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Catégorie parente: Morale
Catégorie : Finance
S. f. (Finance) espèce de rente viagère qui prit son nom d'un italien nommé Tonti, qui l'imagina. Ce fut en 1653, que fut établie la première tontine en France. Le privilège qu'ont les acquéreurs d'hériter de la portion de ceux qui décedent, était très-propre à engager les particuliers à y employer quelques sommes, et à procurer très-promtement au gouvernement les fonds dont il avait besoin. C'est en effet ce qu'on vit arriver : la tontine dont nous parlons, fut d'un million 25 mille livres de rente, et couta cher à Louis XIV.

Quoiqu'il se trouve des circonstances où la rareté de l'argent et la nécessité d'en avoir, obligent de déroger aux lois de l'économie, il est surprenant qu'on ait assez peu calculé la force de l'intérêt, pour recourir aux rentes viageres, et surtout aux tontines, sans essayer quelque combinaison d'un avantage mitoyen. Les rentes viageres font un tort irréparable aux familles, dont le prince devient insensiblement l'héritier ; mais de tous les expédiens de finance, les tontines sont peut-être les plus onéreuses à l'état, puisqu'il faut environ un siècle pour éteindre une tontine, dont en même temps les intérêts sont d'ordinaire à un très-fort denier.

Il semble donc qu'un état qui n'est pas absolument dépourvu de ressources, devrait recourir à de toutes autres voies. Il pourrait, par exemple, se procurer avec promptitude une grande somme d'argent, en établissant des annuités viageres, c'est-à-dire, un emprunt dont le capital serait remboursé certainement par égales portions dans un nombre d'années, soit que les prêteurs vécussent ou non ; mais on y attacherait un intérêt qui ne cesserait qu'à la mort du prêteur. Il est évident que le remboursement annuel d'une partie du capital, mettrait les familles en état de replacer à intérêt les sommes, à-fur-à-mesure de ce remboursement. Ainsi lorsque le capital entier serait rentré, le prêteur jouirait en sus de son intérêt ordinaire, de la rente viagère sur l'état. Si le prêteur venait à mourir dès la première année du prêt, la famille n'aurait jamais perdu que partie des intérêts, et recouvrerait en entier le capital aux termes fixés. Ainsi 1°. l'intérêt de cet emprunt devrait être fort bas ; 2°. il n'est pas néanmoins de chefs de famille qui n'eut à cœur de placer quelque somme de cette manière sur la tête de ses enfants : car s'ils vivent, c'est augmenter leurs revenus ; s'ils ne vivent pas, il n'y a qu'une partie des intérêts de perdue. On croit donc qu'en fixant cet intérêt à deux et demi pour cent, l'état trouverait des prêteurs en abondance, en revêtissant son emprunt de toutes les sûretés suffisantes pour le rendre solide, et l'accréditer invariablement. (D.J.)

TONTINE, le jeu de la, le jeu de la tontine n'est guère connu à Paris ; mais on le joue dans les provinces assez communément. On y peut jouer douze ou quinze personnes, et plus l'on est plus le jeu est amusant. On y joue avec un jeu de cartes entier où toutes les petites cartes sont. Avant de commencer à jouer, on donne à chaque joueur le même nombre de jetons, quinze ou vingt, plus ou moins, et chacun en commençant la partie, doit mettre trois jetons au jeu, et celui qui mêle, ayant fait couper à sa gauche, tourne une carte de dessus le talon pour chaque joueur et pour lui ; celui dont la carte tournée est roi, tire trois jetons à son profit, pour une dame deux, pour un valet un, et pour un dix il ne prend rien, cette carte n'ayant d'autre avantage pour celui qui l'a, que de lui épargner un jeton que l'on donne aux joueurs pour toutes les autres cartes inférieures. Celui qui a un as, donne un jeton à son voisin à gauche ; celui qui a un deux, en donne deux à son second voisin à gauche ; un trois, pareil nombre à son troisième voisin ; mais celui qui a au-dessus du trois une carte de nombre pair, comme quatre, six, huit, met deux jetons au jeu, et celui qui a une carte de nombre impair, comme cinq, sept et neuf, n'en met qu'un. On doit se faire payer exactement ; ensuite celui qui a été le premier, mêle tout, et les coups se jouent de la même manière, chacun mêlant à son tour. Un joueur avec un seul jeton devant lui, joue comme s'il en avait d'avantage, et s'il en perd plus d'un, il donne le seul qui lui reste, et on ne peut lui demander rien de plus, lors même qu'il reviendrait en jeu, se faisant alors payer de tout ce qu'il gagne à celui à qui il est redevable, sans égard pour ce qu'il doit.




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