S. f. (Economie rustique) c'est le nom qu'on donne en général à tous les vieux bois. On dit jeune futaie, depuis quatre-vingt jusqu'à cent vingt ans ; haute futaie, depuis cet âge jusqu'au dépérissement marqué, qu'on désigne par le nom de vieille futaie.

Les futaies sont l'ornement des forêts. La hauteur des arbres qui les composent, leur vieillesse, le silence et une sombre fraicheur, y pénètrent l'âme d'une émotion sacrée, fort voisine de l'enthousiasme : mais leur utilité doit encore les rendre infiniment recommandables. Les futaies seules peuvent fournir la charpente aux grands édifices, et les bois précieux à la navigation. On ne peut attendre d'ailleurs aucun secours pour ces grands objets. Voyez BOIS et FORET.

On peut avec succès laisser croitre en futaies plusieurs espèces de bois ; le chêne, le chataigner, le hêtre, le sapin, sont celles dont on tire le plus d'utilité. Les futaies de hêtre et de sapin ne peuvent être composées que d'arbres de brins ; laissez vieillir au contraire des taillis de chêne et de chataigner dans un bon fonds, vous en aurez de belles futaies : chaque sepée se trouve alors composée de plusieurs brins, dont un petit nombre s'élève aux dépens des autres. Dans ce cas-là, si vous voulez hâter l'accroissement des principaux arbres de votre futaie, il faut retrancher peu-à-peu ces brins, que leur faiblesse destine à être étouffés. Pour ne point vous y méprendre, vous pouvez tous les vingt ans choisir et couper ceux qui languissent d'une manière marquée ; par ce moyen, les brins que leur vigueur naturelle aura distingués, auront plus de nourriture et plus d'air ; ils grossiront et s'éleveront plus promptement. L'économie n'indique pas d'autres moyens d'avancer les futaies. La nature fait le reste, et il faut la laisser faire. Si vous vouliez élaguer vos chênes, afin que le tronc profitât de la suppression des branches, le tronc lui-même pourrirait. Les branches inutiles meurent peu-à-peu, sans que l'arbre en souffre. Ayez donc attention que les arbres de vos futaies ne soient point élagués : c'est le genre de déprédation le plus ordinaire et le plus dangereux. Cet article est de M. LE ROY, lieutenant des chasses du parc de Versailles.