S. f. (Fête galante) petite troupe de gens à cheval, superbement montés et habillés, pour exécuter des fêtes galantes, accompagnées de joutes et de prix. Quand il n'y a qu'un quadrille, c'est proprement un tournois ou course. Les joutes demandent deux partis opposés. Le carrousel en doit avoir au moins quatre, et le quadrille doit être composé au moins de huit ou douze personnes. Les quadrilles se distinguent par la forme des habits, ou par la diversité des couleurs. Le dernier divertissement de ce genre qu'on ait Ve dans ce royaume, est celui que donna Louis XIV. en 1662, vis-à-vis les Tuileries, dans l'enceinte qui en a retenu le nom de la place du carrousel. Il y eut cinq quadrilles. Le roi était à la tête des Romains ; son frère des Persans ; le prince de Condé des Turcs ; le duc d'Enguien son fils des Indiens ; le duc de Guise si singulier en tout, des Américains. La reine-mère, la reine regnante, la reine d'Angleterre veuve de Charles II. étaient sous un dais à ce spectacle. Le comte de Sault, fils du duc de Lesdiguières, remporta le prix, et le reçut des mains de la reine-mère. (D.J.)

QUADRILLE, (Jeu) Le quadrille à trois est un jeu sans agrément, qui ne peut être gouté par ceux qui possèdent le jeu de l'hombre. Il est cependant propre à donner une idée du quadrille à ceux qui sont bien-aises de l'apprendre. La manière de jouer est disgracieuse pour l'hombre, qui a toujours deux adversaires à combattre. C'est un jeu qui n'est jamais joué qu'au défaut d'un quatrième pour le quadrille, dont on suit en tout les lais, à l'exception des suivantes, qui lui sont particulières. Pour jouer ce jeu il ne faut que trente cartes ; il faut donc ôter une couleur rouge toute entière ; que ce soit cœur ou carreau, n'importe. On jouera avec dix cartes comme au quadrille ; et celui qui jouera, soit en appelant, soit sans prendre, doit faire six mains pour gagner : s'il n'en fait que quatre ou moins, elle est codille ; et s'il en fait cinq, elle n'est que remise.

Le jeu se marque et se paie comme au quadrille, mais la bête est de quatorze, encore qu'elle soit faite sur treize jetons seulement. Celui qui joue en appelant, après avoir nommé sa couleur, demande un roi tel qu'il le juge convenable à son jeu. Celui de ses deux adversaires qui l'a est obligé de le lui donner, et de recevoir en échange telle fausse qu'il lui plait de lui donner, et que le tiers est en droit de voir, moyennant quoi il doit faire les six mains pour gagner.

Il n'est point permis de jouer en la couleur qui est ôtée, parce qu'avec spadille seul, et des cartes qui fussent rais, on ferait la vole sans qu'on put s'y opposer.

Le jeu de quadrille. Ce jeu n'est à-proprement parler que l'hombre à quatre, qui n'a pas à la vérité la beauté, ni ne demande une si grande attention que l'hombre à trois ; mais aussi faut-il convenir qu'il est plus amusant et plus récréatif, soit parce que l'on joue à tout coup, soit que cela provienne du génie de notre nation, qui ne prête pas volontiers toute son attention à un jeu, particulièrement le beau sexe, qui rend cet hombre mitigé avec plaisir, et qui en fait son plus grand amusement. Ce jeu perd beaucoup de son agrément, si les joueurs n'observent un silence exact entr'eux. Cette loi s'étend même sur les spectateurs, qui doivent avoir la discrétion de ne point parler en aucune façon.

