S. m. (Droit politique) déclaration que font les Princes, et autres puissances, par un écrit public, des raisons et moyens sur lesquels ils fondent leurs droits et leurs prétentions, en commençant quelque guerre, ou autre entreprise ; c'est en deux mots l'apologie de leur conduite.

Les anciens avaient une cérémonie auguste et solennelle, par laquelle ils faisaient intervenir dans la déclaration de guerre, la majesté divine, comme témoin et vangeresse de l'injustice de ceux qui soutiendraient une telle guerre injustement. Peut-être aussi que les ambassadeurs étalaient les raisons de la guerre dans des harangues expresses, qui précédaient la dénonciation des hérauts d'armes : dumoins nous trouvons de telles harangues dans presque tous les Historiens, en particulier dans Polybe, dans Tite-Live, dans Thucydide, et ces sortes de pièces sont d'un grand ornement à l'histoire. Que ces harangues soient de leur propre génie ou non, il est très-probable que le fond en est vrai, et que les raisons justificatives, ou seulement persuasives, ont été publiées et alléguées des deux côtés. Sans doute que les Romains employaient toute leur force de plume pour colorer leurs guerres, et sur cet article, jamais peuple n'eut plus besoin des supercheries de l'éloquence que celui-là.

Les puissances modernes étalent à leur tour, dans leurs écrits publics, tous les artifices de la rhétorique, et tout ce qu'elle a d'adresse, pour exposer la justice des causes qui leur font prendre les armes, et les torts qu'ils prétendent avoir reçus.

Un motif politique a rendu nécessaires ces manifestes, dans la situation où sont à l'égard les uns des autres les princes de l'Europe, liés ensemble par la religion, par le sang, par des alliances, par des ligues offensives et défensives. Il est de la prudence du prince qui déclare la guerre à un autre, de ne pas s'attirer en même temps sur les bras tous les alliés de celui qu'il attaque : c'est en partie pour détourner cet inconvénient qu'on fait aujourd'hui des manifestes, qui renferment quelquefois la raison qui a déterminé le prince à commencer la guerre sans la déclarer.

Ce n'est pas cependant sur ces sortes de pièces qu'ils fondent le plus le succès de leurs armes, c'est sur leurs préparatifs, leurs forces, leurs alliances et leurs négociations. Ils pourraient tous s'exprimer comme fit un préteur latin dans une assemblée où l'on délibérait ce qu'on répondrait aux Romains, qui sur des soupçons de révolte, avaient mandé les magistrats du Latium. " Messieurs, dit-il, il me semble que dans la conjoncture présente nous devons moins nous embarrasser de ce que nous avons à dire que de ce que nous avons à faire ; car quand nous aurons bien pris notre parti, et bien concerté nos mesures, il ne sera pas difficîle d'y ajuster des paroles ". (D.J.)

MANIFESTE, s. m. (Commerce) est le nom que les Français, Anglais, Hollandais donnent, dans les échelles du Levant, à ce que nous nommons autrement une déclaration.

Les règlements de la nation anglaise portent que les écrivains des vaisseaux seront tenus de remettre des manifestes fidèles de leurs chargements, à peine d'être punis comme contrebandiers, et chassés du service. Ceux de la nation hollandaise ordonnent aux capitaines, pilotes, et écrivains de remettre leurs manifestes au trésorier, tant à leur arrivée qu'avant leur départ, et d'assurer par serment qu'ils sont fidèles, à peine de mille écus d'amande, et d'être privés de leur emploi.

Ces manifestes sont envoyés tous les ans par le trésorier des échelles, aux directeurs du Levant établis à Amsterdam, pour servir à l'examen de son compte. Dict. de commerce. (G)