S. m. (Morale) espèce de raillerie grossière, maligne, et insultante. Le brocard est, à proprement parler, une injure plutôt qu'une raillerie. La raillerie, tant qu'elle ne sort point des bornes que lui prescrit la politesse, est l'effet de la gaieté et de la legereté de l'esprit. Elle épargne l'honnête homme ; et le ridicule qu'elle attaque est souvent si leger, qu'elle n'a pas même le droit d'offenser. Mais le brocard annonce un fond de malignité ; il offense et ulcère le cœur. La raillerie exige beaucoup d'esprit dans ceux qui la manient, sans quoi elle dégénere en brocard, pour lequel tout homme a toujours assez d'esprit. Voyez RAILLERIE. (X)

* BROCARD, (Manufacture en or, argent, et soie) terme générique, sous lequel on comprend communément toutes les étoffes riches ou fonds d'or. Les ouvriers et fabriquans se servent préférablement des termes fond or, fond argent, etc. tissu, lustrine, etc. et ils entendent par brocards, fonds or, argent, etc. une étoffe d'or, d'argent, et de soie, relevée de fleurs, de feuillages, ou d'autres ornements, suivant le goût du marchand et des ouvriers. Ils ne mettent d'autre différence entre les brocards et les fonds or et argent, qu'en ce que les brocards supposent plus de richesse, et que tout ce qui s'en présente à l'endroit est or ou argent, à l'exception de quelques legeres découpures ; au lieu que dans les fonds or et argent, on y voit des parties exécutées en soie.

Les brocards ou fonds or et argent, n'exigent pas un autre métier que celui dont on se sert communément. Nous parlerons à l'art. VELOURS A JARDIN, des variétés qui surviennent dans les parties, la disposition et le montage du métier, selon les différents ouvrages qu'on se propose d'exécuter. Nous renvoyons à cet article plutôt qu'à un autre, parce que l'ouvrage que nous y expliquerons, demande un métier très-composé, et qu'il ne s'agit presque que d'en anéantir certaines parties, et d'y en substituer quelques autres pour le transformer dans un métier propre à quelque ouvrage que ce sait.

Il y a des brocards ou fonds d'or de differentes sortes. Nous allons indiquer ces différences, exhortant ceux qui ne sont pas versés dans cette matière, de parcourir auparavant les différents articles de notre Dictionnaire qui y ont rapport, ne fût-ce que pour se familiariser avec les termes. Qu'ils voient les articles ARMURE, LIAGE, POIL, ACCOMPAGNAGE, LISSE, et surtout l'article VELOURS, où ils trouveront au long et clairement ce qui concerne le métier, ses parties, le montage, la lecture du dessein, la tire, et le travail, &c.

Il y a des brocards ou fonds or à huit lisses de satin et quatre de poil ; à cinq lisses de fond, et cinq lisses de poil ; à cinq lisses de satin et quatre de poil, etc. Il y a des brocards dont la dorure est relevée, sans liage, ou liée par la corde ; et d'autres dont la dorure est relevée, et tous les lacs liés, excepté celui de la dorure relevée qui ne l'est jamais.

Des fonds or à huit lisses de satin, et quatre de poil. Ces fonds or sont composés de quatre-vingt-dix portées de chaînes et de quinze de poil : l'armure en est la même que celle de la lustrine à poil, en supprimant les quatre marches de rebordure et les quatre lisses de rabat, et formant après cette suppression l'armure du fond or dont il s'agit, comme nous allons dire. Dans l'armure de lustrine à poil, la marche de rebordure se trouve toujours entre une marche de lustrine et une marche d'accompagnage. Supposez la marche de rebordure jetée sur la marche de lustrine, et celle-ci chargée non-seulement de ce qu'elle portait, mais encore de ce que la marche de rebordure lui aura donné de plus qu'elle n'avait, et vous aurez la première marche de fond de l'armure que vous cherchez. Supposez la même marche de rebordure jetée sur la marche d'accompagnage, et celle-ci chargée non-seulement de ce qu'elle portait, mais encore de ce que lui aura donné de plus qu'elle n'avait, la marche de rebordure, et vous aurez la première marche d'accompagnage de l'armure cherchée. Passez à la seconde marche de rebordure de l'armure de la lustrine ; jetez-la sur les marches de lustrine et d'accompagnage, entre lesquelles elle est placée, et vous aurez la seconde marche de fond et la seconde marche d'accompagnage de l'armure cherchée, et ainsi du reste ; d'où il s'ensuit, qu'au lieu de seize marches qui sont à la lustrine, l'étoffe dont il s'agit n'en a que douze.

EXEMPLE.

Démonstration de l'armure d'une lustrine à poil.