en termes de Boursiers, dont ils tirent leur nom, est une espèce de petit sac portatif, fermé par des cordons, et propre à recevoir tout ce qu'on veut y mettre. Il y a des bourses à cheveux, à jetons, etc. Voyez ces mots.

BOURSE A CHEVEUX, terme de Boursier et autres, c'est un petit sac de taffetas noir, environ de huit pouces en carré, au haut et en-dessus duquel est attaché un ruban fort large, noir et plié en rose. Ce sac est fermé de deux côtés, et est ouvert par en-haut. Il y a un faux ourlet à chaque bord, dans lesquels passent des cordons qui le font ouvrir ou fermer. Les hommes s'en servent pour mettre leurs cheveux par-derrière. Les marchands de modes en font peu, mais ils les font faire par des ouvriers.

BOURSE A JETTONS, les Boursiers appellent de ce nom un sac de cuir, de velours, etc. qui se ferme avec des cordons qui traversent les carrés en sens contraires. Il y a des bourses à dix, douze carrés plus ou moins, c'est-à-dire à dix ou douze plis.

BOURSE, en Anatomie, se dit de deux sacs formés par le darthos et le scrotum, qui enveloppent les testicules comme dans une bourse. Voyez DARTHOS et SCROTUM. (L)

BOURSE, (Commerce) en termes de Négociants, est un endroit public dans la plupart des grandes villes, où les Banquiers, Négociants, Agens, Courtiers, Interpretes, et autres personnes intéressées dans le commerce, s'assemblent en certains jours, et à une heure marquée, pour traiter ensemble d'affaires de commerce, de change, de remises, de payements, d'assurances, de fret, et d'autres choses de cette nature, qui regardent les intérêts de leur commerce, tant sur terre que sur mer.

Bruges en Flandre a été la première ville où l'on se soit servi du mot de bourse, pour designer le lieu où les Marchands tenaient leurs assemblées, à cause que les Marchands de cette ville s'assemblaient dans une place vis-à-vis d'une maison qui appartenait à la famille de Vander bourse.

En Flandre, en Hollande, et dans plusieurs villes de la France, on appelle ces endroits bourses ; à Paris et à Lyon, place de change ; et dans les villes libres et anséatiques du Nord, collège des Marchands.

Ces assemblées se tiennent avec tant d'exactitude, et il est si nécessaire aux négociants de s'y trouver, que la seule absence d'un homme le fait quelquefois soupçonner d'avoir manqué ou fait banqueroute. Voyez BANQUEROUTE et FAILLITE.

Les bourses les plus célèbres de l'Europe sont, celle d'Amsterdam, et celle de Londres, que la reine Elisabeth fit appeler le change royal, nom qu'elle a retenu depuis. Voyez en la description à l'article CHANCE ROYAL.

La bourse d'Anvers n'était guère inférieure à celles de Londres et d'Amsterdam, avant le déclin du commerce de cette ville.

Dans les temps mêmes des anciens Romains, il y avait des lieux où les commerçans s'assemblaient dans les villes les plus considérables de l'empire. La bourse que quelques-uns prétendent avoir été bâtie à Rome, l'an 259 après la fondation de cette ville, c'est-à-dire 493 ans avant la naissance de Jesus-Christ, sous le consultat d'Appius Claudius, et de Publius Servilius, fut nommée collegium mercatorum ; on prétend qu'il en reste encore quelque chose, que les romains modernes appelle loggia, la loge, et qu'ils nomment aujourd'hui la place S. George. Voyez COLLEGE.

C'est sur l'autorité de Tite-Live qu'on fonde cette opinion d'une bourse dans l'ancienne Rome ; voici ce que dit cet auteur : Certamen consulibus inciderat uter dedicaret Mercurii aedem. Senatus à se rem ad populum rejecit : utri eorum dedicatio jussu populi data esset, eum præesse annonae, mercatorum collegium instituere jussit. Lib. II. Mais il est à remarquer que dans la pureté de la langue latine, collegium ne signifiait jamais un édifice fait pour une société de gens ; de sorte que collegium mercatorum instituere, ne peut pas se rendre par bâtir une place de change ou un collège pour les négociants. Le sens de cette expression est que les négociants furent incorporés et formés en compagnie ; et comme Mercure était le dieu du commerce, cette aedes Mercurii semble avoir été le lieu destiné aux dévotions de cette compagnie de commerçans.

La bourse des marchands de Toulouse fut établie par Henri II. en 1549, à l'incitation des juges conservateurs des privilèges des foires de Lyon.

L'édit d'érection confirmé par lettres patentes du roi en 1551, permet aux marchands de cette ville d'élire et de faire chaque année un prieur et deux consuls d'entr'eux pour connaître et décider en première instance de tous et chacuns les procès et différends qui pour raison de marchandises, assurances, etc. seraient mus et intentés entre marchands et trafiquans à Toulouse, et par appel au parlement de ladite ville ; leur permettant d'acheter ou construire un bâtiment pour y tenir la juridiction et les assemblées de ladite bourse commune.

Les marchands qu'il est permis aux prieur et consuls de choisir et de s'associer pour assister aux jugements de la bourse, s'appellent juges-conseillers de la retenue, et sont au nombre de soixante. Voyez JUGES DE LA RETENUE.

La bourse de Rouen, ou, comme on l'appele, la convention de Rouen, est de quelques années plus moderne que celle de Toulouse, n'étant que de l'année 1566, sous le règne de Charles IX. pour le reste elle lui est à-peu-près semblable.

