S. m. (Economie rustique) c'est le remuement de la terre, fait avec un instrument quelconque. On laboure les champs avec la charrue, les jardins avec la bêche, les vignes avec la houe, etc. les bienfaits de la terre sont attachés à ce travail ; mais sans l'invention des instruments, et l'emploi des animaux propres à l'accélérer, un homme vigoureux fournirait à peine à sa nourriture ; la terre refuserait l'aliment à l'homme faible ou malade ; la société ne serait point composée de cette variété de conditions dont chacune peut concourir à la rendre heureuse et stable. L'inégalité entre les forces ne ferait naître entre les hommes que différents degrés d'indigence et d'abrutissement.

Labourer la terre, c'est la diviser, exposer successivement ses molécules aux influences de l'air ; et de plus c'est déraciner les herbes stériles, les chardons, etc. qui sans les labours couvriraient nos champs. Il faut donc, pour que le labour remplisse son objet, qu'il soit fait dans une terre assez trempée pour être meuble, mais qui ne soit pas trop humide. Si elle est trop seche, elle se divise mal ; si elle est trop humide on la corroye, le hâle la durcit ensuite, et d'ailleurs les mauvaises herbes sont mal déracinées. La profondeur du labour doit être proportionnée à celle de l'humus ou terre végétable, aux besoins de la graine qu'on veut semer, et aux circonstances qui déterminent à labourer, premièrement à la profondeur de l'humus. Il y a un assez grand nombre de terres propres à rapporter du bled, quoiqu'elles n'aient que six à sept pouces de profondeur. Si vous piquez plus avant, vous amenez à la superficie une sorte d'argille, qui sans être inféconde, rend votre terre inhabîle à rapporter du bled. Je dis sans être inféconde, car l'orge, l'avoine, et les autres menus grains n'en croitront que plus abondamment dans cette terre. Elle ne se refuse à la production du bled que par une vigueur excessive de végétation. La plante y pousse beaucoup en herbe, graine peu, et surtout mûrit tard, ce qui l'expose presque infailliblement à la rouille. La perte des années de bled est assez considérable pour que les cultivateurs aient à cet égard la plus grande attention. Ils ne sauraient trop se précautionner, quant à cet objet, contre leur propre négligence, ou l'ignorance de ceux qui mènent la charrue.

Les terres sujettes à cet inconvénient sont ordinairement rougeâtres et argilleuses. Lorsqu'on y lève la jachère pendant l'été, après une longue sécheresse, la première couche soulevée en grosses mottes, entraîne avec elle une partie de la seconde ; et on dit alors que la terre est dessoudée. Les fermiers fripons qu'on force à quitter leur ferme, dessoudent celles de leurs terres qui peuvent l'être pendant les deux dernières années de leur bail. Par ce moyen ils recueillent plus de menus grains, et nuisent en même temps à celui qui doit les remplacer.

Il faut en second lieu que le labour soit proportionné aux besoins de la graine qu'on veut semer. Si vous préparez votre terre pour de menus grains, tels que l'orge et l'avoine, un labour superficiel est suffisant. Le blé prend un peu plus de terre ; ainsi le labour doit être plus profond. Mais si on veut semer du sainfoin ou de la luserne, dont les racines pénètrent à une grande profondeur ; on ne peut pas piquer trop avant. Cela est nécessaire, afin que les racines de ces plantes prennent un prompt accroissement, et acquièrent le degré de force qui les fait ensuite s'enfoncer d'elles-mêmes dans la terre qui n'a pas été remuée.

Enfin le labour doit être proportionné aux circonstances dans lesquelles il se fait. Si vous défrichez une terre, la profondeur du labour dépendra de la nature de la friche que vous voulez détruire. Un labour de quatre pouces suffit pour retourner du gazon, exposer à l'air la racine de l'herbe de manière qu'elle se desseche et que la plante périsse, mais si la friche est couverte de bruyeres et d'épines, on ne saurait en essarter trop exactement toutes les racines, et le plus profond labour n'y suffit pas toujours. La levée des jachères est dans le cas du défrichement léger. Ce premier labour doit être peu profond, mais il faut enfoncer par degrés proportionnels ceux qui le suivent : par ce moyen les différentes parties de la terre se mêlent, et sont successivement exposées aux influences de l'air : les hersages, comme nous l'avons dit, ajoutent à l'effet du labour, et en sont comme le complément. Voyez HERSER.

