(Littérature et Art numismatique) ; c'est ainsi qu'on nommait des jeux institués à Sardes, pour célébrer l'union de Caracalla et de Géta, fils de Septime-Sévère, .

Les Sardiens ayant élévé un temple en l'honneur de Septime et des princes ses enfants, ils y offrirent des sacrifices, et célébrèrent des jeux solennels qu'ils nommèrent philadelphies, pour engager les deux frères à la concorde, ou plutôt pour demander aux dieux cette union tant désirée, et qui était l'objet principal des vœux de l'empereur leur père. Sur un médaillon frappé à Sardes, sous Septime, la Concorde parait debout entre Caracalla et Géta, avec cette legende : .

Ces jeux n'étaient point différents des anciens jeux consacrés aux dieux ; il parait même qu'ils étaient pythiques, c'est-à-dire qu'on célébrait les jeux pythiques pour la concorde de Caracalla et de Géta ; la couronne de laurier qui est sur la médaille, en est une preuve visible : et même ces jeux sont expressément nommés pythiens sur une médaille de Périnthe, , avec une urne qui indique que ces deux noms expriment la même espèce de jeux. S'ils avaient été différents, ils auraient été désignés par deux urnes, suivant un usage reconnu par les plus savants antiquaires.

Les deux temples couronnés font connaître qu'on célébra à Sardes les jeux , en même temps que les augustaux, comme ils le furent sous le même règne à Nicée. On lit sur une médaille de cette ville, . Les deux temples couronnés paraissent sur une autre médaille de Sardes, avec la tête de Julia Domna, mère des deux princes.

Au reste ces vœux furent bien inutiles. Caracalla, peu après la mort de Septime, eut l'inhumanité monstrueuse de poignarder Géta entre les bras de l'impératrice leur mère ; et si les deux temples sont encore représentés avec leurs couronnes, sur une médaille de Caracalla, on n'y lit plus le titre de .

On pourrait, dit M. de Montesquieu, appeler Caracalla, non pas un tyran, mais le destructeur des hommes. Caligula, Neron et Domitien bornèrent leur cruauté dans Rome ; celui-ci alla promener sa fureur dans tout l'univers. Ayant commencé son règne par tuer, comme nous l'avons dit, Géta son frère entre les bras de l'impératrice leur mère, il employa ses richesses à faire souffrir son crime aux soldats qui aimaient Géta, et disaient qu'ils avaient fait serment aux deux enfants de Sévère, non pas à un seul ; qu'enfin les temples qu'ils avaient bâtis, et les philadelphies qu'ils avaient célébrées, regardaient les deux fils de l'empereur, et non pas un seul.

Caracalla pour les apaiser augmenta leur paye ; et pour diminuer l'horreur du meurtre de son frère, il le mit au rang des dieux : ce qu'il y a de singulier, c'est que cela lui fut exactement rendu par Macrin, qui, après l'avoir fait poignarder, lui fit bâtir un temple, et y établit les prêtres flamines en son honneur. Cela fit que sa mémoire ne fut pas flétrie, et que le sénat n'osant le juger, il ne fut pas mis au rang des tyrants, comme Commode, qui le méritait moins que lui. Mém. de Littérat. tom. XVIII. ind. 4. pag. 144. (D.J.)

PHILADELPHIE, pierres de, (Histoire naturelle) les murs de Philadelphie, ville de l'Asie mineure, sont bâtis d'une pierre qui renferme des concrétions semblables à des os, ce qui a donné lieu à une fable qui dit que les Turcs, après s'être rendu maîtres de cette ville, la fortifièrent avec les os des chrétiens, dont ils élevèrent des murailles.