S. f. (Grammaire) ce mot est un diminutif de partie ; et il signifie une petite partie d'un tout. Les Grammairiens l'ont adopté dans ce sens, pour désigner par un nom unique toutes les parties d'oraison indéclinables, les prépositions, les adverbes, les conjonctions et les interjections ; parce qu'elles sont en effet les moins importantes de celles qui sont nécessaires à la constitution du discours. Quel mal y aurait-il à cette dénomination, si en effet elle ne désignait que les espèces dont le caractère commun est l'indéclinabilité ? " C'est qu'elle ne sert, dit M. l'abbé Girard, vrais princip. tom. II. disc. 13, pag. 311. qu'à confondre les espèces entr'elles, puisqu'on les place indifféremment dans la classe des particules, malgré la différence et de leurs noms et de leurs services, qui les font si bien connaître ". Je ne prétends point devenir l'apologiste de l'abus qu'on peut avoir fait de ce terme ; mais je ne puis me dispenser d'observer que le raisonnement de cet auteur porte à plein sur un principe faux. Rien n'est plus raisonnable que de réunir sous un seul coup d'oeil, au moyen d'une dénomination générique, plusieurs espèces différenciées et par leurs noms spécifiques et par des caractères propres très-marqués : on ne s'avise point de dire que la dénomination générique confond les espèces, quoiqu'elle les présente sous un même aspect ; et M. Girard lui-même n'admet-il pas sous la dénomination générique de particule, les interjectives et les discursives ; et sous chacune de ces espèces d'autres espèces subalternes ; par exemple, les exclamatives, les acclamatives et les imprécatives sous la première espèce ; et sous la seconde, les assertives, les admonitives, les imitatives ; les exhibitives, les explétives et les précursives.

Le véritable abus consiste en ce qu'on a appelé particules, non-seulement les mots indéclinables, mais encore de petits mots extraits des espèces déclinables : il n'est pas rare de trouver, dans les méthodes préparées pour la torture de la jeunesse, la particule SE, les particules SON, SA, SES ou LEUR ; et l'on sait que la particule ON y joue un rôle important. C'est un abus réel, parce qu'il n'est plus possible d'assigner un caractère qui soit commun à tous ces mots, et qui puisse fonder la dénomination commune par laquelle on les désigne : et peut-être que la division des particules adoptées par l'académicien est vicieuse par le même endroit.

En effet, les particules interjectives, que tout le monde connait sous le nom plus simple d'interjections, appartiennent exclusivement au langage du cœur, et il en convient en d'autres termes ; chacune d'elles vaut un discours entier : Voyez INTERJECTION : et les particules discursives sont du langage analytique de l'esprit, et n'y sont jamais en effet que comme des particules réelles de l'énonciation totale de la pensée. Qu'y a-t-il de commun entre ces deux espèces ? De désigner, dit-on, une affection dans la personne qui parle ; et l'on entend sans contredit une affection du cœur ou de l'esprit. A ce prix, particule et mot sont synonymes ; car il n'y a pas un mot qui n'énonce une pareille affection et ils ont un caractère commun qui est très-sensible, ils sont tous produits par la voix.

M. l'abbé de Dangeau, qui faisait son capital de répandre la lumière sur les matières grammaticales, et qui croyait, avec raison, ne pouvoir le faire avec succès, qu'en recueillant avec scrupule, et comparant avec soin tous les usages, a rassemblé sous un seul coup d'oeil les différents sens attachés par les Grammairiens au nom de particule. Opusc. pag. 231 et suiv.