Les campagnes offrent dans les différents pays un aspect différent, par les variétés introduites dans la manière de mener les labours. Ici une plaine d'une vaste étendue vous présentera une surface unie, dont toutes les parties seront également couvertes de grains. Là vous rencontrerez des sillons relevés, dont les parties basses ne produisent que de la paille courte et des épis maigres. Ces variétés naissent de la nature et de la position du sol ; et il serait dangereux de suivre à cet égard une autre méthode que celle qui est pratiquée dans le pays où on laboure. Si les sillons plats donnent une plus grande superficie, les sillons relevés sont necessaires par-tout où l'eau est sujette à séjourner : il faut alors perdre une partie du terrain pour conserver l'autre. Au reste, dans quelque terre que ce sait, si l'on veut qu'elle soit bien remuée, les différents labours doivent être croisés et pris par différents côtés. Voyez JACHERE. Voyez aussi sur les détails du labour et du labourage, nos Planches et leurs explications à l 'ECONOMIE RUSTIQUE.

LABOUR, (la terre de) Géographie en latin Laborioe ; en italien terra di Lavoro, grande province d'Italie, au royaume de Naples, peuplée, fertile, et la première du royaume.

Elle est bornée au nord par l'Abruzze ultérieure et citérieure ; à l'orient par le comté de Molise et par la principauté ultérieure ; au midi par la même principauté et par le golfe de Naples ; au couchant par la mer Tyrrhène et par la campagne de Rome.

Son étendue le long de la mer est d'environ 140 milles sur 32 dans sa plus grande largeur ; mais cette contrée est d'autant plus importante, que Naples, sa capitale, donne le nom à tout le royaume.

Entre ses principales villes on compte trois archevêchés et divers évêchés. Ses rivières les plus considérables sont le Gariglan (Liris), le Livigliano (Savo), le Volturne, le Clanio, le Sarno, etc. Ses lacs sont, le lac Laverne, le lago di Collucia (Acherusius des Latins). Ses montagnes sont le Vésuve, le Pausilipe, monte Cistello, monte Christo, monte Dragone, etc. Il y a des bains sans nombre dans cette province.

On y voit deux fameuses grottes ; l'une est la grotte de la sibyle, en latin Baiana ou cumana Crypta, dont les Poètes ont publié tant de merveilles imaginaires, mais Agrippa, le gendre d'Auguste, ayant fait abattre le bois d'Averne et poussé la fosse jusqu'à Cumes, dissipa les fables que le peuple avait adoptées sur les ténébres de ce lieu là ; l'autre grotte est celle de Naples ou de Pouzzolles, dont nous parlerons au mot PAUSILIPE.

Cette province est nommée la campagne heureuse, campania felix, à cause de la bonté de son air, de l'aménité de ses bords, et de l'admirable fertilité de son terroir, qui produit en abondance tout ce qu'on peut souhaiter de meilleur au monde.

Si cette contrée est si délicieuse de nos jours, quoique ravagée par les foudres terribles du Vésuve, quoique couverte de cailloux et de pierres ferrugineuses, sa beauté doit avoir été imcomparable dans les siècles passés, lorsque, par exemple, sur la fin de la république, les Romains, vainqueurs du monde sans craindre des feux imprévus, aimaient tant à la fréquenter. Cicéron, qui y avait une maison de plaisance, parle d'elle comme du grenier de l'Italie ; mais Florus, l. I. c. XVIe en dit bien d'autres choses. Lisez ces paroles : Omnium non modo Italiae, sed toto orbe terrarum pulcherrima Campania, plaga est. Nihil meliùs coelo. Bis floribus vernat. Nihil uberiùs solo. Ideò Liberi, Cererisque certamen, dicitur. Voilà comme cet historien sait peindre. Pline ajoute que les parfums de la Campanie ne le cedent qu'à ceux d'Egypte. Enfin personne n'ignore que ce furent les délices de ce pays enchanteur qui ramollirent le courage d'Annibal, et qui causèrent sa défaite. (D.J.)