(Jurisprudence) signifie tout-à-la-fais la seigneurie d'un seigneur châtelain, l'étendue de sa seigneurie et de sa justice. Le terme de châtellenie vient de château ou châtelet, et de châtelain, parce que les châtelains étaient préposés à la garde des châteaux, comme les comtes à la garde des villes.

Anciennement les châtellenies n'étaient que des offices, ou plutôt des commissions révocables à volonté ; les comtes commettaient sous eux des châtelains dans les bourgades les plus éloignées, pour y commander et y rendre la justice, et le ressort de ces châtelains fut appelé châtellenie. Dans la suite, les châtelains prirent en fief leur châtellenie, ou s'en attribuèrent la propriété à la faveur des troubles. Il y a néanmoins encore plusieurs provinces où les châtellenies ne sont que de simples offices, comme en Auvergne, Poitou, Dauphiné.

On se sert indifféremment du titre de prevôté ou de celui de châtellenie pour exprimer une seigneurie et justice qui ne relève pas directement de la couronne. Ces châtellenies n'avaient anciennement que la basse justice ; c'est pourquoi quelques coutumes, comme Anjou, Maine, et Blais, portent que les châtelains n'ont que basse justice ; mais présentement la plupart des châtellenies sont en possession de la haute justice, tellement que dans quelques anciens praticiens, châtellenie se prend pour toute haute-justice, même relevant directement du Roi ; et l'on voit d'anciens contrats qui commencent par ces mots, en la cour de châtellenie de Blais, de Tours, de Chartres, etc. Il y a donc deux sortes de châtellenies ; les unes royales, les autres seigneuriales. Voyez Loyseau, des seigneuries, ch. VIIe et ci-devant CHATELAINS. (A)