" 1°. On donne, dit-il, le nom de particule à divers petits mots, quand on ne sait sous quel genre ou partie d'oraison on les doit ranger, ou qu'à divers égards ils se peuvent ranger sous diverses parties d'oraison.... 2°. On donne aussi le même nom de particule à des petits mots, qui sont quelquefois prépositions et quelquefois adverbes.... 2°. On donne aussi le même nom de particule à de petits mots qui ne signifient rien par eux-mêmes, mais qui changent quelque chose à la signification des mots auxquels on les ajoute : par exemple, les petits mots de ne et de pas.... 4°. On doit donner le nom de particule principalement à de petits mots qui tiennent quelque chose d'une des parties d'oraison, et quelque chose d'une autre, comme du, au, des, aux.... 5°. On donne encore le nom de particule à d'autres petits mots qui tiennent la place de quelques prépositions et de quelque nom, comme en, y et dont.... 6°. Les syllabes ci, là et dà, ainsi que les enclitiques ne, ve, que des Latins, et l'enclitique des Grecs, sont aussi des particules.... 7°. Il y a d'autres sortes de particules qui servent à la composition des mots, et comme elles ne font jamais de mots à part, on les nomme des particules inséparables, comme re, de, des, mes, dis, &c.... Tous ces différents usages des particules, et l'utilité dont il est de connaître la force qu'elles ont dans le discours, pourrait faire croire que ce ne serait pas mal fait de faire de la particule une dixième partie d'oraison ".

Il parait évidemment par cet extrait de ce qu'a écrit sur les particules le savant abbé de Dangeau, qu'il y a sur cet objet une incertitude singulière et une confusion étrange dans le langage des Grammairiens ; et j'ajoute qu'il y a bien des erreurs.

1°. Donner le nom de particule à certains petits mots, quand on ne sait sous quel genre ou partie d'oraison on les doit ranger ; c'est constater par un nom d'une signification vague, l'ignorance d'un fait que l'on laisse indécis par malhabileté ou par paresse. Il serait et plus simple et plus sage, ou de déclarer qu'on ignore la nature de ces mots, au lieu d'en imposer par un nom qui semble exprimer une idée, ou d'en rechercher la nature par voies ouvertes à la sagacité des Grammairiens.

2°. Regarder comme particules de petits mots qui à divers égards peuvent se ranger sous diverses parties d'oraison, ou qui sont, dit-on, quelquefois prépositions et quelquefois adverbes ; c'est introduire dans le langage grammatical la périssologie et la confusion. Quand vous trouvez, il est si savant, dites que si est adverbe ; et dans je ne sais si cela est entendu, dites que si est conjonction : mais quelle nécessité y a-t-il de dire que si soit particule ? Au reste, il arrive souvent que l'on croit mal-à-propos qu'un mot change d'espèce, parce que quelque ellipse dérobe aux yeux les caractères de syntaxe qui conviennent naturellement à ce mot : le mot après, dit M. de Dangeau, est préposition dans cette phrase, Pierre marche après Jacques ; il est adverbe dans celle-ci, Jacques marchait devant, et Pierre marchait après : c'est une préposition dans la dernière phrase comme dans la première, mais il y a ellipse dans la seconde, et c'est comme si l'on disait, Jacques marchait devant (ou plutôt avant) Pierre, et Pierre marchait après Jacques. On peut dire en général qu'il est très-rare qu'un mot change d'espèce ; et cela est tellement contre nature, que si nous en avons quelques-uns que nous sommes forcés d'admettre dans plusieurs classes, ou il faut reconnaître que c'est l'effet de quelque figure de construction ou de syntaxe, que l'habitude ne nous laisse plus soupçonner, mais que l'art peut retrouver, ou il faut l'attribuer à différentes étymologies : par exemple, notre adverbe si vient certainement de l'adverbe latin sic, et notre conjonction si est sans altération la conjonction latine si.

