Imprimer
Catégorie parente: Morale
Catégorie : Jurisprudence
(Jurisprudence) On entend par ce terme, le hasard produit dans les partages ; après avoir formé les lots, ils se distribuent ou par choix ou par convention, ou enfin on les tire au sort. Dans ce dernier cas, on fait autant de petits billets qu'il y a de lots, et l'on écrit sur l'un premier lot, et sur l'autre second lot, et ainsi des autres. On mêle ensuite ces billets après les avoir pliés ou roulés, et on les fait tirer l'un après l'autre, un pour chaque héritier, suivant l'ordre de progéniture ; et selon le billet qui échet, on écrit dans le partage que le premier lot est advenu à un tel, le second à un tel. Voyez LOTS et PARTAGE. (A)

SORT, (Critique sacrée) manière de décider les choses par le hasard. Cet usage est très-convenable dans plusieurs occasions, surtout dans celles où il n'y a aucune raison de préférence. Alors l'auteur des Proverbess a raison de dire que le sort termine toute dispute. Son usage était fréquent chez les Hébreux, comme cela parait dans plusieurs endroits de l'Ecriture. La terre promise fut partagée au sort. Les Levites reçurent leur lot par le même moyen. Dans le jour de l'expiration, on jetait le sort sur les deux boucs, pour savoir lequel des deux serait immolé. David distribua par le sort les rangs aux vingt-quatre bandes de prêtres qui devaient servir dans les temples. Quand il fut question de remplir la place de Judas dans l'apostolat, le sort tomba sur saint Matthias. Enfin la robe de Jésus-Christ fut jetée au sort.

Mais la manière de tirer le sort chez les Juifs, n'est pas marquée fort distinctement dans l'Ecriture ; et nous n'en voyons qu'une sorte exprimée dans Salomon. On jetait les sorts (apparemment des billets) dans le pan d'une robe, d'où, après les avoir bien mêlés, on les tirait pour la décision.

Le mot sort désigne encore dans l'Ecriture l'effet du sort, le partage. La méchante femme doit être le partage des pécheurs, sors peccatorum, Ecclésiastes. xxv. 26. c'est-à-dire, que le pécheur mérite de souffrir la mauvaise humeur d'une méchante femme plutôt que l'homme vertueux ; mais malheureusement le sort ne le décide pas toujours ainsi. (D.J.)

SORTS, (Théologie payenne) sortes. Le sort est l'effet du hasard, et comme la décision ou l'oracle de la fortune ; mais les sorts sont les instruments dont on se sert pour savoir quelle est cette décision.

Les sorts étaient le plus souvent des espèces de dés, sur lesquels étaient gravés quelques caractères ou quelques mots dont on allait chercher l'explication dans des tables faites exprès. Les usages étaient différents sur les sorts. Dans quelques temples on les jetait soi-même ; dans d'autres on les faisait sortir d'une urne, d'où est venue cette manière de parler si ordinaire aux Grecs, le sort est tombé.

Ce jeu de dés était toujours précédé de sacrifices et de beaucoup de cérémonies ; apparemment les prêtres savaient manier les dés ; mais s'ils ne voulaient pas prendre cette peine, ils n'avaient qu'à les laisser aller ; ils étaient toujours maîtres de l'explication.

Les Lacédémoniens allèrent un jour consulter les sorts de Dodone, sur quelque guerre qu'ils entreprenaient ; car outre les chênes parlans, et les colombes et les bassins et l'oracle, il y avait encore des sorts à Dodone. Après toutes les cérémonies faites, sur le point qu'on allait jeter les sorts avec beaucoup de respect et de vénération, voilà un singe du roi de Molosses, qui étant entré dans le temple, renverse les sorts et l'urne. La prêtresse effrayée dit aux Lacédémoniens qu'ils ne devaient pas songer à vaincre, mais seulement à se sauver ; et tous les écrivains assurent que jamais Lacédémone ne reçut un présage plus funeste.

Les plus célébres entre les sorts étaient à Préneste et à Antium, deux petites villes d'Italie. A Préneste était la fortune, et à Antium les fortunes. Voyez SORTS DE PRENESTE.

Les fortunes d'Antium avaient cela de remarquable, que c'étaient des statues qui se remuaient d'elles-mêmes, selon le témoignage de Macrobe, l. I. c. xxiij. et dont les mouvements différents, ou servaient de réponse, ou marquaient si l'on pouvait consulter les sorts.

Un passage de Ciceron, au liv. II. de la divination, où il dit que l'on consultait les sorts de Préneste par le consentement de la fortune, peut faire croire que cette fortune savait aussi remuer la tête, ou donner quelqu'autre signe de ses volontés.

Nous trouvons encore quelques statues qui avaient cette même propriété. Diodore de Sicîle et Quinte-Curce disent que Jupiter-Ammon était porté par quatre-vingt prêtres dans une espèce de gondole d'or, d'où pendaient des coupes d'argent ; qu'il était suivi d'un grand-nombre de femmes et de filles qui chantaient des hymnes en langue du pays, et que ce dieu porté par ses prêtres, les conduisait en leur marquant par quelques mouvements où il voulait aller.

