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Catégorie parente: Morale
Catégorie : Commerce
S. m. (Commerce) espèce de couverture travaillée à l'aiguille sur le métier, pour mettre sur une table, sur une armoire, ou même sur le carreau. Les tapis de Perse et de Turquie sont les plus estimés, surtout les premiers. Les tapis qui n'ont que du poil ou de la pluche sur un côté seulement, étaient nommés par les anciens tapetes ; et ceux qui en avaient des deux côtés, amphitapetes.

Les tapis qui viennent en France des pays étrangers (car il ne s'agit pas ici de ceux de ses manufactures), sont des tapis de Perse et de Turquie, ceux-ci ou velus ou ras, c'est-à-dire ou à poil court, ou à long poil. Les uns et les autres se tirent ordinairement de Smyrne ; il y en a de trois sortes. Les uns qu'on appelle mosquets, se vendent à la pièce suivant leur grandeur et leur finesse, et sont les plus beaux et les plus fins de tous. Les autres se nomment tapis de pied, parce qu'on les achète au pied carré. Ce sont les plus grands de ceux qui s'apportent du Levant. Les moindres tapis qu'on reçoit de ce pays, se nomment cadene. (D.J.)


TAPIS. Manufacture royale de tapis façon de Turquie, établie à la Savonnerie au fauxbourg de Chaillot, près Paris. Les métiers pour fabriquer les tapis façon de Turquie, sont montés comme ceux qui servent à faire les tapisseries de haute-lisse aux Gobelins, c'est-à-dire, que la chaîne est posée verticalement ; savoir, le rouleau ou ensuple des fils en-haut, et celui de l'étoffe fabriquée en-bas.

La façon de travailler est totalement différente de celle de faire la tapisserie. Dans le travail des tapis, l'ouvrier voit devant lui l'endroit de son ouvrage, au lieu que dans la tapisserie, il ne voit que l'envers.

L'ourdissage des chaînes est différent aussi ; dans celles qui sont destinées pour les tapis, l'ourdisseur ou l'ourdisseuse doit avoir soin de ranger les fils de façon que chaque portée de dix fils ait le dixième d'une couleur différente des neuf autres qui tous doivent être d'une même couleur, afin de former dans la longueur une espèce de dixaine.

Le dessein du tapis doit être peint sur un papier tel que celui qui sert aux desseins de fabrique, mais beaucoup moins serré, puisqu'il doit être de la largeur de l'ouvrage que l'on doit fabriquer. Chaque carreau du papier doit avoir 9 lignes verticales, et une dixième pour faire la distinction du carré qui réponde au dixième fil de la chaîne ourdie.

Outre ces lignes verticales, le papier est encore composé de dix lignes horizontales chaque carreau, qui coupent les dix lignes verticales, et servent à conduire l'ouvrier dans le travail de son ouvrage.

Les lignes horizontales ne sont point distinguées sur la chaîne comme les verticales, mais l'ouvrier supplée à ce manquement par une petite baguette de fer, qu'il pose vis-à-vis la ligne horizontale du dessein lorsqu'il veut fabriquer l'ouvrage.

Le dessein est coupé par bandes dans sa longueur, pour que l'ouvrier ait moins d'embarras, et chaque bande contenant plus ou moins de carreaux est posée derrière la chaîne vis-à-vis l'ouvrier.

Lorsque l'ouvrier veut travailler, il pose sa baguette de fer vis-à-vis la ligne horizontale du dessein, et passant son fuseau sur lequel est la laine ou soie de la couleur indiquée par le dessein, il embrasse la baguette de fer et le fil de la chaîne un par un jusqu'à la dixième corde, après quoi il s'arrête, et prenant un fil il le passe au-travers de la même dixaine, de façon qu'il y en ait un pris et un laissé, après quoi il en passe un second où il laisse ceux qu'il a pris, et prend ceux qu'il a laissés, ce qui forme une espèce de gros-de-tours ou taffetas, qui forme le corps de l'étoffe, ensuite avec un petit peigne de fer il serre les deux fils croisés qu'il a passé, de façon qu'ils retiennent le fil de couleur, qui forme la figure du tapis serré, de façon qu'il peut les couper sans craindre qu'ils sortent de la place où ils ont été posés.