Le jeu de cartes dont on se sert pour jouer au quadrille, est composé de quarante cartes, dont celles de la couleur noire conservent leur valeur naturelle quand elles ne sont point triomphes, comme le roi, la dame, le valet, le sept, le six, le cinq, le quatre, le trois, le deux. Quant à l'as de ces deux couleurs, il est à-tout de quelque couleur que soit la triomphe (voyez SPADILLE et BASTE) ; et quand la triomphe est en noir, en treffle, par exemple, l'as de pique, qui est à-tout par-tout, est la première, le deux de treffle la seconde, l'as de treffle la troisième, et les autres selon leur ordre ordinaire. Et de même en pique, l'as de pique, le deux et l'as de treffle étant les trois premières cartes du jeu. La couleur rouge n'étant point triomphe, suit cet ordre : le roi, la dame, le valet, l'as, le deux, le trois, le quatre, le cinq, le six, le sept ; quand l'une de ces couleurs est triomphe, le sept est la première carte après spadille, et l'as la quatrième après baste ; quant aux autres cartes, elles gardent l'ordre marqué ci-dessus. Par cette idée de la valeur des cartes, on voit qu'il y a douze à-tous en rouge, et onze en noir seulement, et que le sept, qui est la dernière carte en rouge quand ce n'est pas la triomphe, est la seconde quand elle est triomphe. Après que l'on a tiré les places, et Ve à qui à mêler, convenu de la valeur du jeu, et réglé les tours qui se jouent ordinairement au nombre de dix, et qui se marquent en écornant une carte, celui qui mêle ayant fait couper à sa gauche, donne à chacun dix cartes par deux fois trois et une fois quatre, et non par une ou deux, comme certains joueurs l'ont prétendu mal-à-propos. S'il se trouvait plus ou moins de cartes, le coup serait nul, et il faudrait refaire, de même que s'il y avait deux cartes de même espèce, pourvu qu'on s'en aperçut avant que le coup fût achevé de jouer ; car si toutes les cartes étaient jouées, que l'on eut payé, et que l'on eut déjà coupé pour le coup suivant, le coup serait bon, de même que les précédents. Il faudrait aussi refaire s'il y avait une carte retournée, quelle qu'elle put être. Il n'y a point d'autre peine pour ceux qui donnent mal, que de refaire.

Après que chacun a reçu ses dix cartes, celui qui est à droite de celui qui a donné ayant Ve son jeu, demande si on joue, s'il a jeu à jouer, ou passe, s'il n'a pas beau jeu ; et ainsi du second, du troisième et du dernier. Tous les quatre peuvent passer ; mais comme il n'est pas de coup qui ne doive être joué, celui qui a spadille, après l'avoir montré ou accusé, est obligé de jouer en appelant un roi.

Que le coup soit joué de cette manière, ou que ce soit l'un des joueurs qui ait demandé permission, personne ne voulant jouer sans appeler après qu'il a nommé la couleur et le roi qu'il appelle par leur nom propre, le coup commence à être joué par celui qui est à jouer le premier. Celui qui prend la levée, jette une autre carte, et ainsi des autres, jusqu'à ce que le jeu soit gagné ou fini ; après quoi l'on compte les levées que chacun a. Si celui qui fait jouer gagne six mains en comptant celles que celui qui a le roi appelé a faites, ils ont gagné, et on leur paie le jeu, la consolation, et les matadors s'ils en ont, et ils partagent ce qui se trouve au-devant du jeu, et les bêtes, s'il y en va. Que s'ils ne font que cinq mains, elle est remise, et ils font la bête de ce qui est au jeu et au-devant, et ils paient à chacun la consolation et les matadors, s'ils les ont, par égale part, et font la bête en commun ; et s'ils ne faisaient à tous deux que cinq mains, ou moins, ils perdraient codille, et payeraient en ce cas à leurs adversaires ce qu'ils leur auraient payé s'ils eussent gagné, c'est-à-dire le jeu, la consolation, et les matadors, s'ils les avaient, et feraient la bête de ce qui serait au jeu. Ceux qui gagnent codille partagent entr'eux ce qui est au jeu ; la bête, et tout ce qui est à payer, se paye par moitié entre le joueur et le roi appelé, tant au cas de codille que de remise, à-moins que celui qui appelle ne fit pas trois mains, auquel cas celui qui est appelé non-seulement est exempt de payer la moitié de la bête, mais encore de payer le jeu, la consolation, et les matadors, s'il y en a ; que l'hombre qui ne fait pas trois mains paie seul, tant en cas de remise que de codille, afin d'obliger les joueurs à ne jouer que des jeux raisonnables. Il y a même des maisons où il faut faire quatre mains pour ne point faire la bête seul ; mais lorsqu'on joue avec spadille forcé, et que tous les joueurs ont passé, l'hombre ne fit-il qu'une main, ne fait point la bête seule : il ne serait pas juste qu'on l'obligeât de faire trois ou quatre mains sans jeu ; et le roi appelé est toujours de moitié du gain, comme de la perte. Celui qui joue avec spadille doit dire je passe, avant que de nommer ; car s'il n'eut pas passé, quoiqu'il eut mauvais jeu, il suivrait en tout les lois de ceux qui ont joué de leur plein gré. Celui qui a une fois passé, ne peut plus être reçu à jouer, et celui qui a demandé à jouer n'est pas le maître de ne pas jouer, à-moins que quelqu'un ne veuille jouer sans appeller. Celui qui a les quatre rois peut appeler la dame d'un de ses quatre rais, excepté de celui qui est triomphe. Celui qui a un ou plusieurs rais, peut appeler un des rois qu'il a, et il est obligé de faire six mains seul, et il perd ou gagne seul. L'on ne peut point appeler le roi de la couleur en laquelle on joue : l'on ne doit jouer qu'à son rang ; mais l'on ne fait point la bête pour cela. Celui qui n'étant pas premier à jouer, et aurait le roi appelé, jouerait à tout, de spadille, manille ou baste, ou même le roi appelé, pour faire connaître qu'il est ami, ayant encore plusieurs autres rois qu'il craindrait que l'hombre ne lui coupât, ne le connaissant pas, ne pourrait entreprendre la vole. Il serait même condamné à faire la bête, si l'on connaissait de la mauvaise foi dans son procédé. Il n'est point permis de montrer son jeu que le coup ne soit gagné, pas même si l'on avait déjà codille, devant jouer jusqu'à la fin, pour voir si l'hombre ne fera pas la bête seul.

