions si puissantes, qu'il est d'ordinaire comme impossible que l'esprit pense à d'autres choses qu'aux objets qui les excitent. Néanmoins on peut faire usage des passions et des sens pour conserver l'attention de l'esprit.

Les passions dont il est utîle de se servir, dit le P. Malbranche, pour s'exciter la recherche de la vérité, sont celles qui donnent la force et le courage de surmonter la peine que l'on trouve à se rendre attentif. Il y en a de bonnes et de mauvaises ; de bonnes, comme le désir de trouver la vérité, d'acquérir assez de lumière pour se conduire, de se rendre utîle au prochain, et quelques autres semblables ; de mauvaises ou de dangereuses, comme le désir d'acquérir de la réputation, de se faire quelqu'établissement, de s'élever au-dessus de ses semblables, et quelques autres encore plus déréglées.

Dans le malheureux état où nous sommes, il arrive souvent que les passions les moins raisonnables nous portent plus vivement à la recherche de la vérité, et nous consolent plus agréablement dans les peines que nous y trouvons, que les passions les plus justes et les plus raisonnables. La vanité, par exemple, nous agite beaucoup plus que l'amour de la vérité. La vue confuse de quelque gloire qui nous environne lorsque nous débitons nos opinions, nous soutient le courage dans les études même les plus stériles et les plus ennuyeuses. Mais si par hasard nous nous trouvons éloignés de ce petit troupeau qui nous applaudissait, notre ardeur se refroidit aussi-tôt : les études même les plus solides n'ont plus d'attrait pour nous ; le dégout, l'ennui, le chagrin nous prend. La vanité triomphait de notre paresse naturelle, mais la paresse triomphe à son tour de l'amour de la vérité ; car la vanité résiste quelquefois à la paresse, mais la paresse est presque toujours victorieuse de l'amour de la vérité.

Cependant la passion pour la gloire, quand elle est réglée, peut servir beaucoup à fortifier l'attention. Cette passion, si elle se trouve jointe avec un amour sincère de la vérité et de la vertu, est digne de louanges, et ne manque jamais de produire d'utiles effets. Rien ne fortifie plus l'esprit et n'encourage davantage les talents à se développer, que l'espérance de vivre dans le souvenir des hommes, mais il est difficîle que cette passion se contienne dans les bornes que lui prescrit la raison ; et quand une fois elle vient à les passer, au lieu d'aider l'esprit dans la recherche de la vérité, elle l'aveugle étrangement et lui fait même croire que les choses sont comme il souhaite qu'elles soient. Il est certain qu'il n'y aurait pas eu tant de fausses inventions et tant de découvertes imaginaires, si les hommes ne se laissaient point étourdir par des désirs ardents de paraitre inventeurs.

La passion ne doit servir qu'à réveiller l'attention : mais elle produit toujours ses propres idées, et elle pousse vivement la volonté à juger des choses par ces idées qui la touchent, plutôt que par les idées pures et abstraites de la vérité, qui ne la touchent pas.

La seconde source d'où l'on peut tirer quelque secours pour rendre l'esprit attentif, sont les sens. Les sensations sont les modifications propres de l'âme ; les idées pures de l'esprit sont quelque chose de différent : les sensations réveillent donc notre attention d'une manière beaucoup plus vive que les idées pures. Dans toutes les questions où l'imagination et les sens n'ont rien à saisir, l'esprit s'évapore dans ses propres pensées. Tant d'idées abstraites, dont il faut réunir et combiner les rapports, accablent la raison ; leur subtilité l'éblouit, leur étendue la dissipe, leur mélange la confond. L'ame épuisée par ses réflexions, retombe sur elle-même, et laisse ses pensées flotter et se suivre sans règle, sans force et sans direction : un homme profondément concentré en lui-même n'est pas toujours le plus attentif. Comme nos sens sont une source féconde où nous puisons nos idées, il est évident que les objets qui sont les plus propres à exercer nos sens, sont aussi les plus propres à soutenir notre attention ; c'est pour cela que les Géomètres expriment par des lignes sensibles les proportions qui sont entre les grandeurs qu'ils veulent considérer. En traçant ces lignes sur le papier, ils tracent, pour ainsi dire, dans leur esprit les idées qui y répondent ; ils se les rendent plus familières, parce qu'ils les sentent en même temps qu'ils les conçoivent. La vérité, pour entrer dans notre esprit, a besoin d'une espèce d'éclat. L'esprit ne peut, s'il est permis de parler ainsi, fixer sa vue vers elle, si elle n'est revêtue de couleurs sensibles. Il faut tellement tempérer l'éclat dont elle brille, qu'il ne nous arrête pas trop au sensible ; mais qu'il puisse seulement soutenir notre esprit dans la contemplation des vérités purement intelligibles.