3°. Je ne crois pas, quoique M. de Dangeau le dise très-affirmativement, que l'on doive donner le nom de particule à nos petits mots du, des, au, aux. La Grammaire ne doit point juger des mots par l'étendue de leur matériel, ni les nommer d'après ce jugement ; c'est leur destination qui doit fixer leur nature. Or les mots dont il s'agit, loin d'être des particules dans le sens diminutif que présente ce mot, équivalent au contraire à deux parties d'oraison, puisque du veut dire de le, des veut dire de les, au veut dire à le, et aux veut dire à les. C'est ainsi qu'il faut les désigner, en marquant que ce sont des mots composés équivalents à telle préposition et tel article. C'est encore à-peu-près la même chose des mots en, y et dont : celui-ci est équivalent à de lequel, de laquelle, de lesquels, ou de lesquelles : les deux autres sont de vrais adverbes, puisque le mot en signifie de lui, d'elle, de cela, de ce lieu, d'eux, d'elles, de ces choses, de ces lieux ; et que le mot y veut dire à cela, à ces choses, en ce lieu, en ces lieux : or tout mot équivalent à une préposition avec son complément, est un adverbe. Voyez ADVERBE.

4°. Enfin je suis persuadé, contre l'avis même de l'habîle grammairien dont j'ai rapporté les paroles, que ce serait très-mal fait de faire des particules une nouvelle partie d'oraison. On vient de voir que la plupart de celles qu'il admettait avec le gros des grammairiens, ont déjà leur place fixée dans les parties d'oraison généralement reconnues, et par conséquent qu'il est au moins inutîle d'imaginer pour ces mots une classe à part.

Les autres particules, dont je n'ai rien dit encore, et que je trouve en effet très-raisonnable de désigner par cette dénomination, ne constituent pas pour cela une partie d'oraison, c'est-à-dire, une espèce particulière de mots : et en voici la preuve. Un mot est une totalité de sons devenue par usage, pour ceux qui l'entendent, le signe d'une idée totale : voyez MOT : or les particules, que je consens de reconnaître sous ce nom, puisqu'il faut bien en fixer la notion par un terme propre, ne sont les signes d'aucune idée totale ; la plupart sont des syllabes qui ne deviennent significatives, qu'autant qu'elles sont jointes à d'autres mots dont elles deviennent parties, de sorte qu'on ne peut pas même dire d'aucune que ce soit une totalité de sons, puisque chacune devient son partiel du mot entier qui en résulte.

Au lieu donc de regarder les particules comme des mots, il faut s'en tenir à la notion indiquée par l'étymologie même du nom, et dire que ce sont des parties élémentaires qui entrent dans la composition de certains mots, pour ajouter à l'idée primitive du mot simple auquel on les adapte, une idée accessoire dont ces éléments sont les signes.

On peut distinguer deux sortes de particules, à cause des deux manières dont elles peuvent s'adapter avec le mot simple dont elles modifient la signification primitive, les unes sont prépositives, ou préfixes, pour parler le langage de la grammaire hébraïque, parce qu'elles se mettent à la tête du mot ; les autres sont postpositives, ou affixes, parce qu'elles se mettent à la fin du mot.

Les particules que je nomme prépositives ou préfixes, s'appellent communément prépositions inséparables ; mais cette dénomination est doublement vicieuse : 1°. elle confond les éléments dont il s'agit ici avec l'espèce de mots à laquelle convient exclusivement le nom de préposition : 2°. elle présente comme fondamentale l'idée de la position de ces particules, en la nommant la première ; et elle montre comme subordonnée et accessoire l'idée de leur nature élémentaire, en la désignant en second : au lieu que la dénomination de particule prépositive ou préfixe n'abuse du nom d'aucune espèce de mot, et présente les idées dans leur ordre naturel. On ne saurait mettre dans ces termes techniques trop de vérité, trop de clarté, ni trop de justesse.

Voici dans l'ordre alphabétique nos principales particules prépositives.

A, ou ad, particule empruntée de la préposition latine ad, marque, comme cette préposition, la tendance vers un but physique ou moral. On se sert de a dans les mots que nous composons nous-mêmes à l'imitation de ceux du latin, et même dans quelques-uns de ceux que nous avons empruntés : aguerrir (ad bellum aptiorem facere), améliorer (ad melius ducere), anéantir (réduire à néant, ad nihilum) ; avocat que l'on écrivait et que l'on prononçait anciennement advocat (ad alienam causam dicendam vocatus). On se sert de ad quand le mot simple commence par une voyelle, par un h muet, par la consonne m, et quelquefois quand il commence par j ou par v : adapter (aptare ad), adhérer (haerere ad), admettre (mettre dans), adjoint (junctus ad), adverbe (ad verbum junctus), etc. Dans quelques cas, le d de ad se transforme en la consonne qui commence le mot simple, si c'est un c ou un q, comme accumuler, acquérir ; un f, comme affamer ; un g, comme agréger ; un l, comme alaiter ; un n, comme annexer ; un p, comme applanir, appauvrir, apposition ; un r, comme arranger, arrondir ; un s, comme assaillir, assidu, assortir ; un t comme attribut, atténué, &c.

