S. m. (Histoire et Droit ecclésiastique) les Grecs donnaient ce nom aux évêques, qui n'étaient point soumis à la juridiction des patriarches, et qui étaient indépendants aussi bien qu'eux. Dans l'église orientale l'archevêque de Bulgarie, et quelques autres métropolitains jouissaient de ce privilège ; et dans l'église occidentale, les archevêques de Ravenne s'étaient attribué la même exemption, de sorte qu'ils prétendaient ne dépendre, ni des patriarches de Constantinople, ni des évêques de Rome : mais les Grecs ayant été chassés de l'Italie, les papes réduisirent ces archevêques sous leur obéissance selon le rapport d'Anastase. Dans l'origine tous les métropolitains étaient autocéphales. Dans la suite, les évêques des grandes villes de l'Empire s'attribuèrent des droits sur les provinces, qui étaient de leur diocese ; savoir, d'ordonner les métropolitains, de convoquer le synode du diocese, d'avoir inspection générale sur toutes les provinces qui en dépendaient. Tels furent les droits de l'évêque de Rome, sur le diocese du vicariat de Rome, ou sur les provinces suburbicaires ; tels furent les droits de celui d'Alexandrie, sur les provinces d'Egypte, de Libye et de Thébaïde ; et de celui d'Antioche, sur tout ce qu'on appelait le diocese d'Orient. L'évêque d'Ephese semble avoir eu un pouvoir pareil sur le diocese d'Asie ; et celui de Césarée en Capadoce, sur le diocese du Pont. L'archevêque de Constantinople envahit depuis la juridiction sur la Thrace et sur ces deux dioceses : mais plusieurs églises restèrent autocéphales, tant en orient qu'en occident, c'est-à-dire indépendantes, quant à l'ordination des évêques, d'un patriarche ou exarque. En occident l'évêque de Carthage était indépendant des autres patriarches, et primat du diocese d'Afrique. L'évêque de Milan dans les commencements, était chef du vicariat d'Italie, et n'était point ordonné par l'évêque de Rome. Dans les Gaules et dans l'Espagne, les métropolitains ne recevaient point l'ordination de l'évêque de Rome. Le métropolitain de l'île de Chypre jouissait aussi de la même autocéphalie, qui lui fut confirmée contradictoirement avec l'évêque d'Antioche par le concîle d'Ephese. Action VIIe et dans le concîle in Trullo, can. 39. Du Cange, glossar. lat. M. Dupin, de antiquâ ecclesiae disciplinâ.

* Il est bon d'ajouter que les droits des patriarches ayant été réglés par les conciles, et surtout par ceux de Nicée et de Chalcédoine, la plupart des évêques qui s'étaient regardés comme autocéphales, devinrent soumis à la juridiction soit des primats soit des patriarches. Quoique les métropolitains ne reçussent point l'ordination du pape, ils ne laissaient pas que de le reconnaître comme le chef de la hiérarchie ecclésiastique ; et dès le troisième siècle, ou a des preuves évidentes dans la cause des Quartodecimants et dans celle des Rebaptisans, que les évêques des plus grands sièges reconnaissaient dans celui de Rome une primauté d'honneur et de juridiction. Voyez PRIMAUTE, QUARTODECIMANS, BAPTISANSSANS.

Bingham dans ses antiquités ecclésiastiques, distingue quatre sortes d'autocéphales : 1°. tous les anciens métropolitains auxquels on donnait ce nom avant l'institution de la dignité patriarchale : 2°. depuis cette institution les métropolitains indépendants, tels que ceux d'Ibérie, d'Arménie, et de l'île de Chypre. Il comprend aussi parmi ces autocéphales ; les anciens évêques de la Grande-Bretagne, qui ne reconnaissaient, dit-il, pour supérieur, que l'archevêque de Caerleon (archiepiscopo Caerlegionis parebant), et non le pape, avant que le moine S. Augustin fût venu en Angleterre. Nous montrerons en traitant de la primauté du pape, que sa prétention n'est pas fondée. La troisième espèce d'autocéphales étaient des évêques soumis immédiatement à l'autorité d'un patriarche, et non à celle du métropolitain. Nilus Doxopatrius, écrivain du onzième siècle, compte jusqu'à vingt-cinq évêques autocéphales de cette sorte sous le patriarchat de Jérusalem, et seize sous celui d'Antioche. Enfin la quatrième espèce est celle dont parle M. de Valais, dans ses notes sur le ch. xxiij. du V. liv. de l'histoire ecclésiastique d'Eusebe : ces autocéphales étaient des évêques, qui n'ayant point de suffragans, ne reconnaissaient non plus ni métropolitain ni patriarche. Il en cite pour exemple l'évêque de Jérusalem, avant qu'il fût lui-même institué patriarche ; mais c'est une erreur, car il est constant qu'alors l'évêque de Jérusalem reconnaissait pour métropolitain l'évêque de Césarée, et pour patriarche celui d'Antioche. Bingham parait douter, et avec fondement, qu'il y ait eu des autocéphales de cette dernière espèce, à moins, dit-il, que ce n'ait été quelque évêque établi seul et unique dans une province, dont il gouvernait toutes les églises, sans suffragans, tel que le métropolitain de Tomes en Scythie ; et c'est peut-être le seul exemple qu'on en trouve dans l'histoire ecclésiastique. Bingham, orig. ecclés. liv. II. ch. XVIIIe §. 1, 2, 3, et 4. (G)