ou HOCCA, s. m. (Jeu) comme l'écrit M. de la Mare, jeu de hazard fort inégal, et tenu par un banquier à tous venans.

Ce jeu s'exécute au moyen d'un grand tableau divisé par raies, en 30 numeros qui sont gravés dans des carrés ; sur l'un ou plusieurs de ces numeros, celui qui joue contre le banquier met la somme qu'il veut hazarder ; pour décider son gain ou sa perte, on a un sac contenant 30 boules marquées intérieurement des mêmes numeros que ceux qui sont gravés sur les carrés du tableau ; on mêle et on secoue ces boules dans le sac autant qu'il est possible ; ensuite un de ceux des joueurs qui ont mis au jeu (& cent personnes pourraient y mettre en même temps) tire une des boules du sac, l'ouvre, annonce et montre le numero ; si celui qui est pareil sur le carré du tableau est couvert de quelque somme, le banquier est obligé de payer vingt-huit fois cette somme, de sorte, par exemple, que s'il y a un louis sur ce numero, il en paye vingt-huit ; mais tout ce qui est couché sur les autres numeros, est perdu pour les joueurs, et appartient au banquier ; il a d'ailleurs pour lui, et c'est-là l'objet important, deux des numeros de profit, parce qu'il y a trente numeros sur lesquels on met indifféremment, et il n'en paye que vingt-huit à ceux que le hazard favorise.

Ce jeu si prodigieusement défavorable aux joueurs, qui n'ont à chaque moment que vingt-huit chances contre trente, causa tant de pertes et de désordres à Rome dans le dernier siècle, que le pape fut obligé de le prohiber et de chasser tous les banquiers de ses états. Les Italiens, que le cardinal Mazarin avait amenés avec lui en France, obtinrent du Roi la permission de tenir le jeu de hoca à Paris, et en conséquence y ruinèrent quantité de particuliers. Alors le Parlement sévit contre les banquiers, et défendit ce jeu par des arrêts très-sévères. M. de la Mare en parle dans son Traité de police, où il produit deux de ces arrêts ; car on ne vint pas tout-d'un-coup à bout d'extirper cette fripponnerie dans les maisons des particuliers ; enfin elle a cedé sa place à d'autres. (D.J.)