S. m. (jeu) au trictrac se dit de la disposition du jeu, lorsqu'il y a douze dames abattues deux à deux, qui font le plein d'un des côtés du trictrac. Il y en a qui font dériver ce mot de Janus, auquel les Romains donnaient plusieurs faces, et disent qu'on l'a mis en usage dans le jeu du trictrac pour marquer la diversité des faces ; il y a plusieurs sortes de jans, comme le grand et le petit jan, le jan de trois coups, le jan de deux tables, le contre jan de deux tables, jan de Mézéas, contre jan de Mézéas, jan de retour, jan de récompense, jan qui ne peut. Voyez tous ces termes expliqués à leur article.

Quelques-uns définissent encore le jan en général un coup de trictrac qui apporte du profit ou de la perte aux joueurs, quelquefois l'un et l'autre ensemble.

Jan de Mézéas, au trictrac, est un coup qui se fait quand au commencement d'une partie, on se saisit de son coin de repos sans avoir aucune autre dame abattue dans tout son jeu. Ce jan vaut quatre points lorsqu'on amène un as, et six, si l'on en amène deux.

Jan qui ne peut, au trictrac, se fait toutes les fois que les nombres de points qu'on amène tombent sur une dame découverte de l'adversaire, et que les cases ferment les passages ; et il se fait encore au jan de retour, lorsque vous ne pouvez jouer les nombres que vous avez amenés.

Jan de récompense. On fait un jan de récompense au trictrac, lorsque le nombre de points produits par les dés jetés, tombe en les comptant sur une dame découverte de son adversaire ; le gain qu'on fait dans la table du coin de repos, et celle du petit jan, sont différents. Dans la première on ne gagne sur chaque dame découverte que deux points par simples pour chaque moyen, et quatre points par doubles ; au lieu que dans la dernière on profite de quatre points par simples, et de six par double. Mais si on bat par deux manières simples, on gagne huit points, et douze par trois.

Le jan de récompense arrive quantité de fois dans le jeu de trictrac, comme on vient de le voir, et il se fait encore, quand s'étant saisi de son coin de repos, on bat celui de son adversaire qui est vide, et pour lors on gagne quatre points par simples, et six par doubles.

Jan de retour, au trictrac, est un jeu qu'on ne peut faire sans avoir rompu son grand jan, parce qu'il faut se servir des mêmes dames qui le composaient. Pour y parvenir, on passe les dames dans la première table de son adversaire, et on les conduit dans la seconde qui est celle où étaient d'abord les tas de bois ou de dames de celui contre qui l'on joue ; et si-tôt que les cases de cette dernière table sont remplies, le jan de retour est fait. On ne saurait passer que la flèche sur laquelle on prend passage, ne soit absolument nue, autrement le passage est fermé : c'est un passage pour la battre, et même une autre qui serait plus loin ; mais on ne pourrait pas passer pour cela ; tant qu'on garde son jan de retour, et lorsqu'on le fait, on gagne autant qu'au grand et petit jan. On saura pour règle générale, que qui ne peut jouer tous les nombres qu'il a faits au jan de retour, perd deux points pour chaque dame qu'il ne peut jouer, soit qu'il ait joué par simples ou par doubles ; quand le jan de retour est rompu, on lève à chaque coup, selon les dés, les dames du trictrac ; et celui qui a plutôt fait, gagne quatre points par simples, et six par doubles. Après quoi on empîle de nouveau le bois pour recommencer à abattre les dames, et faire de nouveaux plains jusqu'à ce qu'on ait gagné les douze trous qui sont le tout ou la partie complete du trictrac.

Jan de deux tables au trictrac, est celui qui se fait quand au commencement d'une partie on n'a que deux dames abattues, et placées de sorte que de votre dé vous pouvez mettre une de ces dames dans votre coin de repos, et l'autre dans celui de votre adverse partie. Jan de deux tables est un hasard du jeu du trictrac qui tourne à l'avantage de celui qui le fait. Il vaut quatre points par simple et six par double, qu'il faut marquer, quoiqu'on ne puisse pas placer ses dames dans l'un ni dans l'autre de ses coins, ne pouvant être pris que par deux dames à-la-fais ; cependant, parce qu'on a la puissance de les y mettre on en tire le profit.

Jan de trois coups, au trictrac, se dit d'un joueur qui au commencement d'une partie abat en trois coups six dames de suite depuis la pîle jusqu'où est comprise la case de sannes. Le jan de trois coups vaut ordinairement quatre points à celui qui le fait, et pas plus, parce qu'il ne peut se faire par doublets. Pour que ce jan profite, les règles du jeu n'obligent point à jouer le dernier coup ; on peut seulement marquer quatre points pour son jan, et faire une case dans son grand jan, avec le bois battu dans le petit.

Il y a encore d'autres jans, tels que jan de courtes chausses, ou celui où par un coup de dés fâcheux on ne peut achever son jan de retour ; jan de rencontre ou celui où en commençant la partie, les deux joueurs amènent les mêmes dés, etc. On néglige aujourd'hui dans la pratique du jeu la plupart de ces jans.