Si quelqu'un doutait encore que les sens soient propres à soutenir et à fixer notre attention vers un objet, j'appellerais à mon secours l'expérience. En effet, qu'on se recueille dans le silence et dans l'obscurité, le plus petit bruit ou la moindre lueur suffira pour distraire, si l'on est frappé de l'un ou de l'autre, au moment qu'on ne s'y attendait point : c'est que les idées dont on s'occupe se lient naturellement avec la situation où l'on se trouve ; et qu'en conséquence les perceptions qui sont contraires à cette situation ne peuvent survenir, qu'aussi-tôt l'ordre des idées ne soit troublé. On peut remarquer la même chose dans une supposition toute différente : si pendant le jour et au milieu du bruit je réfléchis sur un objet, c'en sera assez pour me donner une distraction : que la lumière ou le bruit cesse tout-à-coup, dans ce cas, comme dans le premier, les nouvelles perceptions que j'éprouve sont tout à fait contraires à l'état où j'étais auparavant, l'impression subite qui se fait en moi doit donc encore interrompre la suite de mes idées.

Cette seconde expérience fait voir que la lumière et le bruit ne sont pas un obstacle à l'attention. Je crois même qu'il ne faudrait que de l'habitude pour en tirer de grands secours. Il n'y a proprement que les révolutions inopinées qui puissent nous distraire. Je dis inopinées ; car quels que soient les changements qui se font autour de nous, s'ils n'offrent rien à quoi nous ne devions naturellement nous attendre, ils ne font que nous appliquer plus fortement à l'objet dont nous voulions nous occuper. Jamais nous ne sommes plus fortement occupés aux spectacles, que lorsqu'ils sont bien remplis : notre attention se renforce par l'attention vive et soutenue que nous voyons dans le grand nombre de spectateurs. Combien de choses différentes ne rencontre-t-on pas quelquefois dans une même campagne ? Des coteaux abondants, des plaines arides, des rochers qui se perdent dans les nues, des bois où le bruit et le silence, la lumière et les ténèbres se succedent alternativement, etc. Cependant les Poètes éprouvent tous les jours que cette variété les inspire ; c'est qu'étant liée avec les plus belles idées dont la poésie se pare, elle ne peut manquer de les réveiller. La vue, par exemple, d'un coteau abondant, retrace le chant des oiseaux, le murmure des ruisseaux, le bonheur des bergers, leur vie douce et paisible, leurs amours, leur constance, leur fidélité, la pureté de leurs mœurs, etc. Beaucoup d'autres exemples pourraient prouver que l'homme ne pense qu'autant qu'il emprunte des secours, soit des objets qui lui frappent les sens, soit de ceux dont l'imagination lui retrace les images.

Il n'y a rien qui ne puisse nous aider à réfléchir, parce qu'il n'y a point d'objets auxquels nous n'ayons le pouvoir de lier nos idées, et qui par conséquent ne soient propres à faciliter l'exercice de la mémoire et de l'imagination : mais tout consiste à savoir former ces liaisons conformément au but qu'on se propose, et aux circonstances où l'on se trouve. Avec cette adresse il ne sera pas nécessaire d'avoir, comme quelques philosophes, la précaution de se retirer dans des solitudes ou de s'enfermer dans un caveau, pour y méditer à la sombre lueur d'une lampe. Ni le jour, ni les ténèbres, ni le bruit, ni le silence, rien ne peut mettre obstacle à l'esprit d'un homme qui sait penser.

Que prétendait Démocrite en se crevant les yeux pour avoir le plaisir d'étudier sans aucune distraction la Physique ? Croyait-il par-là perfectionner ses connaissances ? Tous ces philosophes méditatifs sont-ils plus sages, qui se flattent de pouvoir d'autant mieux connaître l'arrangement de l'univers et de ses parties, qu'ils prennent plus de soin de tenir leurs yeux exactement fermés pour méditer librement ? Tous ces aveugles philosophes se font des systèmes pleins de chimères et d'illusions, parce qu'il leur est impossible, sans le secours de la vue, d'avoir une juste idée ni du soleil, ni de la lumière, ni des couleurs, c'est-à-dire des parties de la nature, qui en font la beauté et le principal mérite. Je ne doute pas que tous ces sombres philosophes ne se soient souvent surpris ne pensant rien, tandis qu'ils étaient abimés dans les plus profondes méditations. On n'aurait jamais reproché au fameux Descartes d'avoir fabriqué un monde tout différent de celui qui existe, si plus curieux observateur des phénomènes de la nature, il eut ouvert les yeux pour contempler avidement, au lieu de se plonger, comme il a fait, dans de pures rêveries, et de former, dans une sombre et lente méditation, le plan d'un univers.

L'attention est susceptible de divers degrés : il y a des gens qui la conservent au milieu du bruit le plus fort. Citons l'exemple de M. Montmort, et rapportons les propres termes de M. de Fontenelle. " Il ne craignait pas les distractions en détail. Dans la même chambre où il travaillait aux problèmes les plus intéressants, on jouait du clavecin, son fils courait et le lutinait, et les problèmes ne laissaient pas de se résoudre. Le P. Malebranche en a été plusieurs fois témoin avec étonnement. Il y a bien de la force dans un esprit qui n'est pas maitrisé par les impressions du dehors, même les plus légères ". Il y en a d'autres que le vol d'une mouche interrompt. Rien n'est plus mobîle que leur attention, un rien la distrait : mais il y en a qui la tiennent fort longtemps attachée à un même objet ; c'est le cas ordinaire des métaphysiciens consommés, et des grands mathématiciens. La suite la plus longue des démonstrations les plus impliquées ne les épuise point. Quelques géomètres ont poussé ce talent à un point incroyable ; tels sont entr'autres Clavius et Wallis : le premier a fait un traité de l'Astrolabe, dont très-peu de gens seraient capables de soutenir la simple lecture. Quelle n'a donc pas été la force de l'attention dans un auteur, pour composer ce qu'un lecteur intelligent a peine à suivre jusqu'au bout !

