S. m. (Economie rustique) Il y a le grenier à blé, et c'est celui où l'on serre le grain ou le blé après qu'il est battu ; il y a le grenier à foin, c'est celui où l'on serre le foin. Le grenier est aussi le réceptacle de beaucoup d'autres provisions, surtout de celles qui veulent être gardées seches, de même que la cave est le réceptacle de celles qui ne craignent point l'humidité, ou qui la demandent. Les caves sont les lieux les plus bas des maisons, et les greniers en sont les lieux les plus hauts : le grenier est immédiatement sous la couverture.

On conseille de donner aux greniers l'exposition du nord, autant que le terrain et le bâtiment peuvent le permettre, parce que cette exposition est la plus froide ou la plus tempérée dans les chaleurs.

On a observé que les meilleurs greniers sont bâtis de brique, dans laquelle on ajuste en-dedans des soliveaux pour y clouer des planches dont les côtés intérieurs du mur doivent être revêtus de manière que la brique soit assez exactement bouchée pour que la vermine ne puisse s'y cacher. On peut y pratiquer plusieurs étages les uns sur les autres, qui n'aient que fort peu d'élévation, parce que plus le blé est couché bas, moins on a de peine à le remuer.

Quelques-uns ont pratiqué deux greniers l'un sur l'autre, et ont rempli de blé celui d'en-haut, en faisant un petit trou au milieu du plancher pour faire tomber le grain dans celui d'en-bas, comme le sable tombe dans une sablière : quand tout le blé se trouve dans le grenier d'en-bas, on le reporte dans celui d'enhaut, et par ce moyen on donne au blé un mouvement perpétuel qui le garantit de la corruption.

On empêche le blé de s'échauffer, en faisant partout des trous carrés dans les murs du grenier, et en y faisant passer des tuyaux de bois pour donner du jour et de l'air.

GRENIER PUBLIC, (Histoire romaine). Les greniers publics de Rome destinés à serrer les blés, composaient de vastes bâtiments dont l'intérieur formait une grande cour environnée de portiques à colonnades ; c'était dans ces vastes bâtiments que l'on gardait des provisions de blé pour plusieurs années, afin d'entretenir l'abondance, et de ne se point ressentir dans la capitale des temps de stérilité ; on en taxait le prix d'après lequel on le vendait aux particuliers ; les tributs que quelques provinces de l'empire payaient en blé, servaient à remplir ces greniers : l'on y prenait celui qu'on donnait tous les mois aux citoyens inscrits sur les rôles des distributions gratuites. (D.J.)

GRENIER A SEL, (Commerce) c'est un magasin ou dépôt où l'on conserve les sels de la ferme des gabelles. Voyez GABELLE.

Grenier à sel se dit encore de la juridiction où se jugent en première instance les contraventions sur le fait du sel ; les officiers aux greniers à sel en connaissent définitivement au-dessous d'un quart de minot ; au-dessus elles peuvent être portées par appel à la cour des aides.

Cette juridiction est composée de présidents, de lieutenans, de grenetiers, de contrôleurs, d'avocats et procureurs du roi, de greffiers, d'huissiers, et de sergens. Toutes ces charges sont doubles dans le grenier à sel de Paris, et les officiers servent alternativement d'année en année, à l'exception des avocats du roi et du premier huissier, qui sont toujours de service ; pour les greffiers, ils ne servent que de trois années l'une. Il y a encore à Paris, outre ces officiers, un garde-contrôleur des mesures, un vérificateur des rôles, un capitaine, un lieutenant, et treize gardes. Les greniers à sel départis dans les provinces ont les mêmes officiers, mais seulement un de chaque rang.

Les directions pour les greniers à sel du royaume sont au nombre de dix-sept, savoir :

Ces dix-sept directions contiennent deux cent quarante-quatre greniers à sel, et trente-six dépôts et contrôles.

La direction de Paris a vingt-sept greniers à sel.

Tous ces greniers sont régis en chef par les fermiers généraux, qui ont sous eux les directeurs, les receveurs, et les contrôleurs des dix-sept directions générales, et sous ceux-ci sont d'autres directeurs, contrôleurs, et receveurs particuliers, qui sont chargés du détail de chaque dépôt et grenier à sel.

Les autres commis et officiers subalternes, sont les capitaines, leurs lieutenans, et les archers des gabelles, départis en grand nombre dans tous les greniers à sel, et particulièrement sur les passages des provinces où l'on craint le reversement et commerce du faux sel ; les jurés mesureurs de sel, et les porteurs de sel, les uns et les autres pourvus en titre d'office ; les manouvriers, les magasiniers, comme remueurs, briseurs, et enfin les voituriers par eau ou par terre, qui sont tous entretenus aux dépens de la ferme. Dictionnaire de Commerce. (G)

GRENIER, (Marine, ou Architecture navale) ce sont des planches qu'on met au fond de cale et aux côtés jusqu'aux fleurs, quand on veut charger en grenier ; ces planches servent à conserver les marchandises.

On dit charger en grenier, quand ce sont des marchandises qu'on met au fond de cale sans les emballer, comme du sel, du blé, des légumes, etc. (Z)