Ab ou abs, qui est sans aucune altération la préposition latine, marque principalement la séparation ; comme abhorrer, abjuration, ablution, abnégation, abortif, abrogé, absolution, abstinence, abstrait, abusif, &c.

Anti marque quelquefois la priorité, et alors il vient de la préposition latine ante, comme dans antidate ; mais ordinairement nous conservons le latin en entier, antécesseur. Plus souvent il vient du grec , contrà, et alors il marque opposition : ainsi le poème immortel du cardinal de Polignac, dont M. de Bougainville a donné au public une excellente traduction, porte à juste titre le nom d'Antilucrece, puisque la doctrine du poète moderne est tout à fait opposée au matérialisme absurde et impie de l'ancien. Voyez ANTI.

Co, com, col, cor et con, est une particule empruntée de la préposition latine cùm (avec) dont elle garde le sens dans la composition. On se sert de co devant un mot simple qui commence par une voyelle ou par un h muet ; coadjuteur, coéternel, coincidence, coopération, cohabiter, cohéritier. On emploie com devant une des consonnes labiales b, p, ou m ; combattre, compétiteur, commutation. On se sert de col, quand le mot simple commence par l ; collection, colliger ; collusion : le mot colporteur n'est point contraire à cette règle, il signifie porteur au col. On fait usage de cor devant les mots qui commencent par r, correlatif, correspondance. Dans toutes les autres occasions on se sert de con ; concordance, condenser, confédération, conglutiner, conjonctif, connexion, conquérir, consentir, conspirer, contemporain, convention.

Contre, servant comme particule, conserve le même sens d'opposition qui est propre à la préposition ; contredire, contremander, contrevenir : contrefaire, c'est imiter contre la vérité ; contrefait veut quelquefois dire, fait contre les lois ordinaires et les proportions de la nature ; contretirer une estampe, c'est la tirer dans un sens opposé et contraire. Mais dans contresigner, contre veut seulement dire auprès.

Dé sert quelquefois à étendre la signification du mot ; elle est ampliative, comme dans déclarer, découper, détremper, dévorer : d'autres fois elle est négative et sert à marquer la suppression de l'idée énoncée par le mot simple, comme dans débarquer, décamper, dédire, défaire, dégénéré, déloyal, démasqué, dénaturé, dépourvu, dérèglement, désabuser, détorse, dévaliser.

Dés est toujours négative dans le même sens que l'on vient de voir ; désaccorder, désennuyer, déshabiller, déshérité, déshonneur, désintéressement, désordre, désunion.

Di est communément une particule extensive ; diriger, c'est régler de point en point ; dilater, c'est donner beaucoup d'étendue ; diminuer, c'est rendre plus menu, etc.

Dis est plus souvent une particule négative ; discordance, disgrace, disproportion, disparité. Quelquefois elle marque diversité ; disputer (disputare) signifie littéralement diversa putare, ce qui est l'origine des disputes ; distinguer, selon M. l'abbé de Dangeau, (Opusc. p. 239.) vient de dis et de tingère (teindre), et signifie proprement teindre d'une couleur différente, ce qui est très-propre à distinguer ; discerner, voir les différences ; disposer, placer les diverses parties, etc. Dans diffamer, difficile, difforme, c'est la particule dis dont le s final est changé en f, à cause du f initial des mots simples, et elle y est négative.