Si l'hombre ou le roi appelé montraient leur jeu avant d'avoir leurs six mains complete s, en comptant avoir gagné, et qu'il put se trouver une manière d'empêcher leurs six mains, les personnes qui joueront avec eux pourront les contraindre de jouer leurs cartes de telle manière qu'ils voudront. Pour jouer sans appeler, on n'a qu'à nommer sa couleur simplement : dans ce cas il faut faire six mains seul pour gagner ; car toutes les mains que les autres joueurs font, sont réunies contre lui, et ses adversaires doivent travailler à le faire perdre de concert.

Celui qui veut jouer sans appeler, a la préférence dans le jeu sur celui qui demande à jouer en appelant ; cependant si celui qui a demandé veut jouer sans appeler, il est préféré à l'autre : ce sont deux manières de jouer sans appeler que l'on appelle forcées. Celui qui joue sans appeler ne partageant avec personne quand il gagne, paye aussi tout seul lorsqu'il perd. S'il la perd remise, il fait la bête, et paye à chacun de ses trois adversaires la consolation et les matadors, s'il y en a ; et s'il perd codille, il fait également la bête, et paye à chacun tout autant que chacun lui aurait payé s'il avait gagné. Ceux qui gagnent codille partagent entr'eux ce qui se trouve ; et s'il y a quelques jetons de reste, ce sera pour celui qui le coup suivant aura spadille ou la plus forte triomphe. Il en est de même de celui qui ayant demandé à jouer appelle un roi qu'il a, il gagne ou perd seul, à l'exception du sans appeler qu'il ne paye point s'il perd, et qui ne lui est point payé s'il gagne, quoiqu'il joue seul.

Celui qui joue sans appeler, encore qu'il ait jeu sur, est obligé de nommer sa couleur ; et si sans la nommer il baissait son jeu, il serait permis à un autre joueur de nommer une autre couleur : et pour lors celui qui aurait voulu jouer sans appeler, serait tenu de jouer dans la couleur qui lui aurait été nommée, quoiqu'il n'eut pas une triomphe de cette couleur. Celui qui a demandé à jouer ne peut jouer sans appeler, à-moins qu'on ne le force ; alors il joue par préférence à celui qui l'a forcé.

L'on n'est point obligé de couper lorsque l'on n'a point de la couleur jouée, ni de mettre au-dessus quand on le pourrait, cela étant libre au joueur, même étant dernier à jouer, la main appartenant à l'hombre ; mais il faut qu'il fournisse tant qu'il a de la couleur jouée, sans quoi il renoncerait. Celui qui a tiré une carte de son jeu, et l'a présenté à découvert pour la jouer, est obligé de le faire, si étant conservée elle peut préjudicier au jeu, ou en donner connaissance à l'ami, surtout si c'est un matador.