La plus nouvelle de toutes les bourses consulaires est celle de Montpellier, érigée en 1691 par Louis XIV. pour les marchands de cette ville, et dont la juridiction s'étend dans les diocèses de Montpellier, Nimes, Usès, Viviers, le Puy, Mende, Lodève, Agde, Besiers, Narbonne, et Saint-Pons. Ses officiers sont un prieur, deux juges-consuls, un syndic, et un certain nombre de bourgeois pour assister avec eux aux jugements.

A Bourdeaux, les consuls sont appelés juges consuls de la bourse commune des marchands. Voyez CONSULS.

Jusqu'en 1724, le lieu d'assemblée où les marchands, banquiers, négociants, et agens de change de Paris s'assemblaient pour traiter de leur commerce, était situé dans la grande cour du palais, au dessous de la galerie dauphine, du côté de la conciergerie ; et on l'appelait la place du change. Mais alors on choisit l'hôtel de Nevers, rue Vivienne ; et aux bâtiments qui y étaient déjà, on en ajouta de nouveaux pour la commodité des négociants, banquiers, etc. et c'est ce qu'on nomme aujourd'hui à Paris la bourse. On peut en voir les principaux règlements dans l'arrêt du conseil du 24 Septembre 1724, et dans le dictionnaire du Commerce de Savary, tom. I. pag. 1080. et suiv.

La bourse d'Amsterdam est un grand bâtiment de brique et de pierre de taille, qui a 230 pieds de long sur 130 de large, et autour duquel règne un péristile, au-dessus duquel est une galerie de vingt pieds de largeur. Les piliers du péristîle sont au nombre de quarante-six, tous numerotés depuis un jusqu'à quarante-six, pour distinguer les places où se tiennent les marchands, et aider à les trouver aux personnes qui ont affaire avec eux ; ce qui sans cela serait fort difficile, puisque ce bâtiment peut contenir jusqu'à 4500 personnes. La bourse est ouverte tous les jours ouvrables depuis midi jusqu'à une heure et demie ou deux heures ; on en annonce l'ouverture par le son d'une cloche. A midi et demi on en ferme les portes ; on y peut néanmoins entrer jusqu'à une heure en payant un certain droit à un commis établi pour le recevoir.

Outre cette bourse, il y en a encore une dans la même ville, qu'on appelle la bourse aux grains. C'est une halle spacieuse où les marchands de grains, facteurs, etc. s'assemblent tous les lundis, mercredis, et vendredis, depuis dix heures du matin jusqu'à midi, et vendent ou achetent des grains sous montre. Il y a aussi à Rotterdam une bourse très-belle, et qui fait un des principaux ornements de cette ville, quoique moins grande et moins spacieuse que celle d'Amsterdam.

BOURSE a encore, dans le Commerce, plusieurs significations, dont voici les principales.

Il se dit de ceux qui ont beaucoup d'argent comptant, qu'ils font valoir sur la place en escomptant des lettres et billets de change : ainsi on dit, ce marchand est une bourse des meilleures de Paris.

Bourse commune est proprement une société qui se fait entre deux ou plusieurs personnes de même profession, pour partager par égale portion les profits, ou supporter les pertes qui peuvent arriver dans leur trafic. On dit quelquefois tenir la bourse, pour tenir la caisse. Voyez CAISSE.

Bourse commune s'entend aussi de ce qui provient des droits de réception, soit à l'apprentissage, soit à la maitrise, dans les corps des marchands et les communautés des Arts et Métiers ; ce qui compose un fonds qui ne peut être employé que pour les besoins et affaires communes. Ce sont ordinairement les maîtres et gardes et jurés qui sont chargés de la perception de ces deniers, dont ils rendent compte au sortir de leur charge.

Bourse se dit encore de l'argent ou bien de quelqu'un. Avoir la bourse, manier la bourse, c'est faire la dépense. Mettre la main à la bourse, c'est dépenser. Faire une affaire sans bourse délier, c'est faire un troc de marchandises, un accommodement but à but, et sans être obligé de donner de l'argent de part ni d'autre. (G)

BOURSE, (Histoire moderne) manière de compter, ou espèce de monnaie de compte fort usitée dans le Levant, singuliérement à Constantinople. Voyez MONNOIE DE COMPTE.

La bourse est une somme de cent vingt livres sterlins, ou de cinq cent écus. Ce terme vient de ce que le trésor du grand seigneur est gardé dans le serrail dans des bourses de cuir, qui contiennent chacune cette somme.

Cette manière de compter des Turcs leur vient des Grecs, qui l'avaient prise des Romains, dont les empereurs la firent passer à Constantinople ; comme il parait par la lettre de Constantin à Cécilien, évêque de Carthage, citée par Eusebe et Nicéphore, où on lit ce qui suit : " Ayant résolu de donner quelques secours en argent aux ministres de la religion catholique en Afrique, dans les provinces de Numidie et de Mauritanie ; j'ai écrit à Vesus, notre trésorier général en Afrique, et lui ai donné ordre de vous délivrer trois mille folles ", c'est-à-dire bourses : car, comme le remarque M. de Fleury, ce que nous appelons bourse, les Latins l'appellent follis, par où ils entendent une somme de deux cent cinquante deniers d'argent, ce qui revient à cinq cent livres de notre monnaie.

La bourse d'or chez les Turcs est de quinze mille sequins, ou de trois mille écus ; et ce sont celles que les sultants généreux distribuent à leurs favoris et aux sultanes.