E '& ex sont des particules qui viennent des propositions latines é ou ex, et qui dans la composition marquent une idée accessoire d'extraction ou de séparation : ébrancher, ôter les branches ; écervelé, qui a perdu la cervelle ; édenter, ôter les dents, effréné, qui s'est soustrait au frein ; élargir, c'est séparer davantage les parties élémentaires ou les bornes ; émission, l'action de pousser hors de soi ; énerver, ôter la force aux nerfs ; épousseter, ôter la poussière, etc. exalter, mettre au-dessus des autres ; excéder, aller hors des bornes ; exhéréder, ôter l'héritage ; exister, être hors du néant ; exposer, mettre au dehors ; exterminer, mettre hors des temps ou des bornes, etc. Il ne faut pas croire au reste, comme le donne à entendre M. l'abbé Regnier, (Grammaire franç. in-12. p. 545. in-4°. pag. 574.) que ce soit la particule é qui se trouve à la tête des mots écolier, épi, éponge, état, étude, espace, esprit, espèce, etc. et de plusieurs autres qui viennent de mots latins commençant par s suivie d'une autre consonne, scolaris, spica, spongia, status, studium, spatium, spiritus, species, &c.

La difficulté que l'on trouva à prononcer de suite les deux consonnes initiales, fit prendre naturellement le parti de prononcer la première comme dans l'alphabet, es ; et dès lors on dit, et l'on écrivit ensuite, escolier, espi, esponge, estat, espace, esprit, espèce, etc. l'euphonie dans la suite supprima la lettre s de la prononciation de quelques-uns de ces mots, et l'on dit écolier, épi, éponge, état, étude ; et ce n'est que depuis peu que nous avons supprimé cette lettre dans l'orthographe : elle subsiste encore dans celle des mots espace, esprit, espèce, parce qu'on l'y prononce. Si cet e ne s'est point mis dans quelques dérivés de ces mots, ou dans d'autres mots d'origine semblable, c'est qu'ils se sont introduits dans la langue en d'autres temps, et qu'étant d'un usage moins populaire, ils ont été moins exposés à souffrir quelque altération dans la bouche des gens éclairés qui les introduisirent.

La particule en, dans la composition, conserve le même sens à-peu-près que la préposition, et marque position ou disposition : position, comme dans encaisser, endosser, enfoncer, engager, enlever, enjeu, enregistrer, ensevelir, entasser, envisager : disposition, comme dans encourager, endormir, engrosser, enhardir, enrichir, ensanglanter, enivrer. Lorsque le mot simple commence par une des labiales b, p ou m, la particule en devient em ; embaumer, empaler, emmailloter : et l'abréviateur de Richelet, M. l'abbé Goujet, péche contre l'usage et contre l'analogie, lorsqu'il écrit enmailloter, enmancher, enménager, enmener.

In est une particule qui a dans notre langue, ainsi qu'elle avait en latin, deux usages très-différents. 1°. Elle conserve en plusieurs mots le sens de la préposition latine in, ou de notre particule française en, et par conséquent elle marque position ou disposition ; position, comme incarnation, infuser, ingrédient, inhumation, initier, inné, inoculation, inscrire, intrus, invasion ; disposition, comme inciter, induire, influence, innover, inquisition, insigne, intention, inversion. In et en ont tellement le même sens, quand on les considère comme venues de la proposition, que l'usage les partage quelquefois entre des mots simples qui ont une même origine et un même sens individuel, et qui ne différent que par le sens spécifique : inclination, enclin ; inflammation, enflammer ; injonction, enjoindre ; intonation, entonner. 2°. In est souvent une particule privative, qui marque l'absence de l'idée individuelle énoncée par le mot simple : inanimé, inconstant, indocile, inégal, infortuné, ingrat, inhumain, inhumanité, inique, injustice, innombrable, inoui, inquiet, inséparable, intolérance, involontaire, inutile. Quel que puisse être le sens de cette particule, on en change la finale n en m devant les mots simples qui commençent par une des labiales b, p, ou m ; imbiber, imbu, imbécile, impétueux, imposer, impénitence ; immersion, imminent, immodeste : n se change en l devant l, et en r devant r ; illuminer, illicite ; irruption, irradiation, irrévèrent.

