(Droit politique) terme générique qui désigne une société d'hommes, vivants ensemble sous un gouvernement quelconque, heureux ou malheureux.

De cette manière l'on peut définir l'état, une société civile, par laquelle une multitude d'hommes sont unis ensemble sous la dépendance d'un souverain, pour jouir par sa protection et par ses soins, de la sûreté et du bonheur qui manquent dans l'état de nature.

La définition que Cicéron nous donne de l'état, revient à-peu-près à la même chose ; et est préférable à celle de Puffendorf, qui confond le souverain avec l'état. Voici la définition de Cicéron : Multitudo, juris consensu, et utilitatis communione sociata : " une multitude d'hommes joints ensemble par des intérêts et des lois communes, auxquelles ils se soumettent d'un commun accord ".

On peut considérer l'état comme une personne morale, dont le souverain est la tête, et les particuliers les membres ; en conséquence on attribue à cette personne certaines actions qui lui sont propres, certains droits distincts de ceux de chaque citoyen, et que chaque citoyen, ni plusieurs, ne sauraient s'arroger.

Cette union de plusieurs personnes en un seul corps, produite par le concours des volontés et des forces de chaque particulier, distingue l'état d'une multitude : car une multitude n'est qu'un assemblage de plusieurs personnes, dont chacune a sa volonté particulière ; au lieu que l'état est une société animée par une seule âme qui en dirige tous les mouvements d'une manière constante, relativement à l'utilité commune. Voilà l'état heureux, l'état par excellence.

Il fallait pour former cet état, qu'une multitude d'hommes se joignissent ensemble d'une façon si particulière, que la conservation des uns dépendit de la conservation des autres, afin qu'ils fussent dans la nécessité de s'entre-secourir ; et que par cette union de forces et d'intérêts, ils pussent aisément repousser les insultes dont ils n'auraient pu se garantir chacun en particulier ; contenir dans le devoir ceux qui voudraient s'en écarter, et travailler plus efficacement au bien commun.

Ainsi deux choses contribuent principalement à maintenir l'état. La première, c'est l'engagement même, par lequel les particuliers se sont soumis à l'empire du souverain ; engagement auquel l'autorité divine et la religion du serment ajoutent beaucoup de poids. La seconde, c'est l'établissement d'un pouvoir supérieur, propre à contenir les méchants par la crainte des peines qu'il peut leur infliger. C'est donc de l'union des volontés, soutenue par un pouvoir supérieur, que résulte le corps politique, ou l'état ; et sans cela on ne saurait concevoir de société civile.

Au reste, il en est du corps politique comme du corps humain : on distingue un état sain et bien constitué, d'un état malade. Ses maladies viennent ou de l'abus du pouvoir souverain, ou de la mauvaise constitution de l'état ; et il faut en chercher la cause dans les défauts de ceux qui gouvernent, ou dans les vices du gouvernement.

Nous indiquerons ailleurs la manière dont les états ou les sociétés civiles se sont formées pour subsister sous la dépendance d'une autorité souveraine. Voyez SOCIETE CIVILE, GOUVERNEMENT, SOUVERAIN, SOUVERAINETE ; et les différentes formes de souveraineté, connues sous les noms de REPUBLIQUE, DEMOCRATIE, ARISTOCRATIE, MONARCHIE, DESPOTISME, TYRANNIE, etc. qui sont tous autant de gouvernements divers, dont les uns consolent ou soutiennent, les autres détruisent et font frémir l'humanité. Article de M(D.J.)