Le dieu d'Héliopolis de Syrie, selon Macrobe, en faisait autant : toute la différence était qu'il voulait être porté par les gens les plus qualifiés de la province, qui eussent longtemps auparavant vécu en continence, et qui se fussent fait raser la tête.

Lucien, dans le traité de la déesse de Syrie, dit qu'il a Ve un Apollon encore plus miraculeux, car étant porté sur les épaules de ses prêtres, il s'avisa de les laisser là, et de se promener par les airs, et cela aux yeux d'un homme tel que Lucien, ce qui est considérable.

Dans l'Orient les sorts étaient des flèches, et aujourd'hui encore les Turcs et les Arabes s'en servent de la même manière. Ezéchiel dit que Nabuchodonosor mêla ses flèches contre Ammon et Jérusalem, et que la flèche sortit contre Jérusalem. C'était-là une belle manière de résoudre auquel de ces deux peuples il ferait la guerre.

Dans la Grèce et dans l'Italie on tirait souvent les sorts de quelque poète célèbre, comme Homère ou Euripide ; ce qui se présentait à l'ouverture du livre, était l'arrêt du ciel. L'histoire en fournit mille exemples. Voyez SORTS d'Homere.

On voit même que quelques 200 ans après la mort de Virgile, on faisait déjà assez de cas de ses vers pour les croire prophétiques, et pour les mettre en la place des sorts qui avaient été à Préneste ; car Alexandre Sevère encore particulier, et dans le temps que l'empereur Héliogabale ne lui voulait pas de bien, reçut pour réponse dans le temple de Préneste cet endroit de Virgile dont le sens est : " Si tu peux surmonter les destins contraires, tu seras Marcellus. Voyez SORTS de Virgile.

Les sorts passèrent jusque dans le christianisme ; on les prit dans les livres sacrés, au-lieu que les payens les prenaient dans leurs poètes. S. Augustin, dans l'épitre cxix. à Januarius, parait ne désapprouver cet usage que sur ce qui regarde les affaires du siècle. Grégoire de Tours nous apprend lui-même quelle était sa pratique ; il passait plusieurs jours dans le jeune et dans la prière ; ensuite il allait au tombeau de saint Martin, où il ouvrait tel livre de l'Ecriture qu'il voulait, et il prenait pour la réponse de Dieu le premier passage qui s'offrait à ses yeux. Si ce passage ne faisait rien au sujet, il ouvrait un autre livre de l'Ecriture.

D'autres prenaient pour sort divin la première chose qu'ils entendaient chanter en entrant dans l'église. Voyez SORTS des Saints.

Mais qui croirait qu'Héraclius délibérant en quel lieu il ferait passer l'hiver à son armée, se détermina par cette espèce de sort ? Il fit purifier son armée pendant trois jours ; ensuite il ouvrit le livre des évangiles, et trouva que son quartier d'hiver lui était marqué dans l'Albanie. était-ce là une affaire dont on put espérer de trouver la décision dans l'Ecriture ?

L'Eglise est enfin venue à-bout d'exterminer cette superstition ; mais il lui a fallu du temps. Du moment que l'erreur est en possession des esprits, c'est une merveille, si elle ne s'y maintient toujours. (D.J.)

SORTS d'Homère, (Divinat. du paganisme) sortes Homericae ; espèce de divination. Elle consistait à ouvrir au hasard les écrits d'Homère, et à tirer à la première inscription de la page qui se présentait à la vue, un augure ou pronostic, de ce qui devait arriver à soi-même et aux autres, ou des règles de conduite convenables aux circonstances dans lesquelles on se trouvait. Les Grecs donnaient à ce genre de divination le nom de .

L'antiquité payenne semble avoir regardé ceux qui avaient le talent supérieur de la poésie, comme des hommes inspirés ; ils se donnaient pour tels ; ils assuraient qu'ils parlaient le langage des dieux, et les peuples les ont cru sur leur parole. L'Iliade et l'Odyssée sont remplis d'un si grand nombre de traits de religion et de morale ; ils contiennent dans leur étendue une si prodigieuse variété d'événements, de sentences et de maximes appliquables à toutes les circonstances de la vie, qu'il n'est pas étonnant que ceux qui par hasard ou de dessein formé, jetaient les yeux sur ces poèmes, aient cru y trouver quelquefois des prédictions ou des conseils : il aura suffi que le succès ait justifié de temps en temps la curiosité des personnes, qui dans des situations embarrassantes ont eu recours à cet expédient, pour qu'on se soit insensiblement accoutumé à regarder les écrits de ce poète, comme un oracle toujours prêt à rendre des réponses à quiconque voudrait l'interroger. On ne peut s'imaginer à quel point les hommes portent la crédulité, lorsqu'ils sont agités par la crainte, ou par l'espérance.

Ce n'était point-là un de ces préjugés qui ne règnent que sur le vulgaire ; de grands personnages de l'antiquité, ceux principalement qui aspiraient à gouverner les autres, n'ont pas été exempts de cette chimère. Mais ce ne fut point par cette idée superstitieuse que Socrate dans sa prison, entendant réciter ces vers qu'Homère met dans la bouche d'Achille ; j'arriverai le troisième jour à la fertîle Phthie,




Affichages : 1457