La virgule de fer sur laquelle les fils de couleur sont passés est un peu plus longue que la largeur de la dixaine : elle est courbée du côté droit, afin que l'ouvrier puisse la tirer, et du côté opposé elle a un tranchant un peu large, ce qui fait que quand l'ouvrier la tire, elle coupe tous les fils dont elle était enveloppée ; que si par hasard il se trouve quelques fils plus longs les uns que les autres après que la virgule est tirée, pour lors l'ouvrier avec des ciseaux a soin d'égaliser toutes les parties.

En continuant le travail, il faut que l'ouvrier passe dix fois la baguette dans le carreau, pour que son ouvrage soit parfait ; quelquefois il n'en passe que huit, si la chaîne est trop serrée, parce que la chaîne doit être ourdie et serrée proportionnellement aux lignes verticales du dessein. Quoique toutes les couleurs différentes soient passées dans toute la largeur de l'ouvrage, néanmoins il est indispensable d'arrêter et de couper dixaine par dixaine, attendu que si avec une baguette plus longue, on voulait aller plus avant ou en prendre deux, la quantité de fils ou soie de couleur dont elle se trouverait enveloppée, empêcherait de la tirer, et c'est la raison qui fait qu'à chaque dixaine on coupe, ce qui n'empêche pas néanmoins, que si la même couleur est continuée dans la dixaine suivante, on ne continue avec la même laine ou soie dont le fil n'est point coupé au fuseau.

Les jets de fils que l'ouvrier passe pour arrêter la laine ou soie qui forment la figure de l'ouvrage, doivent être passés et encraisés dans tous les travers où il se trouve de la laine ou soie arrêtée, il n'en faut pas moins de deux passées ou jetées bien croisées, et bien serrées, parce qu'elles forment ce qu'on appelle trame dans les velours ciselés, et composent, avec la croisée de la chaîne, ce que nous appelons ordinairement le corps de l'étoffe.

TAPIS de lit, (Littérature) les tapis de pourpre servaient pour les lits des tables chez les Grecs et les Romains. Théocrite, Idylle 115, en parlant des lits préparés pour Vénus dans la fête d'Adonis, n'oublie point les tapis de la pourpre faits à Milet et à Samos. Horat. sat. VIe fait aussi mention de ces tapis ou couvertures de pourpre étendues sur des lits d'ivoire.

In locuplete domo vestigia, rubro ubi croco

Tincta super lectos canderet vestis eburnos.

Ce n'était pas seulement le prix de la matière, mais aussi l'excellence de l'ouvrage, et entr'autres des représentations de figures gigantesques, ou de fables héroïques, qui anciennnement rehaussaient déjà la beauté de ces sortes de tapis ; témoin celle du lit nuptial de Thétis, dont parle Catulle, et qu'il appele, pour le dire en passant du nom général de Vestis, comme fait Horace à son exemple dans le passage, que je viens de rapporter. Voici celui de Catulle.

Hoec Vestis priscis hominum variata figuris

Heroum mirâ virtutes indicat arte.

(D.J.)

TAPIS, (Jardinage) sont de grandes pièces de gazon pleines et sans découpures qui se trouvent dans les cours et avant-cours des maisons, dans les bosquets, les boulingrins, les parterres à l'anglaise, et dans le milieu des grandes allées et avenues dont le ratissage demanderait trop de soins.

TAPIS, raser le tapis, en terme de manège, c'est galoper près de terre, comme font les chevaux anglais qui n'ont pas le galop élevé. Lorsqu'un cheval ne lève pas assez le devant, qu'il a les allures froides, et les mouvements trop près de terre, il rase le tapis. Voyez ALLURE, GALOP.

TAPIS DE BILLARD, (Paumier) c'est une grande pièce de drap verd, qu'on bande avec force, et qu'on attache avec des clous sur la table du billard. C'est sur ce tapis qu'on fait rouler les billes, en les poussant avec une masse ou une queue.

TAPIS VERD, (Grammaire, Jurisprudence) on entend par ce terme une certaine assemblée de fermiers généraux du roi, où ils tiennent conseil entr'eux sur certaines affaires contentieuses. (A)




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