Mé ou més est la même particule dont l'euphonie supprime souvent la finale s : elle est privative, mais dans un sens moral, et marque quelque chose de mauvais, le mal n'étant que l'absence ou la privation du bien. M. l'abbé Regnier (pag. 562. in-12, ou pag. 589. in-4°.) a donné la liste de tous les mots composés de cette particule usitée de son temps, et il écrit mes par-tout, soit que l'on prononce ou que l'on ne prononce pas s : en voici une autre un peu différente ; je n'ai écrit s que dans les mots où cette lettre se prononce, et c'est lorsque le mot simple commence par une voyelle ; j'ai retranché quelques mots qui ne sont plus usités, et j'en ai ajouté quelques-uns qui sont d'usage : mécomptes, mécompter ; méconnaissable, méconnaissance, méconnaître ; mécontent, comme mal-content, (voyez les Remar. nouv. de Bouhours, tome I. pag. 271.) mécontentement, mécontenter ; mécréant ; médire, médisance, médisant ; méfaire, méfait ; mégarde ; méprendre, méprise ; mépris, méprisable, méprisant, mépriser ; mésaise comme malaise ; mésalliance, mésallié ; mésestimer ; mésintelligence ; mésoffrir ; messéance, messéant comme malséant ; mesuser ; mévendre, mevente. Les Italiens emploient mis dans le sens de notre més ; et les Allemands ont miss qui parait être la racine de notre particule. Voyez le Gloss. germ. de Wachter, proleg. sect. V.

Par ou per est une particule ampliative qui marque l'idée accessoire de plénitude ou de perfection ; parfait, entièrement fait ; parvenir, venir jusqu'au bout ; persécuter comme persequi, suivre avec acharnement ; peroraison, ce qui donne la plénitude entière à l'oraison, etc. La particule latine per avait la même énergie ; c'est pourquoi devant les adjectifs et les adverbes elle leur donnait le sens ampliatif ou superlatif : periniquus, très-injuste ; perabsurdè, d'une manière fort absurde, etc.

Nous avons encore plusieurs autres particules qui viennent ou de nos prépositions, ou des prépositions latines, ou de quelques particules latines : elles en conservent le sens dans nos mots composés, et n'ont pas grand besoin d'être expliquées ici : en voici quelques exemples : entreprendre, interrompre, introduire, pourvoir, prévoir, produire, rassembler, rebâtir, réassigner, réconcilier, rétrograder, subvenir, subdélégué, soumettre, sourire, survenir, traduire, transposer.

Je remarquerai seulement sur la particule re ou ré, que souvent un même mot simple reçoit des significations très-différentes, selon qu'il est précédé de re avec l'e muet, ou de ré avec l'é fermé : repondre, c'est pondre une seconde fais, répondre, c'est répliquer à un discours ; reformer, c'est former de nouveau, réformer, c'est donner une meilleure forme ; repartir, c'est répliquer, ou partir pour retourner, répartir, c'est distribuer en plusieurs parts.

On peut lire avec fruit sur quelques particules prépositives, les Remarques nouvelles du père Bouhours, tom. I. pag. 257, 298 et 556.

Le nombre de nos particules postpositives n'est pas grand : nous n'en avons que trois ci, là et da. Ci indique des objets plus prochains, là des objets plus éloignés : de-là la différence de sens que reçoivent les mots, selon qu'on les termine par l'une ou par l'autre de ces particules, ceci, cela ; voici, voilà ; celui-ci, celui-là ; cet homme là.

Da est ampliatif dans l'affirmation ouida ; et c'est le seul cas où l'usage permette aujourd'hui de l'employer. Cette particule était autrefois plus usitée comme affirmative : il avait une épée da, c'est un habîle homme da. Plus anciennement elle s'écrivait dea ; et Garnier dans sa tragédie de Bradamante, commence ainsi un vers :

Dea, mon frère, hé pourquoi ne me l'aviez vous dit ?