Celui qui joue sans prendre n'est point du-tout sujet à cette loi, non plus que celui qui joue seul s'étant appelé ; celui qui au lieu de tourner les levées qui sont devant un joueur, tourne et voit son jeu, ou le fait voir à d'autres, fait la bête de moitié avec celui à qui appartiennent les cartes retournées. Qui renonce fait la bête autant de fois qu'on l'en fait apercevoir. Il faut pour avoir renoncé que la levée soit pliée, ou que celui qui a renoncé ait joué sa carte pour le coup suivant. Si l'on s'aperçoit de la renonce avant que le coup soit achevé, il faut reprendre ses cartes, et recommencer à jouer de la levée où la renonce a été faite ; cependant si toutes les cartes sont jouées, la bête n'en est pas moins faite, et on ne reprend point ses cartes, à-moins qu'il n'y eut plusieurs renonces sur un même coup, auquel cas on pourrait reprendre le jeu, pourvu que les cartes ne fussent pas brouillées. Plusieurs bêtes faites sur le même coup doivent aller ensemble, à-moins que l'on ne convienne autrement avant que de commencer le coup. Les plus grosses bêtes passent toujours les premières ; lorsqu'il y en a plusieurs, la vole ne gagne que ce que l'on est convenu, tirant simplement ce qui est au-devant, n'ayant rien à demander des bêtes qui ne vont pas. La vole est entreprise, soit en jouant sans prendre, ou avec un roi appelé, lorsque l'on a jeté la carte ayant les six premières mains ; et si l'on ne la fait pas, on paye ce qu'on aurait reçu si on l'avait faite. Quand celui qui a entrepris la vole ne la fait pas, les autres tirent le devant et se font payer le jeu, la consolation, le sans-prendre et les matadors, s'ils les ont. Quoique la vole soit entreprise, il n'est pas permis de voir le jeu de son ami. La vole ne saurait être entreprise que le roi appelé n'ait paru.

Celui qui a été obligé de jouer avec spadille, ne peut point prétendre à la vole ; il n'est point permis de rien dire ou faire ou faire connaître qui puisse engager l'ami à entreprendre la vole ou à s'en désister ; il faut attendre que celui qui est à jouer l'ait fait ou abattu son jeu.

Le jeu est marqué par celui qui mêle, et qui met une fiche au devant : chacun fait outre cela au jeu un jeton pour chaque coup qui se paye à ceux qui gagnent avec la consolation, et ces quatre jetons sont comptés aux bêtes qui se font. S'il y a une bête, elle Ve avec ce qui est au-devant et le jeu que chacun doit, sans que pour cela celui qui mêle cesse de mettre la fiche du jeu au-devant : ce qui fait que la première bête étant de quatorze, la seconde doit être de quarante-deux, la troisième de cinquante-six ; une bête faite sur une autre bête ne pouvant être plus forte que des quatorze marques dont le jeu augmente, savoir dix pour la fiche que met celui qui mêle, et quatre pour le jeton que chacun fait au jeu. A-moins que le jeu n'ait doublé, comme il arrive lorsque la première bête est faite par remise, la seconde est de quarante-deux, etc. si le coup sur lequel la première bête est faite est tiré par codille, la seconde bête ne sera que de vingt-huit, attendu que les quatorze que le codille a tirés ne doivent point être compris, ne pouvant point au jeu perdre plus que l'on ne peut gagner. Si l'on joue le jeu double, les bêtes augmentent à-proportion.

Quadrille avec le médiateur sans couleur favorite. Alors l'on marque et l'on paye le jeu comme au quadrille ordinaire, à la réserve que l'on donne une fiche de plus à celui qui joue avec le médiateur, et celui qui joue sans prendre, c'est-à-dire qui gagne sans médiateur. Il reçoit treize jetons de chacun, et les leur paye s'il perd codille ; au lieu qu'il n'en donne que 12 si elle n'est que remise. Celui qui gagne sans prendre doit recevoir dix-sept jetons de chacun ; s'il perd par remise il en donne seize à chacun, et dix-sept par codille. La vole avec le médiateur ne se paye qu'une fiche ; les bêtes se paient comme au quadrille ordinaire.