adj. (Grammaire) Ce mot vient du latin colligère, recueillir, rassembler. Cet adjectif se dit de certains noms substantifs qui présentent à l'esprit l'idée d'un tout, d'un ensemble formé par l'assemblage de plusieurs individus de même espèce ; par exemple, armée est un nom collectif, il nous présente l'idée singulière d'un ensemble, d'un tout formé par l'assemblage ou réunion de plusieurs soldats : peuple est aussi un terme collectif, parce qu'il excite dans l'esprit l'idée d'une collection de plusieurs personnes rassemblées en un corps politique, vivant en société sous les mêmes lois : forêt est encore un nom collectif ; car ce mot, sous une expression singulière, excite l'idée de plusieurs arbres qui sont l'un auprès de l'autre ; ainsi le nom collectif nous donne l'idée d'unité par une pluralité assemblée.

Mais observez que pour faire qu'un nom soit collectif, il ne suffit pas que le tout soit composé de parties divisibles ; il faut que ces parties soient actuellement séparées, et qu'elles aient chacune leur être à part, autrement les noms de chaque corps particulier seraient autant de noms substantifs ; car tout corps est divisible : ainsi homme n'est pas un nom collectif, quoique l'homme soit composé de différentes parties ; mais ville est un nom collectif, soit qu'on prenne ce mot pour un assemblage de différentes maisons, ou pour une société de divers citoyens : il en est de même de multitude, quantité, régiment, troupe, la plupart, &c.

Il faut observer ici une maxime importante de Grammaire, c'est que le sens est la principale règle de la construction : ainsi quand on dit qu'une infinité de personnes soutiennent, le verbe soutiennent est au pluriel, parce qu'en effet, selon le sens, ce sont plusieurs personnes qui soutiennent : l'infinité n'est que pour marquer la pluralité des personnes qui soutiennent ; ainsi il n'y a rien contre la Grammaire dans ces sortes de constructions. C'est ainsi que Virgile a dit : Pars mersi tenuere ratem ; et dans Salluste, pars in carcerem acti, pars bestiis objecti. On rapporte ces constructions à une figure qu'on appelle syllepse ; d'autres la nomment synthèse : mais le nom ne fait rien à la chose ; cette figure consiste à faire la construction selon le sens plutôt que selon les mots. Voyez CONSTRUCTION. (F)