Il y avait donc une suite de diphtongue : sur quoi je ferai une observation que l'on peut ajouter à celles de Ménage. C'est que dans le patais de Verdun, il y a une affirmation qui est vie dia, et quelquefois on dit pa la vie dia ; ce que je crois qui signifie par la vie de Dieu, en sorte que vie dia c'est vie de Dieu, ou vive Dieu. Or dia et dea ne diffèrent que comme i et e qui sont des sons très-approchants et souvent confondus : ainsi rien n'empêche de croire que da n'est affirmatif qu'autant qu'il prend Dieu même à témoin. (B. E. R. M.)

PARTICULES est aussi un terme de Théologie, dont on se sert dans l'Eglise latine pour exprimer les miettes ou petits morceaux de pain consacré, qu'on appelle dans l'Eglise grecque.

Dans l'Eglise grecque, il y a une cérémonie particulière, nommée , des particules, dans laquelle on offre certains morceaux de pain non consacré en l'honneur de la Vierge, de S. Jean-Baptiste, et de plusieurs autres saints. On donne aussi à ces particules le nom d'oblation, .

Gabriel, archevêque de Philadelphie, a donné un petit traité, , dans lequel il s'efforce de faire voir l'ancienneté de cette cérémonie, parce qu'il en est fait mention dans les liturgies de S. Chrysostome et de S. Basile.

Il y a eu sur cette matière une dispute considérable entre les Théologiens réformés et les catholiques. Aubertin et Blondel expliquent un passage de la théorie de S. Germain, patriarche de Constantinople, où il parle de la cerémonie des particules comme d'une chose en usage de son temps. En faveur des Catholiques, MM. de Port-royal contestent l'explication ; mais M. Simon, dans ses notes sur Gabriel de Philadelphie, tâche de faire voir que ce passage est une interpolation, parce qu'il ne se trouve point dans les anciens exemplaires de S. Germain ; et par conséquent que la dispute n'a point de fondement.

PARTICULE, s. f. (Physique) partie très-petite d'un corps ; c'est de l'assemblage et de l'union de plusieurs de ces parties que sont composés les corps naturels.

Particule dans la nouvelle Philosophie est employé par quelques auteurs dans le même sens qu'atome dans l'ancienne Philosophie d'Epicure, et que corpuscule dans la Philosophie moderne. Voyez ATOME et CORPUSCULE.

Néanmoins d'autres auteurs les distinguent, et disent que particule est l'assemblage et l'union de deux ou plusieurs corpuscules ou atomes primitifs et physiquement indivisibles ; et que corpuscule ou petit corps est l'assemblage ou la masse de plusieurs particules.

Au reste, cette distinction n'est pas fort nécessaire, et dans la plupart des ouvrages de Physique particule est employé comme synonyme à corpuscule.

Les particules sont donc comme les éléments des corps ; c'est leur arrangement différent et leur contexture, avec la différence de cohésion, qui constitue les différentes sortes de corps, durs, mous, secs. liquides, pesans, légers, etc. Voyez ÉLEMENT et COHESION.

Les particules les plus petites ou les corpuscules s'unissent, suivant les Newtoniens, par l'attraction la plus forte, et composent des particules plus grosses dont l'union est plus faible, et plusieurs de ces parties réunies ensemble forment des particules encore plus grosses dont l'union est toujours plus faible ; et ainsi par différents degrés jusqu'à ce que la progression finisse par les particules les plus grosses, desquelles dépendent les opérations chimiques et les couleurs des corps naturels, et qui, en s'unissant, composent les corps des masses sensibles. Voyez MATIERE, COULEUR, ATTRACTION et COHESION.

Les Epicuriens s'imaginaient que la cohésion de ces particules de matière se faisait par le moyen des atomes accrochés, les Péripatéticiens au contraire par le simple repos de ces parties les unes auprès des autres ; c'est aussi le sentiment des Cartésiens. Voyez DURETE. Chambers.