S. f. (Gouvernement) ; abus qui se glisse dans le gouvernement démocratique, lorsque la vîle populace est seule maîtresse des affaires. Ce mot vient d', multitude, et , puissance.

L'ochlocratie doit être regardée comme la dégradation d'un gouvernement démocratique : mais il arrive quelquefois que ce nom dans l'application qu'on en fait, ne suppose pas tant un véritable défaut ou une maladie réelle de l'état, que quelques passions ou mécontentements particuliers qui sont cause qu'on se prévient contre le gouvernement présent. Des esprits orgueilleux qui ne sauraient souffrir l'égalité d'un état populaire, voyant que dans ce gouvernement chacun a droit de suffrage dans les assemblées où l'on traite des affaires de la république, et que cependant la populace y fait le plus grand nombre, appellent à tort cet état une ochlocratie ; comme qui dirait un gouvernement où la canaille est la maîtresse, et où les personnes d'un mérite distingué, tels qu'ils se croient eux-mêmes, n'ont aucun avantage par-dessus les autres ; c'est oublier que telle est la constitution essentielle d'un gouvernement populaire, que tous les citoyens ont également leur voix dans les affaires qui concernent le bien public. Mais, dit Ciceron, on aurait raison de traiter d'ochlocratie, une république où il se ferait quelque ordonnance du peuple, semblable à celle des anciens Ephésiens, qui, en chassant le philosophe Hermodore, déclarèrent que personne chez eux ne devait se distinguer des autres par son mérite. Nemo de nobis unus excellat. Cic. Tusc. quaest. lib. V. cap. xxxvj. (D.J.)