Il se trouve aussi des personnes qui peuvent embrasser plusieurs choses à-la-fais, tandis que le plus grand nombre est obligé de se borner à un objet unique. Entre les exemples les plus distingués dans ce genre, nous pouvons citer celui de Jules César, qui en écrivant une lettre, en pouvait dicter quatre autres à ses secrétaires ; ou s'il n'écrivait pas lui-même, dictait sept lettres à-la-fais. Cette sorte de capacité, en fait d'attention, est principalement fondée sur la mémoire, qui rappelle fidélement les différents objets que l'imagination se propose de considérer attentivement à-la-fais. Peu de gens sont capables de cette complication d'attention ; et à moins que d'être doué de dispositions naturelles extrêmement heureuses, il ne convient pas de faire des essais dans ce genre ; car la maxime vulgaire est vraie en général :

Pluribus intentus, minor est ad singula sensus.

Il y en a qui peuvent donner leur attention à des objets de tout genre, et d'autres n'en sont maîtres qu'en certains cas. L'attention est ordinairement un effet du gout, une suite du plaisir que nous prenons à certaines choses. Certains génies universels, pour qui toutes sortes d'études ont des charmes, et qui s'y appliquent avec succès, sont donc dans le cas d'accorder leur attention à des objets de tout genre. M. Leibnitz nous fournit, au rapport de M. de Fontenelle, un de ces génies universels. Jamais auteur n'a tant écrit, ni sur des sujets si divers ; et néanmoins ce mélange perpétuel, si propre à faire naître la confusion, n'en mettait aucune dans ses idées. Au milieu de ces passages brusques sa précision ne le quittait point, et l'on eut dit que la question qu'il discutait était toujours celle qu'il avait le plus approfondie. Le plus grand nombre des hommes, et même des savants, n'a d'aptitude que pour un certain ordre de choses. Le Poète, le Géomètre, le Peintre, chacun resserré dans son art et dans sa profession, donne à ses objets favoris une attention qu'il lui serait impossible de prêter à toute autre chose.

Il y en a enfin qui sont également capables d'attention pour les objets absens, comme pour ceux qui sont présents ; d'autres au contraire ne peuvent la fixer que sur les choses présentes. Tous ces degrés s'acquièrent, se conservent et se perfectionnent par l'exercice. Un Montmort, un Clavius, un Wallis, un Jules César, dont nous avons donné des exemples, n'étaient parvenus à ce degré, à cette capacité d'attention qu'ils possédaient, que par un exercice long et continuellement réitéré. Tous le monde sait de quelle force était l'attention d'Archimède, qui ne s'aperçut ni du sac de sa patrie, ni de l'entrée du soldat furieux dans son cabinet, qu'il prit sans doute pour quelqu'un de ses domestiques, puisqu'il lui recommanda de ne pas déranger ses cercles. Un autre trait de sa vie prouve qu'il était tout à fait capable de cette profondeur d'attention requise pour saisir dans un objet présent tout ce qu'il y a d'important à y remarquer. Je veux parler du fait rapporté par Vitruve, et de la manière dont Archimède s'y prit pour découvrir le mélange qu'un orfèvre avait fait d'une certaine quantité d'argent dans une masse d'or que le roi Hiéron lui avait donnée pour en faire une couronne. Voyez ALLIAGE.

Concluons ici comme ailleurs, habitude fait tout ; l'âme est flexible comme le corps, et ses facultés sont tellement liées au corps, qu'elles se développent et se perfectionnent aussi-bien que celles du corps, par des exercices continuels, et des actes toujours réitérés. Les grands hommes qui, le fil d'Ariane en main, ont pénétré, sans s'égarer, jusqu'au fond des labyrinthes les plus tortueux, ont commencé par s'essayer ; aujourd'hui une demi-heure d'attention, dans un mois une heure, dans un an quatre heures soutenues sans interruption ; et par de tels progrès, ils ont tiré de leur attention un parti qui parait incroyable à ceux qui n'ont jamais mis leur esprit à aucune épreuve, et qui ne recueillent que les productions volontaires d'un champ que la culture fertilise si abondamment. On peut dire en général, que ce qui fait le plus de tort aux hommes, c'est l'ignorance de leurs forces. Ils s'imaginent que jamais ils ne viendront à bout de telle chose ; et dans cette prévention, ils ne mettent pas la main à l'œuvre, parce qu'ils négligent la méthode de s'y rendre propres insensiblement et par degrés. S'ils ne réussissent pas du premier coup, le dépit les prend, et ils renoncent pour toujours à leur dessein. Cet article est tiré des papiers de M. Formey. (X)