S. f. (Histoire des Drogues exotiques) racine exotique nommée chinna, ceù cinna, par Cesalp. chinaea radix, par Cordus, chinna et schina, par Tabern. C'est une racine qui tire son nom du pays de la Chine d'où elle a d'abord été portée dans les Indes orientales. Elle est bien différente par sa nature et par ses vertus de l'écorce appelée china china, qui vient du Pérou, et que nous nommons en français quinquina. On trouve chez les droguistes deux espèces de squine, l'une orientale, et l'autre occidentale.

La squine orientale, china orientalis off. est une grosse racine sans odeur, noueuse, genouillée, pesante, ligneuse, à tubercules inégaux, extérieurement d'un blanc rougeâtre, et intérieurement d'un blanc tirant sur le rouge ; quelquefois elle est un peu résineuse. Elle a dans sa fraicheur un goût un peu âcre et pâteux ; mais lorsqu'elle est seche son goût est terreux et légèrement astringent.

La meilleure est celle qui est récente, compacte, solide, pesante, qui n'est point cariée ni rongée par les teignes ; on veut qu'elle soit presque insipide, pleine cependant d'une espèce d'humeur grasse et onctueuse ; ce que l'on connait assez évidemment en la mâchant, mais encore plus lorsqu'on la fait bouillir. On rejette celle qui est trop vieille, qui n'a point de suc, qui est spongieuse, légère et cariée.

La plante est appelée smilax aspera chinensis, lampatam dicta, par Herman, smilax minus spinosa, fructu rubicundo, radice virtuosâ, par Kaempfer. Sa racine est grosse, dure, noueuse, inégale, un peu fibreuse, longue, rousse ou noirâtre en dehors, blanchâtre en dedans, d'un goût faible et presque insipide. Voilà ce que les médecins appellent racine de squine, également célèbre par ses effets.

Elle s'élève d'une ou de deux coudées lorsqu'elle n'est pas soutenue, mais étant appuyée sur les buissons voisins, elle monte plus haut. Ses sarments sont ligneux, de la grosseur d'une paille d'orge, d'un rouge brun près de la terre, et noueux de deux pouces en deux pouces ; les parties comprises entre les nœuds sont alternativement courbées et un peu réfléchies, et chaque nœud a quelquefois deux petites épines crochues et opposées sur le même côté. De chaque nœud sort une feuille portée sur une queue creusée en gouttière, membraneuse, repliée, d'où naissent deux mains ou vrilles, une de chaque côté, semblables à celles de la vigne, par lesquelles elle s'attache fortement à tout ce qui est autour.

De l'aisselle des queues de chaque feuille poussent des bouquets de fleurs ou des bourgeons ; quelquefois les vrilles sont à l'extrémité de la queue et touchent à la feuille qui est en forme de cœur, de trois pouces de diamètre, et qui se termine en une pointe courte et obtuse.

Cette feuille est mince, membraneuse, luisante, noirâtre des deux côtés, et fort ondée vers la pointe ; le bord est entier, et quelquefois inégal ; elle a cinq nervures branchues qui dès leur origine vont les unes directement, et les autres en forme d'arc, se réunir à la pointe.

Les fleurs de cette plante sont petites, portées sur un pédicule grêle, délié, de la longueur d'un pouce, de couleur rougeâtre ou jaunâtre ; elles sont au nombre de dix, plus ou moins disposées en ombelles sans calice, d'un jaune tirant sur le verd, à six feuilles disposées en étoîle autour d'un embryon qui approche par sa figure de la semence de coriandre, et est entouré par six étamines ou filets transparents garnis d'un sommet jaunâtre. Cet embryon qui occupe le centre, porte un petit stîle surmonté d'une tête de couleur bleuâtre.

Lorsque la fleur est passée, l'embryon en grossissant devient un fruit qui a la figure, la grosseur, la couleur et l'éclat de la cerise, plus spongieux que charnu ; sa pulpe est peu considérable, seche, farineuse, de couleur de chair, d'un goût acerbe et semblable à celui des neffles. Dans l'intérieur de ce fruit sont renfermées quatre, cinq ou six semences de la grandeur d'une petite lentille, de la figure d'un croissant, rassemblées en rond comme les grains de mauve ; étant seches, elles ont une couleur de chataigne tirant sur le noir ; elles sont blanches en-dedans, très-dures, et d'une substance de corne. Cette plante croit en abondance dans le royaume de la Chine parmi les cailloux, les épines et dans les lieux incultes.

La squine a été selon toute apparence, inconnue aux anciens médecins. Les nouveaux auteurs l'ont fort recommandée et pendant longtemps pour guérir les maux vénériens. Des marchands chinois lui ont donné de l'autorité pour la première fois vers l'an 1535, par leurs assurances que cette racine guérissait la goutte, les maladies vénériennes et plusieurs autres, sans qu'on fût obligé d'observer le régime exact que l'on suivait alors, en usant du gayac ; ils ajoutaient encore qu'il ne fallait pas tant de temps, et que la squine ne causait pas tant de dégout. Les Espagnols la vantèrent par toutes ces raisons à l'empereur Charles-quint, comme le rapporte Davila et Vésale ; conséquemment ce prince en fit usage de son propre mouvement sans consulter les médecins ; mais ce fut sans succès puisqu'il n'observait point de régime, et qu'il n'en continua pas l'usage, ce qui l'obligea de reprendre son gayac : cependant tout le monde le pressa de publier la manière d'employer la squine, et tous ceux qui suivirent son exemple furent également trompés ; cette licence téméraire eut sa mode ; on en revint à la diete du gayac avec la squine, car tous les auteurs de médecine conviennent encore que ce remède bien administré, est un excellent antidote contre les maladies vénériennes.

Ce remède atténue les humeurs épaisses, les tempere, les résout, et les dissipe ensuite par les sueurs et par les urines ; cependant la squine, la sarsepareille et le gayac, sont bien inférieurs au mercure pour la guérison des maladies qu'on contracte par le commerce avec une personne gâtée.

Je n'ajoute qu'un mot sur la squine d'occident. Elle est nommée china occidentalis ; c'est une racine oblongue, grosse, noueuse, tubéreuse, qui ne diffère de la squine d'orient que par la couleur qui est plus rousse ou noirâtre en dehors, et plus rougeâtre en dedans. La plante est appelée smilax aspera fructu nigro, radice nodosâ, magnâ, farinaceâ, china dicta, Sloane catal. plant. jam. On apporte cette squine de la nouvelle Espagne, du Pérou, du Brésil et d'autres pays de l'Amérique. Elle a les mêmes vertus que la squine d'orient, quoiqu'on la regarde comme lui étant inférieure. (D.J.)

SQUINE BATARDE, (Botanique) senecio asiaticus, jacobaeo folio, radice lignosâ, china officinarum dicta nobis, Commel Boher. Ind. A. 117. Senecio madrapatensis, rapi folio, floribus maximis, cujus radix à nonnullis china dicitur, Petiv. Mus. 680. Hort. elth. 345. Cette plante croit au Malabar, et y est nommée perinchakka ; il en est parlé fort au long dans les Trants. philos. n °. 274. p. 943. (D.J.)